L’essor d’un genre tel que le
Hard Rock qui, par exposé tacite, n’a d’autres ambitions primordiales que celle du partage festif et de la simplicité efficace communicative, est d’une complexité moins évidente que ces apparences trompeuses le laisseraient présager. Se contenter légitimement de cette échange d’émotions simple, sans se consacrer démesurément à la réflexion artistique évolutive, et se disant que seul le plaisir instinctif et immédiat est la règle de rigueur, est, certes, suffisant dans le vécu présent mais dangereusement lésant dans une perspective d’avenir. Car sans renouvellement du genre, au-delà de ces illustres et mythiques initiateurs, nul ne s’inscrit dans l’histoire, et tous s’égarent dans l’inexorable oubli.
Loin d’une volonté obnubilée qui voudrait faire apparaître mes obsessions concernant un genre que je considère, à juste titre, comme excessivement séduisant mais dont je déplore la pauvreté des idées créatives nouvelles (ce qui, parait-il, n’est pas son objectif définis) qui pourtant font de certains groupes moyennement intéressant de véritable messie consacrés. Ces quelques lignes, tant et tant ressassées, ont pour but d'exprimer ma consternation de voir ces groupes portés aux pinacles au détriment de certains autres plus aptes, selon moi, à proposer une alternative, pas fondamentalement révolutionnaires non plus mais suffisantes pour constituer une option artistique clairement plus séduisante.
Pour en revenir à ce
Game of Fools, troisième album de
Koritni, on ne peut passer sous silence ces accointances culturelles essentiellement issues de cette terre natale australienne dont certains d’entre eux sont natifs. Il nous faudra donc, encore, évoquer AC/DC,
Rose Tatoo et dans une moindre mesure The Angels. Mais aussi, du côté Américain,
Aerosmith. Pourtant loin de se contenter des pâleurs fantomatiques d’une copie sans âme, et méprisant, à raison, toutes considérations carriéristes ou évolutives qui alimentent vainement les réflexions et les palabres de polémistes aigris tel que votre humble serviteur, ces descendants des terres australes défendent un
Hard Rock Boogie Blues diablement séduisant.
Dans l’évocation des qualités inhérentes à cette œuvre, outre cette délicieuse énergie communicative dont font preuve nos australiens, outre ce feeling et ce groove incroyable autour desquels le groupe axe des compositions binaires simples et efficaces et outre un son percutant au grain symptomatique à l’exercice; il est nécessaire d’exprimer de nombreuses satisfactions concernant des musiciens aguerris et talentueux. Et notamment dire ce plaisir né à l’écoute de ce chanteur, Lex
Koritni qui sublime véritablement ces titres, fort de sa voix chaleureuse, pleine de feeling, évocatrice, touchante mais aussi capable de retranscrire remarquablement diverses émotions.
Au jeu des comparaisons capitales, triomphant face au passé,
Koritni semble, aussi, plus convaincant que certains groupes influencés actuels.
Plus serein, plus naturel, plus personnel, plus groovy et, selon moi, plus inspiré, il compose une musique qui s’appuie sur les vertus d’un héritage passé, mais qui sait, aussi, s’ancrer en des nuances très contemporaines. Tantôt enlevés et contagieux (155, V8 Fantasy ou encore, par exemple,
Tornado Dreaming II), tantôt plus lancinant (
Stab in the Black, mais aussi, par exemple, You Vs Me), tantôt plus bluesy (
Deranged,
Game of Fools…), le groupe erre en divers univers aux nuances variées et attirantes.
En un seul album,
Koritni aura su formidablement exalté son
Hard Rock, pour une excellence indiscutablement exemplaire, et, si le monde était parfaitement juste, s’octroyer un statut méritoire de groupe, non seulement exceptionnel, mais aussi d’exception.
Mais c'est vrai que c'est pas nouveau, le cimetière du hard est emplie de ces Dirty White Boys, Freak Of Nature...
Merci Glad !
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