Bon, on ne peut pas dire que cette claque-là nous prenne par surprise, puisque le succès critique de «
Sphynx » avait déjà mis la puce à l'oreille de nombreux amateurs d'un métal extrême mais ouvert d'esprit. Toutefois, je ne m'attendais quand même pas à être scotché à ce point.
A peine le riff qui ouvre "
Rebirth Of The
Nemesis" a-t-il déboulé que
Melechesh imprime sa patte sur ce très bon opus, avec ce mélange particulier et captivant de blasts et de hurlements black-métal, de riffs simples, mélodiques et accrocheurs, et surtout d'ambiances moyen-orientales qui confèrent à "
Emissaries" un souffle épique et décalé des plus agréables. Enfin, agréable, faut pas déconner non plus, on reste en présence d'un disque de black-trash, et on se prend ici quelques mandales pas piquées des vers: "Ladders to
Sumeria" est un énorme brûlot, et l'enchaînement "Gyroscope" / "Double Helixed
Sceptre" marque au fer rouge le milieu de l'album. Quant à "Lepper
Jerusalem", sans doute du titre le plus trash de l'ensemble, il ne laisse pas l'herbe repousser après son passage.
Mais ce qui fait tout l'intérêt de la démarche de
Melechesh, ce sont ces morceaux plus longs, plus alambiqués, où le groupe prend le temps de développer des ambiances qui vous emmènent loin, très loin de votre petit univers gris et urbain. C'est vraiment au réveil d'un démon que l'on assiste sur "
Rebirth Of The
Nemesis"; "
Sand Grain Universe" alterne violence débridée (cette intro!) et passages d'une lourdeur effroyable; "
Emissaries", avec son tempo plus lent, nous écrase lentement jusqu'à ce que déboule un solo lumineux qui clôt le morceau en beauté, nous ramenant ainsi vers la surface. Et croyez-moi, mieux vaut être préparé avant de s'engager dans les sept minutes de folie pure de "
Deluge of Delusional Dreams", qui porte bien son nom: tout ici part en roue libre, tous les éléments constitutifs du groupe s'entrecroisent pour un résultat débridé et génial, qui vous laisse épuisé mais avec un grand sourire béat aux lèvres.
La technique des musiciens est sans faille, avec une mention spéciale aux guitares, à la fois puissantes, subtiles et accrocheuses, et à la batterie, véritable épine dorsale de l'ensemble, qui passe de mid-tempos bien pesants à des envolées tout en blasts et en roulements.
"
Emissaries" est donc un coup de maître. Espérons seulement que cet album permettra à
Melechesh de dépasser le cadre du succès critique pour obtenir une véritable reconnaissance publique. Ils le méritent amplement.
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