Après le carton planétaire critique et commercial du Néo-
Metal bien propret et gentillet de
Linkin Park s’entrouvrit, il y a bientôt dix ans, une brèche de laquelle sortit rapidement un nombre colossal de groupes Néo et Alternatif, comme on pouvait s’y attendre. Et bien entendu, il y avait de tout et pour tous les goûts ; du mauvais, du moyen, du bon, et même (si, si !) tu très bon parfois.
Red fait partie de cette dernière catégorie. Ou en tout cas en faisait partie à l’époque d’
End of Silence, leur premier album.
La musique de
Red, c’est tout d’abord la base musicale du Néo développée sur Meteora : guitares sous accordées (sans pour autant associées à de bon gros riffs bourrins), voix tantôt puissante tantôt écorchée, et surtout piano. C’est ensuite en se focalisant davantage sur l’utilisation de ce dernier et également du violon que
Red va développer tranquillement une identité qui lui est propre, omniprésente sur la galette qui nous intéresse.
Si cette recette résultant du couplage d’instruments nobles associés à la musique classique et de sonorités Heavy n’a à première vue rien d’innovant (
Evanescence avait déjà accédé à un succès fondé sur cette même recette trois ans auparavant avec
Fallen, de même que les teutons de
Rammstein avaient déjà eu l’idée sur Mutter de magnifier leur metal en lui apportant la délicatesse du violon), elle s’avère chez
Red être concoctée recherche et subtilité, ce qui au final aboutit sur une musique à l’atmosphère beaucoup plus baroque.
Cette atmosphère est palpable dès les premières notes du couple piano/violon durant l’introduction de l’album, et est maintenu même après l’explosion des guitares intervenant sur les deux premières vraies pistes de cet opus, «
Breathe into Me » et «
Let Go », construites telles deux sœurs jumelles. Elle se fait alors plus ressentir à travers les refrains et les breakdowns, les couplets étant réservés à davantage de froideur, froideur que le chant et les cris du vocaliste viennent soutenir. Mais bien conscients qu’il serait dommage de trop limiter cette ambiance si particulière, les cinq ‘ricains ont eu la bonne idée de mettre leur lourdeur typiquement néo-metal de côté par moment, afin d’offrir à nos oreilles une atmosphère carrément onirique par moment. Ainsi, des titres comme la superbe «
Already Over » (sans doute la plus représentative de la musique de ses créateurs) ou même la très réussie ballade acoustique « Pieces » ne demandent qu’à vous entrainer dans un monde à part. Le chanteur laisse alors exploser toute la puissance et la beauté de sa voix (sincèrement, quel chanteur ! On a sûrement là l’alter-ego masculin d’Amy Lee), qui agit grâce à l’influence des paroles quelle sublime comme un catalyseur de la douleur que chacun aime à enfouir en soit.
Mis à part peut-être la dernière piste (la sympathique mais mollassonne version acoustique d’
Already Over, qui dénature quelque peu l’impact de l’originale), chacun des titres saura surprendre et conquérir l’auditeur à sa manière, alternant tous différemment les éléments sonores caractéristiques du groupe. La linéarité presque lyrique de «
Lost », les montées en puissance de « Break Me down », l’alternance des riffs et des ambiances de « Wasting Time »… L’album ne souffre d’aucun temps mort, et l’attention de l’auditeur est maintenue de la première à la dernière seconde, ce dernier se trouvant systématiquement en état d’ébahition devant la beauté et la cohérence de la musique du groupe.
Red se démarque d’entrée de jeu et frappe un grand coup, proposant un premier album admirable de beauté, d’horizons musicaux adroitement mélangés, et qui jouit d’une grande accessibilité. Ce dernier point pourra en rebuter certains (comme toujours de toute façon dès qu’un groupe propose une musique que des adolescents peuvent s’approprier), mais dans le monde du Néo/Alternatif, peu de groupes peuvent se vanter d’autant de qualités dès leur débuts.
Merci pour cette superbe chronique qui m'a d'ailleurs donné envie de me replonger au cœur de cet album!
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