On ne sait rien de la Lettonie, qui se veut très discrète et ce même après son entrée dans l'
Union Européenne. Même en matière de metal, il n'est pas facile d'avoir un nom qui nous vienne à l'esprit, à l'exception de
Skyforger pour son black folklorique. Pourtant il y a
Ygodeh qui se cache du côté de Daugavpils, un petit groupe semblant fuir le folklore et les traditions baltes de son pays. En effet, le quatuor préfère se focaliser vers le futur et les progrès scientifiques, dédiant son premier album «
Dawn of the Technological Singularity » aux éléments artificiels qui se sont développés et qui accompagnent notre vie quotidienne. En outre, la formation se dit pratiquer du « synthetic death metal » mais n'exclue pas les termes de « cyber death metal », décrivant bien leur type de musique.
Car
Ygodeh arrive bel et bien à transformer son metal en quelque chose d'assez artificiel, utilisant autant de samples que de claviers pour créer une atmosphère sombre et étrange, assez âpre et résolument synthétique. Faute de moyen, la production peine à imposer une certaine puissance, que ce soit dans les synthés que dans les guitares, qui peinent à se faire un chemin vers le devant de la scène. Toutefois ces dernières aux riffs death et techniques arrivent à instaurer un côté froid et aseptisé, parfois proches des machines au niveau de leur sons. A contrario, la basse est un des principaux piliers, offrant des lignes déstructurées et « fofolles », à mesure que les différentes sonorités contribuent à instaurer cette atmosphère mécanisé et irrésolument synthétique.
De part sa breveté, l'album permet de nous offrir le maximum d'éléments sans non plus se perdre dans un dédale d'éléments. Même si tout n'est pas très mis en avant,
Ygodeh arrive tout de même à imposer des moments forts et jouissifs, tel un « Thus Is the
Will of the
Swarm » progressif et électronique, au growl quoique faible mais au final déshumanisé avec son rythme mécanique et ses râles perturbants. «
Lord of Rays », dédié au génial et célèbre Nikola
Tesla (le « maître de l'électricité » dans les paroles du morceau) souligne une facette épique grâce à ces guitares continues et ces parties orchestrales en arrière plan. Impossible de ne pas s'imaginer ce génie en train de manœuvrer toute sorte de machines pour arriver à ses fins.
C'est à partir de ce moment qu'un noyau symphonique perdure jusqu'à la fin de l'album, en couplage avec des sonorités électroniques cybernétiques du plus bel effet et des guitares véloces et chaotiques (« Before the Skies Are
Painted Black » ou « Matrix Cracked »). Rien de plus synthétique dans le domaine,
Ygodeh embarque avec son riffing technique et sa fusion d'éléments froids et rêches. « Tilting at Windmills » étonne avec son sample hypnotique très futuriste et son aspect sombre et post apocalyptique. Une fin de toute beauté malgré les imperfections dans les growls et la production des instruments.
Un album trop court peinant à montrer la créativité d'
Ygodeh, mais il ne peut être que prometteur tant l'ensemble reste bien ficelé et très synthétique, rangeant les Lettons dans la petite famille du cyber metal. Il ne lui reste plus qu'à dévoiler tout son potentiel et à nous octroyer une fusion des éléments digne de ce nom, tout en créant une pochette plus représentative de la chose (même si les machines et les industries présentes nous mènent sur la voie).
Pas une création qui va révolutionner ma façon d'appréhender la musique, mais un délicat bon moment en leur compagnie. Prions qu'un 2e enfant sorte de leurs entrailles prochainement :)
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