Darkland

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14/20
Nom du groupe Evig Natt
Nom de l'album Darkland
Type Album
Date de parution 09 Avril 2010
Style MusicalMetal Gothique
Membres possèdant cet album15

Tracklist

1. Darkland 05:39
2. Evig Natt 05:47
3. Until the End 07:15
4. I Die Again 06:09
5. Sjelelaus 05:01
6. The Wanderer 04:52
7. Withered Garden 05:13
8. My Sin 07:17
9. Epitaph 09:08
Total playing time 56:30

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Evig Natt


Chronique @ ericb4

21 Novembre 2016

Changement de cap pour un voyage en eaux troubles et à la profonde agitation intérieure...

Il aura fallu patienter pas moins de 3 ans suite à l'initial et encourageant album full length « I Am Silence » pour que revienne dans les rangs le combo doom atmosphérique gothique norvégien. Désormais, ce sont des orientations plus dark, prog, voire heavy, accolées à l'empreinte doom gothique, qui transpirent du bien-nommé « Darkland », second effort de longue durée, signé chez Black Bards Entertainment. C'est toutefois, à nouveau, dans le sillage stylistique et atmosphérique conjoint de Draconian, The Gathering, The Flaw ou encore My Dying Bride, que se calent les 9 pistes de cette offrande s'égrainant sur un roboratif ruban auditif de près d'une heure. Pour ce faire, quelques changements de line up se sont opérés au sein du groupe et voient l'arrivée d'Oskar Naley au chant, Ruben Osnes (Thundra) et Arne Marton Tangjerd (Pictures Of Pain) aux guitares, rejoignant ainsi la frontwoman Kirsten Jorgensen (Reism), le batteur Harald M. Revheim (Thundra, ex-Enslaved) et le multi instrumentiste Stein Roger Sund. Il en ressort des compositions techniquement plus abouties, plus mûres dans le jeu d'écriture, offrant une atmosphère plus sombre, plus habitée qu'auparavant, tout en étant calées sur le schéma de la belle et la bête. Quant à la qualité de production, elle s'avère plus efficiente, plus propre, cristallisant un travail minutieux et opiniâtre en coulisse.

C'est dans une tourmente crépusculaire frissonnante, un poil gorgonesque que s'offrent les pièces les plus emblématiques d'un panachage stylistique encore peu éprouvé par le combo, dont certaines témoignent de remarquables arrangements et d'une inspiration déjà observée et toujours présente sur cet opus.
Ainsi, l'offensif et torturé titre éponyme « Darkland » laisse exulter une bête growleuse sortie de sa tanière que vient rejoindre et se placer en alternance sa belle qui, de sa troublante et claire empreinte vocale, enchante le tympan, notamment sur un refrain des plus magnétiques. L'ombre de Draconian plane sur une piste résolument dark gothique et mélodique où les riffs rageurs et un tapping martelant ne lâchent jamais la bride d'une rythmique orageuse. Pour sa part, le frondeur et sculptural « Until the End », d'inspiration doom atmosphérique gothique, se place dans la sillage mélodique de The Flaw. Un riffing effilé étreignant une rythmique plombante ouvre la voie d'accès à une plongée dans les entrelacs lugubres de cette aubade glacée. Un délicat pont mélodique dicté par de jolis arpèges au piano, calmant pour un temps la tempête, laisse la bête ronchonneuse nous conter ses délires spectraux sur la reprise. On se plait à se perdre dans les méandres atmosphériques prodigués par des gimmicks bien amenés, et la sauce prend, in fine.

Par ailleurs, un tapping mitraillant nous assaille sur le tourmenté et énigmatique « Sjelelaus », titre doom gothique à la rythmique syncopée de la trempe de The Flaw, avec une touche de Draconian. D'un lyrisme enchanteur, cette plage renferme son lot de variations atmosphériques, de changements de tonalité que nous octroie le duo mixte. Enfin, fougueux et délicatement mélodique, dans la veine conjointe de Tristania et Draconian, « Withered Garden » séduit par ses refrains mordorés, un peu moins sur les couplets au demeurant plus linéaires. Mais, l'atmosphère doom est sauvegardée tant par une colérique et visqueuse instrumentation que par les incessantes attaques de la section rythmique savamment distribuées. Les infiltrations oratoires du duo s'avèrent précisément placées et, se relayant, génèrent un jouissif champ de contrastes.

