Le parcours de certaines formations est loin de s'apparenter à un long fleuve tranquille, dont celui de ce combo italien né à
Rome il y a une quinzaine d'années... Ayant troqué un metal symphonique gothique traditionnel, sa zone de confort, pour un metal électro-gothique moderniste sur son troisième opus, «
Multiverse », le pari fut pour le moins osé pour le collectif transalpin. Une alternative synonyme de prise de risque mais menée à bien par le groupe, que réitère deux ans plus tard son cadet, «
Glitch » ; une rondelle généreuse de ses 53 minutes signée, tout comme sa devancière, chez le jeune label allemand
Dark Tunes Music Group.
Aussi, emmené par la soprano Ilaria Lucille De Santis (dite ''Lucille
Nightshade''), le growler Denis Tucci (dit ''
Hydra'') (ex-
Daemusinem) et le guitariste Danilo Molatieri (dit ''
Lord of
Destruction''), l'octuor réinvestit ses efforts dans un metal mélodique moins symphonisant que naguère et plus volontiers orienté électro gothique et industriel, se plaçant dès lors dans le sillage de
The 69 Eyes, Metalite,
Draconian,
Amaranthe, et, plus rarement, dans la veine de
Theatre Of Tragedy et
Rhapsody Of Fire. Ce que cristallisent les 14 énergisantes plages d'un album au demeurant finement mixé et doté d'arrangements instrumentaux de bonne facture. Cette fraîche offrande se situerait-elle alors exclusivement dans la lignée atmosphérique de son prédécesseur ?
A l'instar de son organique devancier, c'est donc dans une ambiance électro gothique, voire industrielle, que nous immerge le plus souvent ce quatrième mouvement, à commencer par ses passages les plus enfiévrés. Ainsi, non sans rappeler
The 69 Eyes, et déversant ses riffs en tirs en rafale adossés à une frondeuse rythmique tout en se calant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, l'offensif et néanmoins sensuel «
Lullaby » poussera à un headbang bien senti. A la confluence entre
Draconian et Metalite, le brumeux et endiablé «
Wings Over the
Ocean », pour sa part, happera le tympan par son refrain immersif à souhait encensé par les angéliques inflexions de la déesse. Un poil plus tonique et empreint de quelques noirceurs, « The
Traitor », lui, nous assène de cinglants et inaltérables coups de boutoir parallèlement à de growleuses et frontales attaques. Nous prenant prestement à la gorge sans relâcher la pression d'un iota, le saillant effort pourrait bien laisser quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront goûté.
Dans cette veine mais moins directement placés sous les feux de la rampe, certains passages parviennent non moins à tirer leur épingle du jeu. Aussi, dans l'ombre de Metalite se glissent «
Black Swan Theory » et «
Desire », deux tumultueux efforts symphonique industriel mis en habits de lumière par les aériennes oscillations de la sirène. S'ils invitent à un pas de danse bien cadencé, on regrettera toutefois la répétibilité de leurs schèmes d'harmoniques tout comme la linéarité mélodique de leurs refrains. Carences que n'aura pas à déplorer « La Signora dei Libri », engageant et félin mid/up tempo atmosphérique gothique à mi-chemin entre
Lacrimas Profundere et
Theatre Of Tragedy. Mis en relief par un duo mixte en voix claires bien habité, l'énigmatique méfait se fera même des plus magnétiques.
Plus intrigantes encore, d'autres harmoniques nécessiteront quelques passages circonstanciés préalablement à leur éventuelle assimilation. Ce qu'atteste « What's in a Name », un mid tempo électro gothique à l'originale coloration reggae. Enivrant de prime abord et d'une indéfectible sensualité, le cadencé manifeste ne recèle pas moins une saisissante montée en régime de son corps instrumental à mi-morceau. Et la sauce prend, in fine.
Par ailleurs, à l'image de son troisième opus, en réponse à un souci de diversification atmosphérique, la troupe en vient à nous livrer une pièce instrumentale, ici de nature symphonico-progressive. Ainsi, le titre éponyme de l'album, «
Glitch », dévoile, près de 4:40 minutes durant, de furieux coups de tambour parallèlement à une basse vrombissante ainsi qu'un léger et fluide tapping. Assorti d'un fin legato à la lead guitare et glissant le long d'une radieuse rivière mélodique. ce thème s'avère aussi entraînant que techniquement maîtrisé. Bref, une alternative rondement menée et qui sied bien à nos acolytes. D'autre part, si de limpides et ''leavesiennes'' volutes féminines viennent s'inviter à la danse, une minute avant son terme, « I
Wish I Had
More Time » se pose surtout tel un apaisant et ''rhapsodien'' instrumental ; dispensant de délicats arpèges au piano doublés de fringants gimmicks guitaristiques, nos acolytes démontrent qu'ils n'ont pas totalement tourné le dos à leur passé.
Placées dans l'ombre de leurs voisines de bobine, de nombreuses autres pistes, hélas, ne sauraient prétendre à une inconditionnelle adhésion. Aussi, au regard d'arpèges d'accords en proie à d'usantes redondances et suivant une sente mélodique n'octroyant que de rares oscillations, les vitaminés et obscurs «
Holy Alix » et « #Jump » se verront aisément éludés par le chaland. Empruntant moult chemins de traverse et desservis par de flottants enchaînements intra pistes, et en dépit de leur inaliénable et communicative énergie, ni le mordant « 7 », ni l'organique « Lucretia », ni même l'industriel «
Austerlitz » ne sauveront davantage l'embarcation du naufrage.
C'est donc dans la mouvance atmosphérique et rythmique de son prédécesseur que se place le plus souvent ce quatrième essai, avec, pour effet, d'interpeller un tympan non encore familiarisé avec les ultimes vibes du combo mais aussi de désarçonner encore davantage le fan de la première heure. L'adn symphonique gothique du groupe ne se percevant plus que par touches, miser ses espoirs de l'emporter sur ses compositions électro-gothique à la cadence effrénée, sur fond de nappes synthétiques ''industrialisées'', diviserait alors davantage le champ de son auditorat qu'il ne l'unifierait. Pourtant pourvu d'une production d'ensemble de bon aloi et diversifié quant aux exercices de style dispensés, et bien que témoignant de quelques prises de risques, l'opus accuse par ailleurs moult baisses de régime ; un handicap supplémen
Taire à endosser pour nos acolytes. Sorti de sa zone de confort, le collectif peine donc à convaincre du bien-fondé de sa démarche. C'est dire qu'un sursaut, impliquant un retour au moins partiel à ses fondamentaux, serait peut-être la clé pour espérer voir le projet du combo perdurer. A bon entendeur...
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