Theater of Dimensions

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18/20
Nom du groupe Xandria
Nom de l'album Theater of Dimensions
Type Album
Date de parution 27 Janvier 2017
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album68

Tracklist

1.
 Where the Heart Is Home
 06:53
2.
 Death to the Holy
 04:46
3.
 Forsaken Love
 04:20
4.
 Call of Destiny
 04:10
5.
 We Are Murderers (We All)
 05:49
6.
 Dark Night of the Soul
 05:21
7.
 When the Walls Came Down (Heartache Was Born)
 05:11
8.
 Ship of Doom
 04:50
9.
 Ceilí
 03:21
10.
 Song for Sorrow and Woe
 05:24
11.
 Burn Me
 04:42
12.
 Queen of Hearts Reborn
 05:16
13.
 A Theater of Dimensions
 14:22

Durée totale : 01:14:25

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Xandria


Chronique @ ericb4

20 Janvier 2017

Une gemme susceptible d'en faire oublier beaucoup d'autres...

Fort de ses 20 ans d'expérience, doté de pas moins de 6 albums full length, plusieurs singles et du remarquable EP Fire & Ashes (2015), le prolifique combo teuton initialisé par le guitariste/claviériste/vocaliste Marco Heubaum poursuit sa marche en avant, inexorablement, faisant fi d'une concurrence pourtant sévère de la part de ses pairs (Delain, Diabulus In Musica, Epica, Nightwish, Sirenia, Leaves' Eyes, notamment). Et pour cause...

Au cours de sa carrière, et plus encore durant la dernière décennie, le collectif allemand n'a jamais baissé la garde, s'est souvent illustré dans ses concerts et lors de plusieurs festivals, galvanisant aussi bien les foules locales qu'internationales. Et ce, malgré moult changements de line-up, dont une succession de chanteuses à la personnalité et au timbre de voix fort différents : à l'empreinte soyeuse et mélancolique de Lisa Middelhauve (présente sur les 4 premiers albums) a succédé le chatoyant et puissant timbre de Manuela Kraller (ex-Haggard, ex-Nagor Mar) sur le sculptural et mémorable Neverworld's End ; elle-même précédant la charismatique et impressionnante mezzo-soprano Dianne Van Giersbergen (Ex-Libris), cette dernière ayant véritablement imprimé sa marque sur Fire & Ashes, modeste galette succédant à Sacrificium (2014), plantureux opus où elle a fait ses premières armes au sein du groupe.

Cela dit, au vu d'une fructueuse inspiration, doublée d'inaliénables talents mélodiques, d'indéniables qualités techniques et d'une identité artistique à la fois identifiable et évolutive, l'heure ne serait-elle pas venue d'asseoir enfin le combo au panthéon des formations majeures d'un registre metal symphonique à chant féminin pléthorique et auquel il a contribué à donner ses lettres de noblesse ? Pour tenter de répondre à une telle question, une lecture approfondie de son dernier propos s'impose.


Si l'on reconnaît la patte metal symphonique du groupe, celle-ci s'est étoffée, incluant dorénavant une touche folk plus lisible, un zeste de prog, avec une visée opéra en arrière-fond. Dans ce dessein, et comme de nombreux homologues semblent actuellement les solliciter, le combo a judicieusement intégré une armée de chœurs, ayant contribué à conférer un stupéfiant effet de relief au corps vocal dans son ensemble. Diversifié dans ses ambiances, ses rythmiques, ses joutes oratoires, ses exercices de style, le collectif allemand s'est également ingénié à faire passer des émotions, quel que soit le type de morceau, et peut-être plus qu'il ne l'a fait jusqu'alors. Aussi, les 13 pistes égrainées sur près de 75 minutes d'un ruban auditif fort et novateur offriraient un spectacle épique et romantique à la mesure des attentes des aficionados. Et ce, d'autant plus que la logistique est loin d'avoir été laissée pour compte, la galette jouissant d'une excellente qualité d'enregistrement, où les notes résiduelles sont fort rares, d'un mixage équilibrant parfaitement les lignes de chant et les interventions instrumentales, avec une belle profondeur de champ acoustique en substance. Les finitions comme les enchaînements inter pistes ont fait l'objet d'une attention particulière pour une mise en valeur optimale de chacune des compositions de cet album de la démesure, elles-mêmes se succédant de façon cohérente et dans un visée complémentariste sur la setlist. Aussi, entrons dans les interstices de l’œuvre en quête de quelques trésors enfouis...


