Mighty Music valorise beaucoup les jeunes groupes du Danemark et ceux qui suivent un peu les sorties s'en seront bien rendu compte. Malgré tout, il semble avoir un petit faible pour les formations françaises :
Obdurated,
Deathronic,
No Return,
Solekahn,
Temnein...autant de combos ayant pu faire leurs preuves grâce à la confiance et à la grosse distribution du label danois. Et ce dernier n'a pas dit son dernier mot puisqu'il a récemment enrôlé
Chabtan. Originaires de
Paris, les cinq membres ont commencé leur aventure en 2011 et l'ont consolidée avec un premier EP sobrement appelé "
Eleven". Son accueil n'a pas toujours été très élogieux mais on le sait très bien, il en faut beaucoup plus pour intimider une jeune formation désireuse d'aller encore plus loin, surtout lorsqu'elle a un concept atypique. Même si
Chabtan ne fait pas trop dans l'originalité en fusionnant du melo death à la
In Flames /
Arch Enemy et du -core à la
Chimaira /
Whitechapel, il s'intéresse tout particulièrement à la mythologie mésoaméricaine , dans laquelle la mort était très présente fut un temps. "
Chabtan" était d'ailleurs le dieu de la mort et du sacrifice. De plus "Coatlicue", comme l'indique le titre du nouvel album, était la déesse de la fertilité. M'est d'avis que ces deux divinités ne devaient pas être en très bons termes à l'époque des Aztèques et des Mayas. Et la musique des Français nous le fait bien ressentir !
La pochette de ce "
Kiss of Coatlicue" regorge de références. Les serpents autour de la jeune femme au centre peuvent sans doute faire allusion au Quetzalcoalt, le serpent à plumes. L'éclipse de soleil représente l'une des plus grosses craintes des Aztèques. Pour eux, le soleil est symbole de la vie et de l'équilibre sur la Terre, et les éclipses mettent à mal ce soleil, qu'ils considèrent comme attaqué. Pour redonner vie et force au soleil, les Aztèques sacrifiaient en masse bon nombre de leurs congénères, pensant que leurs âmes guerrières pourraient vaincre l'adversaire. Le titre "
Astral Monsters" pourrait représenter cette attaque avec son riffing véloce, quoique très classique, son growl rageur, ses saccades et ses changements de structures. Par contre, j'ai du mal à comprendre la présence de la femme de type occidental sur la pochette. Quand je pense aux Mésoaméricains, je vois tout sauf des blonds à la peau claire.
Pour revenir à la musique,
Chabtan veut faire un metal français moderne. "Moderne" n'est pas le terme que j'emploierais, d'autant plus que l'appellation est désormais utilisée à toutes les sauces et que le groupe enchaîne les passages classiques : envolées mélodiques et riffings scandinaves à la
In Flames et consorts, alternance de growls, de chants plus criards et de quelques lignes claires, et quelques touches core qui vont bien et qu'on entend depuis de nombreuses années. En cela,
Chabtan ne révolutionne rien, que ce soit sur "Ixtab", "Anthropomorphic
Beast", "Reptile" ou encore "The
Nahual's
Omen". Il y a cependant de bonnes accélérations et de bons moments de rage qui rendent ces titres là brutaux et sans concessions. Les amateurs devraient aimer.
Cependant,
Chabtan arrive, malgré tout, à tirer son épingle du jeu en mettant en avant des passages ethniques, très mésoaméricains, comme sur l'intro de "
Born from Vucub Caquix", ou des lignes de claviers assez dramatiques, rendant l'ensemble plutôt intéressant. Ce n'est pas moderne pour autant mais ça apporte un peu de fraicheur au mélo death qui tend souvent à sonner de la même manière. Niveau guitares, on est dans le typique, mais heureusement que des éléments externes viennent s'incorporer, comme sur "Ah Puch Reign" avec ses percussions, son clavier, sa guitare acoustique et son ambiance sombre. L'éponyme "
The Kiss of Coatlicue" se situe dans la même ligne de conduite mais met en avant des éléments black metal bienvenus, alternant couplets rentre dedans et catchy, et refrains plus mélodiques au chant clair. La structure est classique mais elle est si bien exécutée qu'on se prend vite au jeu, et le solo est sympathique.
Il s'agit là d'un premier album plutôt prometteur. Les Frenchies ont corrigé certaines des erreurs commises dans l'EP "
Eleven", notamment les maladresses dans l'enchainement des structures, mais aussi la linéarité. Ce full length s'écoute d'une traite et s'apprécie petit à petit, même si quelques titres restent en-dessous. Tout ne peut pas forcément être bon. Des progrès ont été faits et d'autres restent encore à faire, surtout dans le riffing, trop classique et convenu. En live, ça doit dépoter, mais sur une chaîne hi-fi, ça sent le réchauffé. En tout cas, le son est à la hauteur, et pour cause : le mixage et le mastering sont signés Fredrik Nordstrom (
Arch Enemy,
In Flames,
Dimmu Borgir....). On comprend alors d'où sort ce petit côté scandinave...
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