Fire and Ashes

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17/20
Nom du groupe Xandria
Nom de l'album Fire and Ashes
Type EP
Date de parution 31 Juillet 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album36

Tracklist

1.
 Voyage of the Fallen
 04:45
2.
 Unembraced
 04:26
3.
 In Remembrance
 05:00
4.
 I Would Do Anything for Love (But I Won’t Do That) (Meat Loaf Cover)
 07:24
5.
 Ravenheart (2015 Version)
 03:48
6.
 Now & Forever (2015 Version)
 03:23
7.
 Don’t Say a Word (Sonata Arctica Cover)
 06:07

Durée totale : 34:53

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Xandria


Chronique @ ericb4

25 Juillet 2015

Un interlude efficace symbolisant les prémices de la consécration ultime pour le combo allemand

Groupe européen majeur de metal symphonique à chant féminin, Xandria trace sereinement sa route pour aller désormais s'imposer comme une référence phare de ce registre si couru. Et ce, à l'aune de ses nouvelles compositions, qu'il n'a eu de cesse de peaufiner pour nous immerger dans ses truculentes gammes, comme il a su si bien le faire jusqu'alors. Mais, dans une mouture différente de ses productions habituelles. En effet, ce concept repose sur trois compositions inédites, deux reprises de groupes emblématiques de la scène metal et une refonte totale de deux titres cultes du groupe, antérieurement interprétés par Lisa Middelhauve, chanteuse émérite au timbre de voix à la fois velouté et cristallin. C'est à la fine mezzo-soprano Dianne van Giersbergen que revient, ici, la tache délicate de relever le défi d'apporter une touche personnelle à des pistes largement fredonnées par les fans du combo allemand, pour certains d'entre eux depuis une décennie déjà. Remarquée pour ses affriolantes performances sur « Sacrificium », sixième album full length du groupe, que nous réserve-t-elle sur ce premier EP ? A quelle sauce allons-nous être mangés sur les trente-cinq minutes de cette menue rondelle ?

Pour ce faire, le quintet allemand, initialisé par le guitariste et chanteur Marco Heubaum, inclut une nouvelle fois les talents du guitariste Philip Restermeier, du batteur Gerit Lamm, et, plus récemment, ceux du bassiste Steven Wussow et, bien entendu, de la charismatique Dianne aux commandes vocales. Les compositions qui en émanent se révèlent instrumentalement épiques, d'obédience metal symphonique traditionnel, finement harmonieuses, mélodiquement bien élaborées, sur cette œuvre faisant plutôt office d'intermède que jouant le rôle d'album à part entière. En quelque sorte, un trait d'union dans leur histoire entre un glorieux passé et un futur qui reste à échafauder. Il s'agit également d'un album test pour ses aficionados autant que pour un auditorat potentiel. Concept éventuellement impactant, qui n'est pas sans rappeler l'album « Interlude » réalisé par Delain, deux ans plus tôt. C'est d'ailleurs sur les terres atmosphériques de l'illustre combo batave que viennent guerroyer nos valeureux compères teutons. Ils pourraient aussi faire dériver, en les inspirant, quelques pavillons accoutumés aux arpèges des cadors du genre, à l'instar d'Epica, Nightwish, Within Temptation ou Leaves' Eyes.

L'artwork chatoyant de la pochette, aux couleurs rougeâtres d'un feu embrasant un instrument à cordes, lui-même survolant des partitions parties en fumée, symbolise graphiquement le titre de l'opus. Il renseigne aussi sur les effets de contrastes atmosphériques et musico-historiques du contenu, le groupe oscillant entre densité orchestrale, accolée à une rythmique roborative, et câlinants instants ; entre tradition et modernité des lignes mélodiques fondamentales du groupe et celles de ses inénarrables inspirateurs. L'ensemble évolue au fil d'un ruban auditif à la qualité d'enregistrement éprouvée et au mixage toujours aussi rigoureux dans sa ligne de partage entre les parties instrumentales et vocales mises en regard. En outre, les finitions, tout comme les enchaînements, ne souffrent d'aucune approximation qui nuirait à leurs effets. On n'appréciera pas moins la fluidité des arrangements et d'une experte technicité globale, ainsi qu'un certain souci du détail, témoignant d'un grand professionnalisme de la part de leurs auteurs. Une fois sortis des coulisses de la production, entrons maintenant dans le vif du propos afin de discerner ce qui y attend l'auditeur. Et ce, selon trois volets, en fonction de leurs apports respectifs dans le projet du groupe.

