Evig Natt

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18/20
Nom du groupe Evig Natt
Nom de l'album Evig Natt
Type Album
Date de parution 19 Mars 2016
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1. The Unkindness of Ravens 00:49
2. How I Bleed 07:42
3. Silence Falls 05:58
4. In God I Grieve 08:20
5. Stille før Stormen 06:03
6. Wildfire 05:29
7. Bringer of Ice 05:10
8. Svartsinn 06:53
9. Weathered Emotion 04:51
Total playing time 51:15

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Evig Natt


Chronique @ ericb4

23 Novembre 2016

A l'aune de cette troisième pièce en actes, le groupe serait à l'apogée de son art...

C'est à une longue traversée du désert à laquelle ont été confrontés les aficionados du combo norvégien depuis leur second et troublant opus « Darkland », ce dernier n'ayant remis les machines en route que 6 ans plus tard pour nous octroyer ce généreux album éponyme « Evig Natt ». Le quintet mené par la frontwoman, parolière et arrangeuse Kirsten Jorgensen (Reism) et le compositeur et pluri instrumentiste Stein Roger Sund (Thundra, Throne O Katarsis, ex-Einherjer) nous conduit au fil des 51 minutes de l'opus à un voyage palpitant, frissonnant, parfois énigmatique, dans un registre doom atmosphérique gothique aux relents prog, dark, voire symphonique, proche de Draconian, The Gathering, The Flaw, My Dying Bride, Within Temptation, Beyond The Black, entre autres.

L'expérimenté collectif scandinave a conféré à son œuvre une dimension plus épique, charismatique, vocalement enrichie de choeurs, reposant surtout sur une qualité d'enregistrement d'excellente facture et un mix équilibrant mieux que par le passé les parties en présence, tout en sauvegardant un son propre mais non aseptisé ; le partage de la tache ayant incombé à Stein Roger Sund pour la section instrumentale, réalisée au Black Dimension Studio, et à Tom Poole-Kerr concernant les lignes vocales, assurées au Green Engine Studio. Sur ce méfait et pour certains titres bien choisis, nos acolytes ont fait appel aux talents de quelques invités et à des choeurs, assurés par l'équipe elle-même. Ainsi, la talentueuse pianiste Monica Frivoll Sund apparaît-elle sur « Wildfire », celle-ci ayant également réalisé l'artwork de l'album ; le tonitruant batteur Frode Sjo, pour sa part, taquinant les fûts sur « Weathered Emotion ». Et de l'émotion, cette offrande n'en est pas avare, loin s'en faut...

Comme pour ne pas renier son passé, le groupe a conféré une dimension doom à certains passages parmi les plus offensifs tout en y incorporant une signature plus personnelle, avec quelques évolutions stylistiques au programme. Tout d'abord, la brève, crépusculaire et dispensable entame instrumentale « The Unkindness of Ravens », par un fondu enchaîné, est relayée par le frondeur et sculptural « How I Bleed », titre doom gothique aux accents dark typiquement "draconiens" eu égard aux harmoniques dispensées. Ainsi, un tapping martelant inonde l'asphalte d'une piste rythmiquement enfiévrée où les jeux de contrastes atmosphériques et mélodiques ne manquent pas à l'appel. Ce faisant, les corrosives attaques d'un growler coléreux font face aux gracieuses et autoritaires envolées de la maîtresse de ces lieux qui, à la façon de Beyond The Black, enchante le tympan sur un refrain ainsi rendu immersif à souhait. Avec un supplément d'âme accolé à chaque accord déployé, cette fois, on atteint le point de non-retour, tant la charge émotionnelle insufflée est écrasante. Au maître instrument à touches de fermer la marche, pianissimo... Quant à l'orageux et gorgonesque « Bringer of Ice », il rappelle l'ambiance de « Darkland », avec en prime l'arrivée en force de choeurs tournoyants, dispensés par Alf Bjarne Jørgensen, Frode Sjo, Tom Poole-Kerr, Ruben Osnes, Arne Marton Tangjerd et Stein Roger Sund tout à la fois. Sur ce titre doom atmosphérique et techniquement complexe, la progressivité de l'intensité et de la densité orchestrale remportent l'adhésion, même si le cheminement mélodique s'avère déroutant.

La sarabande continue sur cette lancée, tout en ralentissant quelque peu le tempo, avec quelques instants bien sentis que certaines formations plus aguerries pourraient bien lui envier. Ainsi, des riffs graveleux étreignent le troublant « Silence Falls », mid tempo atmosphérique gothique qui, non sans rappeler The Flaw, renferme des trésors d'ingéniosité harmonique tout en préservant une ligne mélodique nuancée et infiltrante. Dans cette jubilatoire tourmente, Tom Poole-Kerr donne le change à Kirsten Jørgensen, son comparse de growler venant se joindre à cette danse spectrale pour un résultat d'une insoupçonnée efficacité. De même, un joli sweeping à la guitare acoustique nous amène au saillant et plantureux « Svartsinn », titre dark gothique et mélodique dans la veine de Draconian. Mid tempo cinglant, le brûlot n'en demeure pas moins fringant quant à ses circonvolutions mélodiques, jouant davantage sur les nuances atmosphériques que sur d'imparables séries d'accords pour nous rallier à sa cause. Les ravissantes et célestes impulsions de la belle tout comme les attaques en règle de la bête en alternance achèvent de nous convaincre de prolonger le voyage jusqu'à l'ultime souffle de l'incandescent instant.