C'est avant tout dans l'émotion que vient nous chercher le combo teuton, et ce, selon une pluralité de points de vue et dans des atmosphères aussi hétérogènes que saisissantes, laissant peu de place à l'errance de nos âmes. Ainsi, un tambour martial résonne parallèlement à des chœurs en rangs serrés déchirant tout sur leur passage sur « Where the Heart Is Home », tonique morceau metal opéra/symphonique d'introduction où d'inébranlables riffs corrosifs alternent avec les lumineuses envolées lyriques de la belle. On a déjà le sentiment que l'on a gagné en intensité ce que l'on n'a nullement perdu en mélodicité, avec quelques incursions opportunes d'une lead guitare au legato assuré. On ne ratera pas un ralentissement bien amené, où les limpides inflexions vocales de Dianne prennent toute leur dimension, cette dernière dominant d'ailleurs son sujet de bout en bout, l'émotion en prime. Epica aurait-il du souci à se faire ? Aurait-on changé de planète ?... Poursuivons. Non sans rappeler l'univers de « King of Kings », sculptural album de Leaves' Eyes, le mordant single « Call of Destiny » harmonise les lignes vocales entre une déesse au faîte de son art et une massive et mélodieuse chorale. Lorsque les tirs en rafale des riffs graveleux s'immiscent et que le solo de guitare leur emboîte le pas au cœur d'un dispositif instrumental aussi foisonnant que bien mixé, le spectacle est total. Par ailleurs, l'hypnotique chant d'une sirène mélancolique nous parvient à l'aune du fringant « Song for Sorrow and Woe », dont les harmoniques ne sont pas sans renvoyer au dernier méfait d'Epica. Ralentissements et accélérations alternent sereinement, laissant percevoir un expert délié à la lead guitare, précédant un apaisant dégradé de l'intensité sonore en fin de parcours. Un certain souci du détail qui manque tant à la concurrence ces derniers temps...

Tout en axant son message musical sur le déclenchement inconditionnel des émotions, la formation teutonne s'est également orientée dans la création de hits en puissance, qui auront toutes les chances de rester durablement dans les mémoires de ceux qui s'y seront jetés corps et âme. Ainsi, le tubesque mid tempo « Forsaken Love » s'avère aussi entraînant qu'émouvant, conjuguant habilement les forces qui s'opposent, pour une incursion en pays de cocagne. Cette magnétique et souriante plage, dont les arrangements peuvent rappeler l'ambiance de Neverworld's End, par ses prégnants changements de tonalité et son indéfectible esthétique mélodique, encensera assurément les pavillons des amateurs du genre. Autre hit en puissance, entonné en un superbe et harmonieux duo mixte en voix claires, « Burn Me » se pare de couplets finement sculptés et d'un refrain catchy, dans la veine atmosphérique d'un Sirenia, dernière mouture. Millimétré dans ses accords, précis dans son esquisse mélodique, radieux dans ses célestes impulsions vocales, le brûlot atteint rapidement sa cible, celle de nos émotions les plus enfouies. Mid/up tempo à la rythmique coulée dans le bronze et investi d'une insubmersible muraille de chœurs, « When the Walls Came Down (Heartache Was Born) », pour sa part, rappelle l'univers de Sacrificium, précédent méfait de longue durée du collectif germain, avec un supplément d'âme à la clé. De dévastatrices envolées de la princesse nous intiment de rester rivés à cette magmatique et vénéneuse offrande, où abondent les changements de tonalité et les frasques rythmiques, le long d'une sente mélodique invitatoire à la captation de nos sens. C'est dire que l'on a élevé d'un cran le niveau des exigences chez cette créative formation au riche patrimoine musical.

