Nouvel entrant dans le registre metal mélodique, ce duo teuton originaire de Königswinter, cofondé en 2018 par le multi-instrumentiste Tobias Dahs et la frontwoman au grain de voix éraillé Jule Dahs (tous deux membres du groupe death mélodique progressif allemand
Leviathan), n'aura pas attendu bien longtemps pour accoucher de son premier bébé. En effet, de cette fraîche collaboration naquit un an plus tard l'EP «
Forging the Cataclysm » ; une auto-production modeste de ses 25 minutes sur lesquelles s'égrainent 6 pistes à l'indéfectible et émoustillante énergie. Ce laps de temps resserré ne signifie nullement que nos acolytes aient cherché à précipiter les événements, loin s'en faut...
Mastérisé par un certain Michael "Freio" Haas (vocaliste chez Hadean et
Nektra) au Big Easy Studio, à Hennef, en Allemagne, et octroyant un enregistrement de bon aloi et un fin mixage, signés Tobias Dahs au
Blackness Sound Studio, à Königswinter, l'opus jouit en prime d'une belle profondeur de champ acoustique. Une ingénierie du son plutôt soignée qui a pour corollaire un set de compositions bien inspiré, éminemment incandescent, à l'inaliénable impulsivité, à la technicité instrumentale éprouvée et aux lignes mélodiques certes convenues mais le plus souvent d'une redoutable efficacité. Ce faisant, le combo nous plonge dans un metal mélodique empreint de touches hard rock old school, aux riffs résolument épais et aux lignes de guitare d'une confondante fluidité et typés mid-80s, à la croisée des chemins entre
Doro,
Halestorm,
Ela et
Bif Naked.
Pour son baptême, comme tant d'autres formations (
Eternal Silence,
Rimortis,
Sebastien,
Cutterred Flesh...), le collectif d'outre-Rhin a sollicité la palette graphique de Ján Handzuš, popularisé sous le nom de Hans Trasid, la tête pensante de
Dis-Art Design. Aussi, la cover d'inspiration fantastique jouit-elle du trait affiné et de subtiles nuances de couleurs dont le talentueux et prolifique créateur semble détenir le secret. Nos compères auraient dores et déjà mis les petits plats dans les grands...
C'est sur des charbons ardents que nous place le plus volontiers le combo germanique, dans la droite lignée de ses illustres prédécesseurs, avec de saisissantes séries de notes à la clé. Ainsi, un headbang subreptice ne saurait être éludé à l'aune du tempétueux « Time's Running
Out » et de l'échevelant «
Forging the Cataclysm », deux tubesques up tempi aux relents hard rock dans la veine de
Doro. Glissant sur des couplets bien customisés que relayent d'entêtants refrains, les deux brûlots se dotent parallèlement de riffs corrosifs et des toniques et rocailleuses attaques de la prédatrice. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend...
Sur un tempo plus en retenue, le duo ne s'est guère montré plus malhabile, livrant dès lors un regard alternatif à son œuvre. Ce qu'illustrent « The Grand Delusion » et « Age of
Reason », infiltrants mid tempi à la féline rythmique, dans le sillage d'
Halestorm. Pourvus d'ondoyants gimmicks, d'un grisant solo de guitare et d'une basse ronronnante, ces deux enivrants manifestes y adjoignent une massive et régulière force de frappe et les puissantes impulsions de la belle, pour un résultat tenant toutes ses promesses.
Lorsqu'il nous mène en d'apaisantes contrées, le duo nous livre par là-même ses mots bleus les plus sensibles. Ce qu'illustre « A Sailor's Tale », frissonnante ballade atmosphérique à la touche folk rock, qui n'est pas sans rappeler Blackmore's
Night à l'époque de « The Village Lanterne ». Calé sur un aérien guitare acoustique/voix, l'instant privilégié vogue parallèlement sur une sente mélodique d'une insoupçonnée fluidité et des plus pénétrantes. Enjolivée par le léger vibrato de la déesse et dotée d'un prégnant refrain, cette troublante et caressante offrande ne saurait être éludée par l'aficionado du genre intimiste.
Dans un souci de diversification de son offre, le duo nous plonge au cœur d'un bref mais poignant instrumental d'inspiration rock progressif typé mid-80s. Ainsi, à la manière de Camel, l'envoûtant « At
Road's
End » nous octroie un fin picking à la guitare acoustique auquel se superpose un grisant sweeping à la guitare électrique. Un jeu de guitare d'une confondante habileté et d'un charisme dévastateur que n'aurait pas renié Andy Latimer. C'est dire...
Résultat des courses : à l'aune de ce premier mouvement, le duo teuton est parvenu à retenir notre attention, et ce, jusqu'à l'ultime étape de notre traversée. Harmonisant les styles tout en variant son propos sur les plans atmosphérique et rythmique, celui-ci témoigne, en prime d'un potentiel technique et mélodique que nombre de ses pairs pourraient lui envier. De plus, l'ingénierie du son tout comme l'artwork se sont révélés à la hauteur des attentes d'un auditorat déjà en phase avec les codes du genre. Toutefois, tant l'absence de prise de risque que la forte proximité de leurs sources d'influence devront être repensées afin de permettre au message musical de gagner en épaisseur artistique. Bref, un album à la fois vivifiant et sensible, synonyme de premier épisode d'une longue série. Du moins, on ne peut que le leur souhaiter...
Note : 14,5/20
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