Comme un seul homme, les trois titres inédits accaparent le début de l'oeuvre, et donc, notre attention. On observe une orchestration emphatique et rayonnante sur « Voyage of the Fallen » et « Unembraced », morceaux à la rythmique entraînante et aux riffs rageurs mais minutieusement élimés, contrastant avec « In Remembrance », perle aux mots bleus captateurs de nos émotions les plus profondes. Le premier est d'inspiration power symphonique, où la mezzo-soprano à l'envoûtante empreinte vocale fait virevolter avec délice ses envolées lyriques, non sans rappeler par moments Liv Kristine, sur les notes pincées. Escortée de choeurs épaississant d'autant le corps vocal, celle-ci nous invite à parcourir de joyeux couplets et des refrains relevés d'une pointe d'angélisme parfaitement maîtrisée. Pas plus de deux ou trois écoutes permettent de rendre compte d'un travail de cohésion instrumentale et vocale confondant. Moins immédiatement accessibles que prévu, les suites de notes se calent néanmoins au creux d'une ligne mélodique ragoûtante mais loin d'être simpliste dans son principe d'émission. Et ce, non sans rappeler Epica. Un surcroît de maturité parsème aussi le propos musical de son voisin de bobine. Ainsi, « Unembraced » nous immerge dans un bain instrumental aux savants arpèges, précédant une vivifiante section rythmique, non sans renvoyer à « Neverworld's End » (2012). Puis, nous enlace, à son tour et prestement le pavillon, le filet doucereux de la sirène, assurant une belle gradation inhérente à sa ligne de chant, que suit à la trace une fringante orchestration, avec un léger tapping pour arme de poing. Des perles de pluie au piano viennent contraster avec la virulence de la chaîne percussive déployée, relayée par des riffs acérés, avant que les fondantes ondulations vocales emplies de ravissantes nuances ne viennent nous faire plier l'échine. C'est crescendo que s'achève cette seconde étape, mélodiquement lumineuse et réellement immersive.
Par contraste, c'est sur une note d'une extrême profondeur d'âme que se nourrit l'instant fragile « In Remembrance ». Difficile de rester de marbre bien longtemps face à la déesse, celle-ci inscrivant ses somptueuses vibes dans un saisissant registre philharmonique conjugué à une patine metal mélodique atmosphérique aux riches gammes. Des variations de tonalités à grands renforts d'instrumentation symphonique nous embarquent alors pour un voyage en apesanteur qu'on souhaiterait ne jamais clôturer. On s'élève d'un cran dans le large spectre harmonique proposé, à chaque instant que l'on suit la piste se dérouler et pénétrer nos pavillons ébahis. A la belle de conclure à la lumière de ses irrésistibles tribulations au pays des songes. C'est dire que la charge émotionnelle est intense et on comprend, à travers ce sensuel message, que l'on a affaire à un groupe qui affirme clairement son identité incantatoire.

A la suite de ces quelques cascades de notes, un premier constat s'impose. Après les charmes indéniables du timbre délicat de Lisa, les incandescentes et hypnotiques inflexions lyriques de Manuela Kraller, d'aucuns ne voyaient pas comment une nouvelle venue pouvait s'illustrer à son tour. Et cela, au point de nous faire éventuellement oublier les charmes au demeurant indéfectibles de ses redoutables consoeurs. Et pourtant, ses prestations, comme celles livrées sur « Sacrificium », prouveraient déjà que Dianne a la capacité de tenir la concurrence à distance. Le combo y a cru, et continue à le faire. Et ce choix n'a pas été sans effets sur la portée artistique de ses titres, taillés pour s'inscrire durablement dans notre mémoire, au point de faire partie du patrimoine du champ de compositions du groupe. Assurément, Dianne ne peut plus rester dans l'ombre des deux précédentes cantatrices, loin s'en faut. Et même, nous habitue-t-elle déjà à sa présence vocale et scénique, faisant parfaitement corps avec ses instrumentistes. Refermons cette parenthèse et voyons ce qu'il en émane également dans le registre, ô combien délicat, des reprises.