Moins porté sur le champ émotionnel mais avec non moins de brio, le groupe nous a octroyé des passages plus brut de décoffrage susceptibles de nous rallier à leur cause. Ainsi, le percutant et martelant « Death to the Holy » dissémine un tapping effilé au fil des pérégrinations d'une sirène enjouée partiellement escortée d'une ample et prégnante chorale. Dans la lignée générale de « Ashes & Fire », doté d'arrangements d'excellente facture, cet épique passage se pose comme une volcanique offrande qui ne nous lâche pas une seule seconde. D'autre part, un sensible guitare/voix entame le puissant et chevaleresque « Queen of Hearts Reborn », qui pourra rappeler l'atmosphère des premiers Nightwish, avec un son épuré et des arrangements plus actuels. Ses incessantes variations sont un enchantement de tous les instants, que Dianne parvient à magnifier par ses enivrantes patines. Enfin, des riffs sanguins attaquent de toutes parts sur le tonitruant « We Are Murderers (We All) », offensif mid tempo jouissant de fines variations au fil des déambulations d'un corps oratoire que rien ne semble pouvoir arrêter. Soudain, une growleuse présence signée Björn Strid (Soilwork) s'infiltre entre deux gimmicks bien sentis à la lead guitare, celle-ci s'intégrant en filigrane au sein de la joyeuse sarabande, l'ensemble finissant crescendo. De quoi compléter un tableau déjà richement orné. Mais on est loin d'avoir épuisé le stock...

Nos acolytes ont également lorgné du côté du folk pour asseoir leur propos, offrant un second souffle à ce projet metal symphonique. Dans cette optique, l'entraînant « Ship of Doom » fait tournoyer ses riffs rocailleux dans une ambiance folk, dans le sillage de Leaves' Eyes, témoignant ainsi d'une volonté de repousser plus loin les frontières, s'affranchissant un temps des codes d'un metal symphonique classique, effort louable qui semble, là encore, porter ses fruits. Parvenant à remporter l'adhésion sans avoir à user ni d'artifices synthétiques, ni d'emphase orchestrale, ni même d'une imparable mélodicité comme il en a le secret, le combo réussit un véritable tour de force. De façon inattendue, le jovial et quasi festif instrumental « Ceilí », au son d'une virevoltante cornemuse et de riffs écornés, se pose comme une respiration, synonyme d'heureuse alternative, en totale cohérence avec l'atmosphère folk de son voisin de piste. Un regard alternatif qui lui sied à merveille...

Lorsqu'il ralentit la cadence pour nous octroyer un intimiste moment, comme souvent, le combo le fait avec tact, élégance et sincérité, et comme souvent, il convainc. S'il n'a pas misé tous ses espoirs sur ce volet, il a particulièrement soigné ses gammes et ses arpèges, avec même quelques redoutables portées à la clé. Profonde et délectable romance, « Dark Night of the Soul » laisse entrevoir une aérienne et frissonnante maîtresse de cérémonie qui a peaufiné chaque note, sculpté chaque oscillation, affiné chaque trait de ses angéliques volutes, pour un rendu d'une maîtrise absolue aussi bien dans les médiums que dans ses envolées semi-lyriques. Lorsque les chœurs, en tapinois, viennent à sa rencontre, l'émotion passe sans encombres. Si l'on effeuille la ligne mélodique, une série de notes après l'autre, l'apparente facilité de l'exercice cache en réalité un jeu d'écriture d'une précision d'orfèvre, sur chaque portée, à l'image d'un rare degré d'inspiration, rendant l'ensemble naturellement poignant, et donc, diablement efficace.

