Il est parfois des circonstances des plus inattendues pour voir un message musical sortir de l'ombre, à l'image de celui de ce jeune combo chilien. Créé en 2015 à partir d'une idée originale de la chanteuse chilienne Caterina Nix (
Aghonya), le projet s'est néanmoins concrétisé grâce à la patte experte d'un certain
Timo Tolkki, compositeur, pluri-instrumentiste et vocaliste chez
Timo Tolkki's Avalon,
Allen-Lande,
Ring Of Fire, ex-
Stratovarius, ex-
Revolution Renaissance, entre autres. Et ce, grâce à un heureux concours de circonstances...
Au cours de l'une de ses tournées en Amérique du Sud, Timo fut séduit par les prouesses vocales de la sensible et charismatique vocaliste, au point de décider d'écrire et produire le premier et encourageant album studio du groupe intitulé «
Chaos Magic », sorti chez Frontiers Music l'année même de sa fondation. Et ce, un an à peine suite à la réalisation de « Angels of the
Apocalypse », second album full length de
Timo Tolkki's Avalon, où la frontwoman y fit déjà une apparition remarquée. Autant d'éléments qui lui ouvriront plus largement les portes de la scène internationale et la motiveront à étoffer son œuvre de nouvelles compositions, selon un concept, un son et jeu d'écriture qui, cette fois, lui seront propres...
Dans ce dessein, ayant pris la mesure des enjeux et désireuse de peaufiner ses armes pour les rendre plus tranchantes que naguère, Caterina ne dévoilera sa seconde livraison qu'en 2019, à l'instar de «
Furyborn », opus de longue durée signé, tout comme son aîné, chez le puissant label italien. A cet effet, aux fins d'un changement de line-up, la belle a sollicité le concours de musiciens aguerris, dont : le multi-instrumentiste, vocaliste et producteur de l'opus Nasson (Nasson,
Rising Angël, ex-Inferis...), le programmeur Franco Lama (
The Shrink), le bassiste Hermaunt Folatre (Entrospect) et la batteur Charlie H Miranda. De cette étroite collaboration émane une galette metal mélodico-symphonique aux touches heavy, progressif et alternatif, harmonisant des sonorités d'hier et d'aujourd'hui, et où les lignes de guitares sont plus extraverties qu'autrefois.
D'une durée quasi optimale de 46 minutes, où s'enchaînent sereinement 11 pistes à la fois vitaminées, énigmatiques, sensuelles et romantiques, ce second effort s'inscrit dans le sillage de
Delain,
Kamelot,
Serenity,
Sirenia,
Visions Of Atlantis.
The Murder Of My Sweet. Propos pour lequel ont été requis des invités de marque, plus loin évoqués, et ayant bénéficié d'un mixage d'excellente facture signé Jacob Hansen, prolifique ingénieur et producteur danois, connu pour avoir œuvré pour
Avantasia,
Bare Infinity,
Delain,
Diabulus In Musica,
Epica,
Evergrey,
Imperia,
Kamelot,
Pythia,
Sirenia, parmi tant d'autres. Afin de mettre les petits plats dans les grands, le combo a confié l'artwork de la jaquette d'inspiration néo-romantique au graphiste russe Oleg "Voodoo" Scherbakov (Caesarius,
Gothic Sky,
Kliodna, Magistarium...). Un message fort lancé à la concurrence, semble-t-il...
C'est d'un battement d'aile que le collectif chilien aspirera le tympan du chaland, notamment à l'aune de ses passages les plus offensifs. Ainsi, ne tardant pas à décocher ses riffs épais adossés à une frondeuse rythmique parallèlement aux puissantes attaques dans les médiums de la sirène, se parant, en prime, d'un refrain immersif à souhait, le bouillonnant et ''delainien'' « You
Will Breathe
Again » joue dans la catégorie des hits en puissance que l'on ne quittera qu'à regret. Dans cette mouvance, au regard de ses couplets colorés et de son vibrant solo de guitare, c'est sans jambage que le tubesque et pulsionnel « Like
Never Before » s'imposera à un pavillon déjà sensibilisé aux vibes de
The Murder Of My Sweet. Non moins efficace et délivrant de saisissantes montées en régime du corps orchestral, le mordant et sulfureux « I'm Your
Cancer », quant à lui, ne lâchera pas sa proie d'un pouce. Mais nos compères ont encore bien d'autres atouts dans leur manche...
Dans cette dynamique, nos acolytes ont, par ailleurs, opté pour quelques duos susceptibles de laisser l'une ou l'autre trace dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Aussi, retiendra-t-on l'impulsif et ''sirénien'' « Falling
Again » tant pour son infiltrant cheminement d'harmoniques que pour le fringant duo unissant les félines impulsions de Caterina et les corrosives patines de Nasson. Et comment ne pas succomber au duo de charme exhalant de « Bravely Beautiful », ''delainien'' up tempo aux relents pop glissant sur un sillon mélodique éminemment infiltrant ? Dans cette tourmente, les limpides patines de la belle et d'Aylin Gimenez (ex-
Sirenia) évoluent en parfaite osmose et illuminent de leur présence la pimpante et gracieuse proposition.
