Prenez garde, les Allemands reviennent en force pour ce cinquième opus des plus surprenants. Après quatre albums plus ou moins efficaces, évoluant doucement dans un death mélo bourrin vers une approche plus personnelle, le groupe
Neaera est de retour en 2010 avec ce qui s’avère assurément leur meilleur disque à ce jour.
Petite piqûre de rappel : le groupe se forme en 2003, fait son petit bonhomme de chemin en Allemagne et signe immédiatement chez
Metal Blade Records en 2005 pour le premier opus. La formation enchaine depuis les albums avec succès, s’étant bien forgé un nom dans le death mélo/metalcore burné allemand. Après une légère pause d’un an en 2008, le groupe est revenu l’année suivante avec un disque qui s’avérait un poil plus personnel mais aussi pas mal inégal :
Omnicide - Creation Unleashed. J’avais pour ma part moyennement aimé cet album pas assez pêchu à mon goût…
Voici donc le plat du jour :
Forging the Eclipse, un cinquième effort toujours chez
Metal Blade, cette fois-ci enregistré par Ali Dietz et mixé aux célèbres Antfarm Studios par Tue Madsen qu’on ne présente plus. Le résultat se sent d’entrée de jeu avec une intro mélodique faite de nappes atmosphériques et de quelques notes de piano, le prélude classique mais idéal pour enchainer avec "
Heaven's Descent", un titre bourrin, mélo, instantanément adopté de par son approche dynamique et son refrain mémorable. Riffs envolés contre saccades hachées, blast beat terrassant contre double-pédale aérienne, sans oublier le double-chant de Benjamin Hilleke, toujours aussi puissant. Le CD vient à peine de commencer et on retrouve le
Neaera de
Armamentarium : inspiré, bourrin, mélodieux.
Comme à leur habitude, les Allemands enchainent les morceaux avec cohésion et professionnalisme, n’hésitant pas à rebalancer de bons vieux riffs metalcore dignes de
Heaven Shall Burn comme sur "In Defiance", "Rubikon" ou encore "
Tyranny of Want". Les saccades tranchent dans le vif, les mélodies restent en tête, la batterie s’avère être inépuisable : on en a pour notre argent. C’est du vieux de la vieille mais ça reste bigrement efficace. Mais la force de ce nouvel opus réside principalement dans son approche beaucoup sombre et son atmosphère pesante. Durant 40 minutes,
Neaera va nous entrainer dans un tourbillon de martelage mélodique à s’en dévisser les cervicales.
On notera donc avec surprise la nouvelle tournure que prend le groupe : une tournure plus sombre, plus déchirante, notamment avec le titre "
Eight Thousand Sorrows Deep", mélange de pur black metal à la
Burzum, torturé, glauque, épique, et de death/black saccadé à la
Behemoth : riffs en allers-retours et chant extrêmement criard heureusement entremêlé des habituels growls varient ainsi la donne. Même constat pour "
Sirens of Black" ainsi que le morceau final, "
And to Posterity a Plague", véritable point d’honneur dont le refrain inoubliable aux saveurs nordiques nous tirerait presque la larme de l'œil.
Ainsi, malgré quelques titres réchauffés comme "Rubikon" ou encore "
Exaltation" et une organisation des titres pas toujours bien gérée,
Forging the Eclipse nous assène néanmoins d’un metal mélancolique, énervé, puissant, éreintant. Un cinquième album beaucoup plus recherché et par conséquent beaucoup plus jouissif, enterrant avec brio leur passé musical.
Rythmiquement et vocalement parlant, on oscille entre black et death, le tout plutôt bien équilibré et surtout bien exécuté, à défaut d'être hyper inspiré.
J'en finis une nouvelle fois l'écoute...spéciale DEADicace...et ça en est très plaisant.
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