Sinon, fait nouveau, le collectif a estampé une touche progressive à son message musical sur deux passages roboratifs, effort qui a témoigné d'un réel élan d'inspiration sur le plan technique sans pour autant sacrifier la mélodicité, loin s'en faut. D'une part, des choeurs progressivement amenés nous immergent dans le bain orchestral aux remous progressifs de « My Sin », petite fresque mélodieuse en mid/up tempo jouant les séductrices alanguies. On ne résistera pas bien longtemps au captateur appel de la sirène sur un couplet quasi hypnotique, ni même aux sauvages et angoissants assauts de son compagnon de growler en substance. Ce faisant, on est pris dans les filets qui nous sont tendus par une orchestration délivrant une charge émotionnelle difficile à contenir, à commencer par de saisissantes alternances de sweepings et pickings à la lead guitare. Assurément une pièce épique s'inscrivant parmi les temps forts de cet opus. La boucle est bouclée avec les choeurs, indice révélateurs de finitions passées au crible. D'autre part, lentement et inexorablement se déploie la fresque de ce manifeste, à l'instar de « Epitaph », outro servie avec les honneurs par un couple oratoire plus habité que jamais. On ressent toute l'influence de Draconian sur les 9 minutes de cet acte mid tempo progressif d'une noirceur infinie. Mais l'engageant fil mélodique n'est jamais rompu, malgré les changements de rythme et les ardentes impulsions d'une instrumentation au bord de l'apoplexie. Soudain, un récitatif s'insinue au beau milieu de cet océan outremer, précédant une reprise en douceur sur le couplet, mise en habits de lumière par les envolées de la déesse. Par un jeu d'ombre et de lumière, les saillantes meurtrissures d'une bête enragée viennent nous blesser le pavillon, comme pour nous rappeler que l'on a bel et bien changé de cap, sans pour autant renier ses origines.

Lorsqu'il ralentit la cadence, le groupe n'a pas perdu de sa superbe depuis son dernier méfait. Ainsi, le mid tempo obscurantiste d'obédience dark atmosphérique gothique « Evig Natt » octroie des riffs graveleux adossés sur une souple rythmique au fil d'une sente mélodique nuancée, dans le sillage de The Gathering, avec un zeste de Tristania quant à l'atmosphère de fond dispensée. Sur un cheminement harmonique de bon aloi, le couple mixte fonctionne à plein, offrant un saisissant champ de contrastes entre les patines angéliques de la sirène et les serpes oratoires de son comparse de growler.

Quand on touche aux moments tamisés, la lumière se fait douce d'une part, et trouble de l'autre. Exercice délicat pour lequel nos compères n'ont pas plaint leur peine et qui appelle soit à la contemplation ou à la réflexion. Aussi, la profonde et émouvante ballade « I Die Again », distillant d'excellents arrangements et un subtil picking à la guitare acoustique, est une véritable invitation à l'exploration intime de notre être. Romantique, à la mélodicité fondante et poignante à la fois, cette délicieuse promenade atmosphérique largement entretenue par les très fines oscillations et le filet de voix doux-amer de la déesse, recèle toutefois un message d'une extrême gravité, nous faisant dès lors nous questionner sur le sens de la vie pour mieux appréhender le moment ultime de la fin du voyage dans le temps. Ce que nous conte en substance le growler en arrière-fond. Magique... Dans une toute autre ambiance, des sonorités troubles d'un piano mélancolique entament « The Wanderer », sinistre titre doom gothique à la touche dark typiquement « draconien ». Sur ce low tempo à la couleur ocre, grincent les riffs et attaquent les serpes oratoires d'un growler placé en frontman, sa douce lui laissant dès lors le champ libre, bien que sise en background.

Au final, on découvre un album à l'inspiration féconde ayant une saveur dark particulière à laquelle nos acolytes ne nous avaient pas encore habitués, qui se dompte au fil d'écoutes circonstanciées. La qualité logistique de la production tout comme la technicité et la mélodicité sont au rendez-vous de nos attentes. Pour les amateurs du genre doom atmosphérique gothique à chant mixte, ce second propos recèle une atmosphère certes plus sombre que ce ne fut le cas pour le premier opus, mais nombre d'effets de surprise, de variations, susceptibles d'éveiller d'authentiques plaisirs. Si les sources d'influence pèsent encore sur les champs harmoniques et esthétiques de plusieurs pistes, une identité artistique insufflée tant par ses séries d'accords originaux que par son set d'écriture, transparait dans cet effort. Du caractère, de la personnalité, du mystère, de la romance, de l'émotion, cette livraison n'en manque pas. On se fera fort d'aller goûter au fruit d'un travail passionné et délicieusement patiné...

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