Evoluant sur une cadence un poil plus mesurée, et également pourvus de fringants duos, d'autres espaces d'expression ne sauraient davantage être éludés. Ce qu'illustre, d'une part, «
Furyborn », grisant mid tempo progressif à la basse résolument vrombissante et aux fines nuances mélodiques, à la confluence entre
Kamelot et
Visions Of Atlantis. En outre, c'est au cœur d'un étourdissant duo mixte en voix claires que nous plonge le délicieuse offrande, la graveleuse empreinte de Tom Englund (
Evergrey,
Redemption) venant s'agréger aux cristallines volutes de la déesse. Difficile également de se soustraire aux vibes enchanteresses et à la rythmique ronronnante de «
Path of the
Brave », tubesque mid tempo recelant un second duo mixte, lui aussi, en totale harmonie, les claires modulations de Caterina s'imbriquant dans les rocailleuses oscillations de Ronnie Romero (
Rainbow,
The Ferrymen, ex-
Aria Inferno, ex-
Lords Of Black...).
Mais nos acolytes n'ont pas misé tous leurs espoirs de séduction sur leurs vibrantes joutes oratoires. Ainsi, à la fois éthéré et pétri d'élégance, le félin et ''delainien'' « My Affliction » dissémine une lumière mordorée ainsi que des enchaînements couplets/refrains sécurisés. A la belle, eu égard à ses troublantes ondulations, de nous ensorceler, ne nous laissant alors d'autre alternative que d'y revenir aussitôt l'ultime mesure de la piste évanouie.
Plus empreint de mystère, un brin tortueux, le mid tempo « Throw Me to the Wolves », pour sa part, n'en révèle pas moins un entêtant refrain dans la lignée de
The Murder Of My Sweet. On regrettera cependant de ne pouvoir échapper à de tenaces répétitions de séquences d'accords ainsi qu'à une ligne mélodique en proie à quelques linéarités. Peut-être bien le bémol de l'opus.
Quand la lumière se fait douce et que s'apaisent les tensions, la troupe trouve là encore les clés pour nous rallier à sa cause. Aussi, la forte charge émotionnelle que recèle « Beware of
Silent Waters » sera des plus difficiles à endiguer par l'aficionado d'instants tamisés. Cette élégante ballade progressive aux airs d'un slow qui emballe se voit sublimée par les sensuelles inflexions de la maîtresse de cérémonie. Bref, un moment intimiste d'une sensibilité à fleur de peau, agrémenté par un fin picking à la guitare acoustique et les magiques arpèges du prolifique claviériste
Mistheria (
Mistheria,
Artlantica,
Bruce Dickinson,
Rob Rock...), que pourraient avoir à leur envier
Delain ou encore
Within Temptation. On ne sera guère moins happé par le sensible guitare/voix dont se pare « I'd Give It All », ballade atmosphérique aux chatoyantes touches hispanisantes dans la veine de
Stream Of Passion. Emmené par le cristallin et chatoyant filet de voix de la douce, cette dernière s'autorisant alors à tutoyer les notes les plus haut perchées, l'instant privilégié taquinera la fibre émotionnelle du chaland jusqu'à la faire chavirer.
Résultat des courses : la formation chilienne nous livre un propos à la fois vitaminé, rayonnant, sensuel et émouvant, propice à l'inconditionnel enivrement de nos sens, au point de nous pousser à une remise du couvert dès la dernière note envolée. Si, pour l'heure, les prises de risques ne sauraient être inscrites dans l'adn de l'opus, ce dernier laisse néanmoins entrevoir un réel potentiel technique, d'enviables qualités mélodiques et une palette élargie de l'offre en matière d'exercices de style. De plus, la galette jouit d'une ingénierie du son difficile à prendre en défaut et n'accuse que peu d'espaces de flottement, état de fait autorisant l'écoute d'un seul tenant de ce set de compositions. Aussi, les arguments dispensés au fil de ce message musical sont autant d'éléments démontrant que le combo a franchi une étape cruciale dans l'évolution de son oeuvre depuis le précédent méfait, louable effort.
En dépit de ses qualités, son projet devra néanmoins témoigner d'une signature artistique plus aisément identifiable et faire montre d'un zeste d'originalité supplémentaire pour espérer voir l'escadron sud-américain se hisser parmi les valeurs confirmées du metal symphonique à chant féminin. Toutefois, à la lecture de cet éclectique et luxuriant opus, le collectif nous signifie qu'il aurait dores et déjà les reins suffisamment solides pour venir inquiéter ses plus redoutables challengers sur leurs terres. Bref, une œuvre forte et inspirée, susceptible de procurer quelques frissons...
Le morceau avec Tom Englund est cool.
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