Comme annoncé : retour vers un passé magnifié, non sans originalité, pour le groupe. Et ce, à l'aune d'une redéfinition d'ambiance relative au hit « Ravenheart », extrait de l'album éponyme sorti en 2004, d'une part, et d'une transfiguration instrumentale sur « Now & Forever », issu de l'impondérable « India » (2005), de l'autre. Par rapport à la version d'origine, la première piste a renforcé la densité du corps orchestral, infiltrant une batterie entraînante et affinant la patte percussive, tout en amplifiant les effets de contrastes dans les enchaînements entre instruments et vocalistes. A cet effet, sur cette enivrante plage aux refrains catchy, Dianne a bénéficié du surplomb de choeurs bien infiltrés pour enjoliver ses charismatiques patines vocales. Aussi, dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure, on suit les inflexions lyriques de la sirène sans sourciller. Mais, celle-ci conserve, tout le long, la ligne mélodique fondamentale, donnant alors l'impression d'une reprise à l'identique à peine voilée. Ainsi, le groupe a modernisé certains arrangements et modalités d'échanges vocaux, sans toucher un iota au cheminement harmonique de fond. Bien que fort bien exécuté, quelque soit le poste impliqué, l'exercice peut donc ne pas faire pencher la balance définitivement en faveur de cette approche revisitée. Pour la seconde piste, une jolie guitare acoustique s'adjoint à l'allégresse générale, empreinte d'une rythmique enjouée et de riffs bien polis. Et ce, avant que la belle n'entre en scène, elle-même rejointe par un riche parterre de choeurs, épiçant un peu plus qu'à l'accoutumée ce titre par ses impulsions judicieusement modulées. Sur les refrains, la magie opère toujours autant, avec quelques vibes inconnues dans la trame originale. C'est à l'unisson qu'évolue la cohésion oratoire, convolant de concert avec une orchestration repensée sur certains accords, sans trahir la partition dans son fondement scriptural. Une version originalement restituée, cette fois, où le combo a ajouté un supplément d'âme dans ce ravissement de tous les instants pour nos pavillons en quête de moments de pure jouissance auditive.

Par ailleurs, un troisième axe a été pensé et reprenant, avec tact, des titres bien connus de groupes de metal à chanteurs. Le premier est un classique aux rythmiques variées, à l'instar de « I'd Do Anything for Love (But I Don't Do That) » de la célèbre formation de hard rock américaine Meat Loaf. Des arpèges au piano s'invitent sur ce standard fort en émotions, magnifié par les angéliques envolées de la bien inspirée déesse, dans tous les compartiments de cette superbe plage à la rythmique progressive. Densifié par la présence de choeurs, le titre jouit alors d'une rare profondeur de champ acoustique. Une lead guitare s'inscrit également dans la trame pour y dessiner quelques belles arabesques, avant de voir la mezzo-soprano se faire assister par son comparse à la voix rocailleuse. La fermeture s'effectue sereinement, par un joli dégradé de l'intensité sonore, de manière romantique. Exercice remarquable d'efficacité et original dans sa distribution de l'espace vocal, tout en respectant les gammes à la note près de l'illustre formation américaine. Le second est un morceau dynamique aux subtiles nuances harmoniques : « Don't Say a Word », issu de l'album « Reckoning Night » (2004), œuvre sensible du groupe de power mélodique finlandais Sonata Arctica. Pour l'occasion, la rythmique revêt une dimension power atmosphérique, accolée à une instrumentation d'obédience symphonique. Sur cette assise, la belle déambule avec élégance et vivacité, allant chercher des notes plus nuancées et puissantes pour délivrer son message. En outre, un pont instrumental rend compte du brio de la technicité aussi bien du guitariste en solo que du claviériste lui faisant face, avant que la sirène ne reprenne le flambeau sur le refrain avec emphase, élevant encore d'un octave sa prestation pour finir en apothéose. Au final, le groupe s'est réapproprié le morceau d'une main de maître, sur une partition bien délicate à reprendre pour tenter de transfigurer les blanches et les noires qu'elle contient.

