Liste des groupes Dark Ambient Sombre Présage Errance

La nuit tombait lorsque l'homme abattu vit se dessiner, au loin, les premières ombres fantomatiques et surréalistes d'un village où tout du moins d'un triste petit hameau. Depuis le temps qu'il attendait, qu'il cherchait en vain, il avait fini par réussir.
Sa triste Errance solitaire, qui avait failli le rendre fou allait enfin pouvoir prendre fin. Le misérable chemin de terre par lequel il avait traversé la forêt, commençait tout doucement à s'élargir et à prendre l'apparence d'une véritable route.
D'un pas plus léger que jamais, il reprit sa route plein de nouveaux rêves et d'espoirs, qui autrefois enfouis, ressurgissaient des tréfonds de son âme. Pourtant au fur et à mesure qu'il approchait de ce qui semblait être l'entrée du lieu de son salut, un sombre doute s'immisça dans son esprit.
Puis soudain, il l'entendit, derrière lui, la bête attendait son heure. Elle le suivait depuis le premier jour, il se rendit alors compte que le choix ne lui appartenait plus, il devait avancer, il y était contraint.

Formé en 2005, à Lyon, Sombre Présage a déjà réussi à imposer son nom sur la scène de doom métal. Officiant dans un doom drone d'une qualité remarquable, chaque album avait jusque là, réussi à faire parler de lui de manière élogieuse.
En 2008, est sorti le dernier album intitulé "Errance". L'attente qui n'aura que duré un an va alors faire germer la question de la qualité, de l'innovation, de la prise de recul, que Voxum, unique membre du groupe, aurait pu avoir en si peu de temps.

Le premier constat est que malgré le nombre peu important de pistes, trois au total, l'album dure relativement longtemps, environ 45 minutes.
Les pistes sont fidèles à l'esprit du drone et s'étirent de manière grotesque et décourageront rapidement les non initiés à ce style si particulier et malsain.
Œuvre monolithique et compacte, nous faisant pénétrer dans des caveaux humides où insectes et créatures nocturnes règnent en maitres absolus, on se sent vite submergé par la densité et l'opacité entourant chacune des pistes.
Ici tout se situe dans l'ambiance, dans le ressenti. Le monde ne se crée pas de lui-même comme dans bien d'autres albums, il faut tout imaginer, pouvoir se projeter un monde personnel et dénué d'humanité.

Au niveau sonore pur, la guitare et la basse étirées, bourdonnantes, d'une lourdeur insondable se veulent hypnotisantes. On peut aussi remarquer la nappe de synthé qui vient délicatement se poser sur la piste "Abandon".
Des cris vont résonner, émergeant des entrailles les plus profondes de cette abysse de noirceur (Abattement), les cris vont ainsi encore alourdir un peu plus ce tableau horrifique dépeint par Voxum.
Tout est fait pour que les instruments ne contribuent qu'à l'ambiance. Pas d'envolée subite, pas d'excès de violence dénuée d'intérêt. Tout se veut sobre, simple et subtil.

Le point noir est, le même que pour la plupart des œuvres personnelles et particulièrement de drone, la difficulté de se plonger dans un tel monde torturé et aliéné. Il est en effet impossible de pouvoir disposer de repaire ou même d'une quelconque notion de temps lors de l'écoute d'une telle galette.
L'auditeur se retrouve vite perdu au détour des nombreux chemins qui s'offrent à lui. Aura-t-il réellement l'envie de continuer à arpenter les sinueuses artères jonchées de cadavres d'une création moribonde.
Un esprit totalement sain peut il avoir l'envie irrépressible de continuer son périple alors que celui-ci ne lui réserve que peu de surprise. Veut- on et peut- on poursuivre une voie aussi longue et ardue sans en dévier un seul instant.

Difficile à appréhender, "Errance" reste malgré tout une référence que l'on se doit d'écouter si l'on aime le drone, les ambiances organiques et funèbres. L'album permet de nous faire voyager, de nous évader dans un monde, qui bien que glauque, réserve de belles surprises pour peu qu'on se donne la peine d'en chercher.

Après avoir erré pendant des temps incalculables, l'homme se retrouva enfin dans un village. Il avançait prudemment, craignant constamment une mauvaise rencontre, ou que son esprit embrumé et fatigué le trompe.
Arrivé au milieu du village, la peur l'envahit, il était seul. Les habitants étaient tous partis depuis de nombreuses lunes, le village avait été vidé.
Soudain derrière lui, provenant de la forêt, il l'entendit, le cri de la bête. L'homme perdit alors toute espérance, abandonné de tous, il allait passer les derniers jours de sa vie, seul.
Résigné, il s'assit à même le sol et décida d'attendre celle qui le poursuivait depuis des années. La mort allait mettre fin à son éternelle Errance.