Liste des groupes Power Symphonique As Night Falls Awareness

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par le quintet polonais initialisé en 2010 par la chanteuse au chatoyant grain de voix Anna Achtelik (Lesne Licho) et le guitariste Pawel Dylewski. En effet, nous ayant octroyé un encourageant EP, « From Grace to Oblivion », en 2012, et laissés sur le souvenir ému d'un rayonnant premier album full length, « Embrace the Journey », deux ans plus tard, il faudra patienter la bagatelle de cinq longues années avant de le voir revenir dans les rangs, et ce, à l'aune d'un second effort de longue durée intitulé « Awareness » ; une auto-production, qui, tout comme son aînée, s'avère généreuse de ses 56 minutes, où s'enchaînent cette fois pas moins de 13 plages volontiers vitaminées, souvent palpitantes, un brin romanesques. Quelque onze années suite à leur sortie de terre, nos vaillants gladiateurs seraient-ils plus efficacement armés pour espérer désormais se hisser parmi les valeurs confirmées de leur registre metal d'affiliation ?

Une nouvelle aventure dans laquelle ont également embarqué le claviériste Lukasz Siwy, le bassiste Pawel Siruga ainsi que Wojciech Muchowicz dit ''Bocian Fly 666'' (Spatial, Vastness), en remplacement de Darek Markiewicz, derrière les fûts. A l'image du précédent effort et aux fins d'une étroite collaboration, nos acolytes développent un propos power mélodico-symphonique gothique, aux relents électro et progressifs, rappelant tour à tour Lacuna Coil, Gwyllion, Amaranthe, Ancient Bards, Evanescence et Asylum Pyre, la touche personnelle en prime. Plus aguerri techniquement, tout aussi impactant eu égard à ses sentes mélodiques, l'inspiré collectif est-européen a, là encore, veillé à parfaire son ingénierie du son, à commencer par un mixage parfaitement équilibré entre lignes de chant et instrumentation doublé de finitions passées au crible. Mais montons plutôt à bord du vaisseau amiral en quête d'éventuels trésors intimement cachés dans ses cales...

A l'instar de son devancier, l'opus dissémine de saillants coups de boutoir tout en préservant le plus souvent une mélodicité toute de fines nuances sculptée. Ainsi, passée la laconique et somme toute dispensable entame instrumentale « Come and See », c'est dans un bouillonnant chaudron que nous immergent nos acolytes, à l'image de l'up tempo power symphonique « Strength » ; une tempétueuse offrande à mi-chemin entre Lacuna Coil et Ancient Bards, recelant un refrain immersif à souhait mis en exergue par les puissantes impulsions de la sirène. Tout aussi éruptif, dans cette même veine stylistique et sous couvert de riffs mitrailleurs, s'inscrit le solaire « Before We Go » ; un fringant manifeste jouant, lui, dans la cour des hits en puissance que l'on se plaira à se repasser en boucle. Moins aisément inscriptible dans les charts, le mordant « Beginning at the End », pour sa part, n'en développe pas moins une sidérante force de frappe, les plages d'apaisement étant alors peau de chagrin. Et la sauce prend, là encore.

Comme son aîné nous y avait déjà sensibilisé, la fibre électro s'invite là encore à la danse, instillant à ce propos d'organiques et grisantes effluves. Parmi les pistes les plus vitaminées de la catégorie, l'''amaranthien'' « The Firebrand » se révèle être une véritable torche incendiaire, laissant parallèlement entrevoir des enchaînements intra piste ultra sécurisés ainsi qu'un bref mais vibrant solo de guitare. Dans cette énergie, on retiendra également l'entraînant et ''lacunacoilesque'' mid tempo progressif « Before We Go Blind » tant au regard de ses riffs en tirs en rafale adossés à une frondeuse rythmique que de l'insoupçonnée gradation de son corps orchestral. Et comment ne pas se voir happé à la fois par la fluidité de la ligne mélodique et la soudaineté des accélérations du jeu percussif dont nous abreuve l'entraînant et organique « Awareness » ?

Moins percutants, d'autres espaces d'expression ne se révèlent guère moins impactants. Ce qu'atteste, en premier lieu, « Shackles of the Mind », mid tempo metal symphonique aux accents électro gothique, au carrefour entre Gwyllion, Amaranthe et Evanescence. Voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, octroyant de délicates gammes au piano, dévoilant des couplets finement ciselés relayés chacun d'un entêtant refrain encensés par les enveloppantes volutes de la déesse, le tubesque méfait poussera assurément le chaland à un headbang subreptice. Dans cette mouvance, on n'éludera pas davantage « Canceled », qui, non sans rappeler Asylum Pyre, délivre de galvanisantes montées en régime de son convoi instrumental. Quant aux enivrantes vibes insufflées par le sensuel mid tempo aux riffs vrombissants « Whispering », que n'aurait nullement reniées We Are The Fallen, elles ensorcelleront prestement celui qui y aura plongé le pavillon.

Quand la troupe nous mène en d'intimistes contrées, l'émotion sera assurément au rendez-vous des attentes de l'aficionado du genre. Ce qu'illustre, d'une part, « Place in Space and Time », une ballade a-rythmique d'une confondante fluidité mélodique, sous-tendue par un piano/voix sensible jusqu'au bout des ongles. Une poignante et ''evanescente'' ritournelle aux arpèges d'accords sculptés dans du satin, mise en habits de soie par les frissonnantes modulations de la maîtresse de cérémonie, que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. On pourra non moins se sentir porté loin au-dessus du plancher des vaches à l'instar de « Remember Me », une ballade atmosphérique et cinématique infiltrée de délicates gammes au piano sur fond d'ondoyantes rampes synthétiques. Difficile également de résister à la force de la charge émotionnelle impulsée par « Never Look Back », une power ballade progressive dans la lignée d'Ancient Bards, générant d'enveloppantes séries de notes et, là encore, encensée par les chatoyantes patines de la belle.

Digne héritier de « Embrace the Journey », ce second et opulent mouvement s'avère à la fois truculent, sensible, varié sur les plans atmosphérique et rythmique, et ne souffrant que de rares longueurs qui en altéreraient la portée. Jouissant d'une production d'ensemble difficile à prendre en défaut, de sentes mélodiques épurées et des plus immersives ainsi que d'une technicité instrumentale et vocale que pourraient leur envier bien de leurs homologues, cet effort pourra assurément éveiller d'authentiques plaisirs à celui qui s'y sera engagé. Des lignes synthétiques un poil plus discrètes et bien amenées doublées d'un set de compositions désormais plus abouti et moins emprunté qu'autrefois complètent la panoplie de nos gladiateurs. De louables progrès artistiques et techniques qui devront néanmoins se voir valorisés par l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges pour espérer impacter plus largement leur auditorat. Quoi qu'il en soit, à l'aune de ce second méfait, le combo dispose de l'arsenal requis pour se hisser parmi les valeurs confirmées de ce si concurrentiel registre metal. Voici le quintet polonais en passe de toucher du doigt les étoiles...

Note : 15,5/20