Lorsque les lumières se font plus douces, l'ambiance plus tamisée, nos compères ont révélé et imposé tout leur potentiel pour nous assigner à résidence. Et force est de reconnaître que la magie opère bien souvent, plus qu'ils ne l'ont démontré jusqu'alors. Ainsi, la dévorante, ample et atmosphérique ballade aux allures d'un slow qui emballe, « Stille før Stormen », nous conduit en des terres sereines, à la façon de Beyond The Black, avec un zeste de The Gathering. Dans ce climat suave, des riffs émoussés embrassent une rythmique langoureuse dans une ambiance douce-amère cristallisée par un jeu d'ombre et de lumière octroyé par le duo mixte et, une fois de plus, la sauce prend, le plus naturellement du monde. Dans cette mouvance, de soyeux arpèges au piano dispensés par Monica Frivoll Sund introduisent et sous-tendent « Wildfire », délicate et mélodieuse ballade aux faux airs d'un Within Temptation des premiers émois. Des accords d'une précision d'orfèvre confèrent à cette pièce tout son charisme et sa luminescence, les notes tombant à l'endroit optimal pour que l'émotion se déclenche d'un battement de cils. Lorsque l'instrumentation s'embrase quelque peu, le morceau dévoile alors toute sa superbe, la déesse, par le truchement de ses patines veloutées contribuant à nous faire plier l'échine sans broncher. Bref, un autre moment de pure jouissance auditive à mettre au compte de la sarabande. Enfin, une lumière bleutée prodiguée par un touchant picking à la guitare acoustique nous parvient par-delà les vents tempétueux qui font bruire les feuilles des arbres et nous assaillent sur « Weathered Emotion ». Cette plage s'offre telle une poignante power ballade que n'aurait reniée ni Delain, ni Beyond The Black, ni même Within Temptation, que vient enorgueillir Frode Sjo par sa frappe souple et d'une soufflante précision. Une ligne mélodique taillée au cordeau sur laquelle s'assied l'angélique et prégnant filet de voix d'une Kirsten au sommet de son art nous fait comprendre que le groupe a pris le temps d'affiner le trait, l'impact étant réel sur chaque mesure de ce propos.

Mais le spectacle n'est pas encore terminé et le manifeste nous réserve même une surprise de choix. Ce serait omettre que la bande a aussi à son arc la corde prog, dont elle se sert judicieusement et qui ne manquera pas de générer quelques frissons sur une pièce dotée de tous les ingrédients qui en font un impondérable de l'opus. Aussi, riffs et growls rocailleux parsèment « In God I Grieve », fresque gothique symphonique polyrythmique et progressive laissant dérouler ses 08:20 sans que l'attention ne s'affadisse une seule seconde. Exercice délicat et déjà éprouvé par le combo, à l'aune de « Epitaph », roborative outro de « Darkland », qui ici prend toutes ses lettres de noblesse, notamment sous le joug des volutes enchanteresses de la sirène sur un refrain susceptible de laisser quelques traces dans la mémoire de celles et ceux qui s'y seront aventurés. Lorsqu'un subtil pont mélodique s'installe en creux, les éléments s'apaisent, avant que le pavillon ne se fasse happer par un captateur champ de turbulences, au fil d'une progressive et saisissante reprise sur la crête du refrain. Difficile alors d'esquiver une petite larme venant perler sur une joue tremblotante. Assurément la pépite émotionnelle de l'opus.

Le temps semble avoir joué en la faveur du combo norvégien, ce qui s'en ressent sur l'ensemble du set de partitions composant cette troisième proposition de longue durée. Plus assuré dans sa technicité, plus rigoureux dans ses accords, plus velléitaire dans le champ des possibles stylistiques, le groupe a pris quelques risques, mais les a totalement assumés, dévoilant ainsi une facette plus symphonique et plus subtilement mélodique qu'autrefois. De l'ombre de « Darkland », on passe donc à la lumière mordorée de « Evig Natt », sans pour autant succomber aux chimères de la facilité à des visées mercantiles, ni tourner le dos à l'originel « I Am Silence », dont on garde ici quelques traces atmosphériques. De plus, le collectif norvégien a semble-t-il digéré ses sources d'influence, en a mobilisé d'autres, pour se faire sienne une signature artistique désormais plus aisément identifiable. On comprend qu'à l'instar de cette livraison, le groupe a de bonnes raisons de croire en ses chances de figurer en bonne posture parmi les nombreuses formations metal gothique à chant féminin actuelles. Autrement dit, il se rapprocherait assurément des étoiles qu'il convoite, au point de bientôt les tutoyer. Du moins, on ne peut que le lui souhaiter...

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