Peut-on traduire "
Madder Mortem", compilation d'anglais et de latin, par "mort plus folle" ?
Je l'espère. Ayant découvert ce groupe avec
All Flesh Is Grass, je... Bref. Ce premier "véritable" album, apprivoisé à la troisième écoute, résonnait d'une Folie, d'une originalité tellement éclatante que l'amour s'est déclaré entre nous, malgré sa pochette rebutante - "parfaitement dégueulasse", ai-je pensé.
Entre cet Art délirant et
Desiderata, l'album que je vais chroniquer, il y a
Deadlands, trou en ce qui me concerne dans la discographie des Norvégiens.
All Flesh Is Grass explosait littéralement partout,
Desiderata est plus calme. Mais pour lui aussi, plusieurs écoutes sont nécessaires ; certaines chansons comme "The Flood to Come" peuvent facilement paraître trop lisses et trop pop du premier abord. Mais tel est le secret du groupe : ne pas s'arrêter aux apparences.
Avec Agnete M. Kirkevaag comme vocaliste,
Madder Mortem se démarque déjà des groupes à chanteuses "poules à gros seins et aux voix convenues", puisque la jeune dame est assez ronde. Il faut chercher dans ses yeux rieurs, porteurs de Folie douce, semblant annoncer un rire énorme, pour se la rendre sympathique. Et sa voix : non pas lyrique, mais plutôt SPÉCIALE : des vocaux uniques, passant de l'aigu dément à un timbre plus normal mais plus grinçant, plus hoqueté.
Desiderata conserve parfaitement cette empreinte "Madder" : celle de nous emmener là où nous ne nous y attendons le moins. Déjà sur
All Flesh Is Grass, la caractéristique était flagrante - à commencer par "
Breaker of Worlds" -, tant dans l'instrumentation que dans le délire d'Agnete, sur cet opus montrant deux colombes cherchant à se rejoindre mais arrêtées brusquement par deux chaînes autour de leur cou, c'est confirmé. D'ailleurs, pour continuer sur la pochette, l'image ne signifierait-elle justement pas ce "Vous croyez... mais non !" ?
Le délire continue ; "
My Name Is Silence" commence sur un chuchotement, puis un passage très "métal", mais on passe par un solo de basse claquante pouvant rappeler les
Red Hot Chili Peppers - comment ? Eh oui... -.
Passages où nos nuques se briseront avec délices sur les écueils de la Folie, fils tendus à craquer de larsen contrôlé - si, si -, évasions mélodiques sur "Evasions", gouttes de funk, et... et mon analyse se perd tellement les facettes se démultiplient !
On s'avoue vaincu, et c'est le but final : la Raison si chère à Kant et autres dogmatiques est bannie ici, il ne reste qu'à apprécier ce kaléïdoscope délicieusement anarchique, ressentir, vibrer, mais surtout s'étonner, partir d'un rire monstrueux en se rendant finalement compte que ce patchwork de génie est définitivement unique, d'où le fait que la tentative d'étiqueter le groupe se révèle plate. Aucun style, si ce n'est "inclassable", "inconnu" ou "O.V.N.I.".
A posséder absolument pour les fans de bizarreries, de Folie et de groupes habités d'une essence propre.
18/20.
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