On attendait une réaction du combo polonais suite à leur premier EP, «
My Secret Place », encore pris dans son jus, et la voici, deux ans plus tard. Et ce, à l'instar de leur second bébé «
From Grace to Oblivion », EP de 4 titres produit par Jörg Uken, distribués sur les 22 minutes du skeud, dont 3 déjà connus par un public essentiellement local. Mixée au Souldlodge studio, à Rhauderfehn, en Allemagne, la galette témoigne dès lors d'une optimale péréquation de l'espace sonore entre instrumentation et chant et d'une plus ample profondeur de champ acoustique eu égard à un enregistrement passé au peigne fin. Sur ces bases logistiques de bon aloi, Anna Achtelik (chant), Paweł Dylewski (compositions et guitare), Paweł Siruga (basse), Łukasz Siwy (compositions et claviers) et Darek Markiewicz (paroles et batterie) font preuve d'une technicité plus affirmée, d'une mélodicité plus précise et impactante, d'un sens aigü de la cohésion instrumentale, combinant judicieusement dynamisme et romantisme, l'une des composantes essentielles du registre metal mélodico-symphonique gothique à chant féminin à l'heure actuelle.
Lorsqu'il se montre offensif, le combo parvient à nous retenir plus que de raison, avec bien plus de facilité que naguère. Le fringant « Final Destination » ouvre les hostilités, disséminant ses riffs acérés au fil d'une corpulente rythmique sur fond de soyeuses nappes synthétiques, dans le sillage de
Gwyllion, avec un zeste de
Lacuna Coil. On entre rapidement dans la tourmente sous le feu des brûlantes et puissantes impulsions de la déesse, enjolivant de fait un voluptueux refrain de manière à le rendre éminemment magnétique, avec de subtiles variations de tonalité en substance. Un break bien amené se fait peu à peu aspirer par une reprise sur le couplet, amplifiée par une saisissante montée en puissance de la belle. On comprend, cette fois, que la sauce semble prendre plus aisément. Ce n'est pas son voisin qui démentira ce sentiment. Ainsi, le vivifiant et entraînant «
From Grace to Oblivion » attire le tympan tant par ses arrangements aux petits oignons que par son hypnotique ligne mélodique. Difficile de résister à l'appel de la sirène qui nous cueille sans jambage sur un refrain des plus rayonnants, où l'on perçoit la présence de
Liv Kristine (
Leaves' Eyes). Itou pour le solo de guitare, témoignant d'un soufflant picking. Un inattendu break de fin n'échappe pas à la déferlante sur la crête du refrain, tout bonnement magique. Enfin, des tirs en rafale de riffs meurtriers introduisent «
Unspoken », comme pour mieux nous installer dans le confort d'un bain bouillonnant aux sulfureux remous. On est furieusement secoué mais jamais désorienté, au beau milieu de cette diluvienne instrumentation corroborée par une saisissante et sirénienne assise vocale. De coulantes nappes organiques glissent au gré des pérégrinations sous haute tension de la déesse et, une fois de plus, on ne lâche pas prise une seule seconde.
Les moments intimistes n'ont pas été passés sous silence, et ce, à l'aune d'une frissonnante offrande, où l'adhésion s'opère d'un battement de cils. De sensibles arpèges au piano nous accueillent sur «
Out of
Shadow », touchant ballade atmosphérique aux fines nuances de tonalité, dans la veine de
Leaves' Eyes. Une princesse aux radieuses patines oratoires, plus affutées et ajustées, nous happe sur l'ensemble du délectable instant posé.
Plus encore lorsqu'on perçoit l'identifiable empreinte de
Liv Kristine venue prêter main forte à notre jeune interprète. Par ailleurs, comment contenir une émotion sur un pont mélodique où s'harmonisent parfaitement une lead guitare, sur un imparable solo, et le maître instrument à touches, plus inspiré que jamais ? Lorsque nos divas reprennent le flambeau sur le refrain, on ne pourra esquiver la petite larme au coin de l'oeil.
Pas plus que sur la gradation d'ensemble, en fin de parcours, où les notes ultimes font mouche.
Pour un second essai, le collectif polonais affirme son autorité, proposant des compositions plus soignées, plus abouties, d'une teneur mélodique et harmonique proche de ce que pourraient nous octroyer des formations majeures de ce registre metal telles que
Within Temptation,
Epica ou
Leaves' Eyes. Sans faire preuve d'originalité, ni de diversité ou de prises de risques, nos acolytes n'en ont pas moins témoigné d'un brin de maturité supplémentaire, de pistes aux finitions passées au crible, tout en élevant d'un cran le niveau des prestations d'ensemble. On comprend que les sources d'influence sont digérées, que la recette semble porter ses fruits et que l'on s'achemine vers les valeurs montantes du metal symphonique, à confirmer par un album full length, déjà en ligne de mire. Une production à découvrir pour les amateurs de metal symphonique à chant féminin et peut-être bien à adopter. Dans l'attente de leur prochain effort...
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