On ressort de l'écoute de la galette conquis, à la fois par les nouvelles propositions propres au groupe, par les reprises de titres antérieurs aussi bien du combo que de celles de quelques unes de leurs sources d'inspiration. Et ce, en raison d'un projet qui n'a de cesse de mûrir sur le plan de la recherche harmonique, d'un savant dosage entre technicité et sens artistique aussi bien au niveau du chant que concernant l'instrumentation. Avoir pensé à y inclure des choeurs et une voix masculine enrichit l'espace sonore en ajoutant du faste, mais sans étouffer ni le déploiement de l'orchestre, ni la valeureuse interprète. On aurait souhaité que cette production ait l'allure d'un album longue durée, mais nous obtenons tout de même, ici, un riche condensé de ce que le combo pourra offrir par la suite. Cet EP test, notamment quant aux titres revisités, révèle sa capacité créatrice et interprétative autant que son aptitude à la reconsidération d'une ambiance que le groupe a fait sienne.

Non content de s'enraciner dans un style qu'il affectionne depuis le début, le groupe a cherché à évoluer artistiquement depuis ses deux derniers albums full length, en diversifiant, de fait, son offre musicale. Autrement dit, l'heure est venue pour Xandria d'affirmer son rôle de leader, reconnu par ses pairs, et attendu de lui par un auditorat de plus en plus acquis à sa cause. Orchestralement convaincant, techniquement bien élaboré, vocalement redoutable d'efficacité, mélodiquement magnétique, cet opus bien que synthétique, pourra vraisemblablement satisfaire un large auditorat. C'est dire qu'il contribuera certainement à renforcer le poids du combo sur la scène metal symphonique et à l'asseoir, sous de meilleurs auspices, dans cette logique de carrière ascensionnelle, jusqu'au firmament. Cet interlude appelle donc de ses vœux l'album de la consécration ultime. Nous l'attendons, d'ores et déjà, non sans une certaine impatience...

3 Commentaires

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Anouk - 03 Août 2015: J'ai écouté le titre "Voyage of The Fallen" et sincèrement, il m'a agréablement surpris. Dianne a vraiment bien évolué, son chant est moins linéaire et plus varié qu'avant, je le trouve même plus lyrique... Et on sent que le groupe a voulu se renouveler, les chœurs sont plus tranchants et plus présents que sur les précédentes productions. On sent moins les influences de Nightwish, mais sur certains passages j'avais plutôt l'impression d'entendre Epica, ce qui n'est pas pour me déplaire. Bref je suis agréablement surprise et il me tarde d'écouter le reste pour me faire une meilleure idée.
ericb4 - 03 Août 2015: Oui, j'ai aussi été agréablement surpris par les qualités d'interprétation de Dianne. A la base, peut-être que tu t'en rappelles, je n'étais pas très emballé par ses prestations, après Manuela et Lisa. Comme quoi, rien n'est inéluctable. On aurait bien aimé en avoir un peu plus sous la dent, mais l'ensemble se défend plutôt bien. Affaire à suivre, donc...
Anouk - 12 Août 2015: Voila j'ai enfin pu écouter l'EP en entier. Comme je le disais effectivement, on ressent une certaine influence d'Epica, notamment sur le deuxième morceau. Par moment j'ai même cru que c'était Simone qui chantait... Enfin bref Dianne a très bien évolué. Comme tu le dis ce n'est pas inéluctable. On peut observer d'autre exemple comme ça: Anette chez Nightwish, sur Dark Passion Play, par moment elle chantait faux et on pouvait déceler quelques fausses notes, mais sur Imaginaerum, quelle progression... Enfin bref, j'espère que Xandria continuera sur ce chemin là tout en proposant du neuf.
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