Enfin, l'opus se conclue en apothéose à l'aune d'un pléthorique morceau à tiroirs, qui n'est pas le premier du genre chez nos compères mais qui atteint cette fois une tout autre dimension, nous faisant passer par différents stades émotionnels. Aussi, d'innombrables subtilités mélodiques et rythmiques infiltrent la fresque metal mélodico-symphonique progressive « A Theater of Dimensions » où avancent comme un seul homme l'emphatique chorale et la déesse au coude à coude, pour une vibrante incursion en eaux profondes. Apparemment classique dans sa forme, les péripéties qui jalonnent le parcours confèrent une touche d'originalité à la pièce en actes. Le long des 14 minutes de l'opulente offrande, le convoi orchestral progresse à pas de loups, et soudain monte en puissance au moment où une rocailleuse empreinte masculine vient rejoindre le luxuriant corps oratoire. Et ce n'est pas l'éblouissant solo de guitare qui nous fera lâcher prise, en dépit d'une certaine complexité des harmoniques de l'opératique livraison. Puis, une pause interrompt le flot instrumental avant que de sinueuses rampes synthétiques ne s'invitent à la danse, dans un corps à corps sans concessions avec une lead guitare à l'alerte picking. Toutefois, quelques longueurs cristallisées par d'incessants récitatifs altèrent la portée de la généreuse proposition. Mais, la reprise sur le refrain, dynamisée par la joyeuse sarabande, est soufflante de brio, nous faisant prestement oublier cette bévue. Enfin, à l'image de l'entame de la piste, c'est pianissimo que se clôture le dernier acte.


Sur la quasi totalité de l'opus, selon le passage sollicité, on vibre, on frissonne, on sourit, on pleure, on serre les dents, on se détend ou on danse. Mais à aucun moment l'ennui ne nous guette, pas même un hochement de tête dubitatif, signe manifeste d'une partielle déconnexion de l'attention. On comprend que lorsque la démesure s'unit à l'émotion tout en sauvegardant ce qu'il faut de technicité et une mélodicité sur mesure, il devient illusoire de s'y soustraire sans une once de regret. Au-delà des progrès accomplis au fil des quelques 20 années, le collectif teuton signe là une œuvre de grande ampleur, puissante, efficace, originale, et surtout personnelle, la plaçant parmi les plus abouties de sa discographie, susceptible de faire de l'ombre à quelques uns de ses pairs pendant quelques temps encore. Si la fresque finale avait pu être écourtée, évacuant de fait d'inutiles passages narratifs, le sculptural propos y aurait gagné en impact auditif, même sur une piste de cette nature, la rondelle n'ayant souffert que de très peu de carences jusqu'alors. Le petit bémol du méfait.

Alors, à l'aune de cet opus et de ses antécédents, le combo allemand peut-il légitimement entrer au panthéon des formations majeures du metal symphonique à chant féminin ? Ce groupe ayant déjà fait école auprès de jeunes émules, tout en conservant son caractère et ses spécificités compositionnelles, sans vendre son âme au diable, ni omettre de faire évoluer son art, devrait désormais, en toute logique, pouvoir se placer parmi les fers de lance d'un registre metal auquel il a voué toute son énergie et misé tous ses espoirs d'ascension musico-sociale depuis ses tâtonnants débuts. Qu'il poursuive sur cette lancée et bien d'autres le suivront, à commencer par ses aficionados...

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freddym - 10 Mars 2017: Une nouvelle fois, merci Eric pour cette chronique. Bien d'accord avec toi, on ne sort pas facilement de cet album, qui amène sa dose d'émotions. Il marche sur les traces de son prédécesseur, auquel il est à mon avis bien supérieur car plus inspiré.
Neverworld's end, lui aussi album brillant, était cependant une redite de Nightwish, alors qu'il semble qu'ici, Xandria prenne son envol.
Je préfère largement cet album au dernier Delain, pour les mélodies et surtout pour son côté moins "popisant", mais c'est évidemment très subjectif.
ericb4 - 10 Mars 2017: Merci à toi pour le compliment comme pour tes éclaircissements et ton ressenti relatifs à cette oeuvre magistrale du combo allemand.
 
Op467 - 11 Mars 2017: 17/20 également, super production, puissant , bien orchestré, mélange des anciens nightwish et Epica.
DIESIRAE - 13 Octobre 2017:

j'aimerais quand meme savoir comment il vont jouer a paris sans dianne ! delain qui sabote son concert du é- avec un changement d'heure a la con ! ça commence a faire beaucoup ! axel rose est dispo ,il suffit de trouver un beau fauteuil et en avant une valentine bien pourrie celle la ! manuella reviens !!!!!

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