Chabtan est un jeune groupe de Metalcore/
Deathcore Parisien formé en 2011. La bande est à ce jour composé de Jean Philippe Porteux et Dimitri Merly à la guitare, Christopher Rousseau au chant, Romain Druhaut à la batterie et Laurent Gaspellati à la basse. En
2012, le groupe sort son premier EP intitulé
Eleven, un nom étrange surtout quand on voit que l’album est composé de sept pistes. Pour comprendre la signification du titre de l’album il faut se plonger dans la source d’inspiration du groupe : la mythologie mésoaméricaine. Ainsi dans les croyances Maya,
Chabtan incarnait le dieu de la mort violente et des sacrifices. Il est souvent associé au nombre onze (d’où le titre
Eleven) qui figure parfois dans le glyphe au-dessus de sa tête. Bref après la petite référence historique, observons avec attention la magnifique pochette qui orne l’EP. L’artwork représente le Quetzalcóatl, une divinité très vénérée par les peuples mésoaméricains. Son culte incluait parfois des sacrifices humains d’une extrême violence.
C’est d’ailleurs par ce côté sanglant que le groupe ouvre l’album avec
Cult Of Blood. Il s’agit là d’une intro inquiétante avec des éléments tribaux et des chœurs dans une ambiance lourde et malsaine qui laisse à penser qu’on est en train de procéder à un sacrifice. Puis le titre suivant arrive à toute allure dans un concert fracassant de blasts, de vocaux écorchés, de growls caverneux et de riffs assassins. This Day Is
Red se révèle être un morceau d’une efficacité redoutable au caractère très Hardcore. Il s’ensuit un
Betrayer qui du haut de ses cinq minutes aurait pu être le meilleur morceau de l’album mais dont l’utilisation du chant clair a réduit ses chances à néant. Sur ce titre, le chant clair est vraiment contrastant et casse trop la dynamique de départ. De plus, on sent ces vocalises un peu bancales et beaucoup moins maîtrisées que le chant hurlé qui est par ailleurs excellent. Sur Divine
Vengeance, c’est déjà mieux le chant est mieux exploité avec cette dualité chant/hurlement moins dérangeante sur le refrain.
Toutefois les choses vont un peu s’améliorer dès l’entrée en scène de Bloodstain
Hate. Ce titre, sans doute le meilleur de l’album, allie très bien le côté Hardcore du groupe avec son penchant pour la mélodie pour un rendu très plaisant. Le chant clair s’avère toujours être un inconvénient en étant maladroitement utilisé et arrivant souvent comme un cheveu sur la soupe. Toutefois il est plutôt bien pallié par les riffs mélodiques qui servent à accrocher l’auditeur sans problème. Le batteur, quant à lui, est toujours au sommet de sa forme et nous offre un jeu à la fois puissant et technique dont la rythmique endiablée se révèle terriblement entraînante. Sur Nacon, le groupe s’essaie dans un registre similaire à celui utilisé sur
Betrayer à savoir du bon gros
Metal Hardcore au rendez-vous sauf que là, le morceau est aussi vite passé qu‘il est aussi vite oublié. Mention spéciale quand même au guitariste qui réalise un joli solo assez technique même si trop démonstratif et manquant d’âme. On finit notre écoute avec Worshiping Death, un dernier passage sous rouleau compresseur avant de terminer avec
Eleven, une outro lisse et symphonique.
On pourrait donc reprocher à cet EP dans un premier temps son inégalité. En effet on trouve de très bons morceaux (This Day Is
Red et Bloddstaine
Hate) et des morceaux faibles souffrant de douloureuses erreurs dans leur structure et leur composition (
Betrayer et Nacon). Mais
Eleven a aussi un autre problème majeur auquel il nécessite de faire face : la linéarité. Au fur et à mesure que l’album avance les titres deviennent monotones. Certes l’utilisation du chant clair sur
Betrayer garantit un effet de surprise immédiat (bon ou mauvais en fonction des personnes) et permet de diversifier la musique, mais plus les titres s’enchaînent plus il devient commun et son utilisation maladroite et hors contexte nuit à la synergie de l‘album. Ces trois défauts, font d’
Eleven un album mitigé qui vogue constamment entre le bon et le médiocre. Avec des plans mélodiques de toute beauté, des soli à couper le souffle, des breakdowns ravageurs et un chant hurlé fort plaisant le quintette Parisien a clairement les armes mais doit apprendre à mieux les utiliser.
Excellente chronique, nous avons tout les deux le même point de vue : Le chant clair un peu paumé par moment, et une musique diversifiée.
Néanmoins il ne faut pas perdre de vue que ce n'est là qu'un premier essai. Et pour être franc je trouve que cet EP a pas mal de bonnes idées par rapport à celui de Betrayed Heaven par exemple. Je t'invite à écouter l'EP d'Ironblast, là c'est de la linéarité et c'est mou du genoux.
En dehors de ça très bonne chronique !
Merci pour la chronique ;-)
Quant j'emploie le terme linéarité je ne dis pas par là que c'est mou j'essaie de faire comprendre qu'au bout d'un certains temps, on commence à bien connaitre la formule utilisée et ça peut en devenir ennuyeux, c'est toujours la même structure et c'est un reproche que je fais à beaucoup de groupes.
Je suis quand même conscient du potentiel que Chabtan possède, d'ailleurs la phrase final le résume assez bien. Pour moi cet album est un témoin du bon potentiel du groupe.
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