Ygodeh montre une régularité à toute épreuve avec approximativement un album tous les deux ans. Le groupe formé par le Letton Piton en 2010 continue sa route avec un cyber metal de plus en plus orienté vers la brutalité et l'expérimentation. On ressentait déjà pas mal le côté technologique sur le premier opus, même si timide et en retenue. « The Experiment Interrupted » annonçait déjà un virage plus death et plus symphonique, renforcé par le surprenant «
Inside the Womb of Horizonless
Dystopia ». «
Clinic of Maleficent », le nouveau rejeton, nous montre cette fois-ci une autre facette du quatuor.
Pour commencer, la pochette annonce la couleur avec ses tons passés et son mélange entre décor égyptien et décor mécanique. On sent que
Ygodeh est préoccupé par la prédominance de la technologie, annihilant peu à peu toute forme de culture et déformant la réalité pour entamer la déshumanisation. Cette dystopie, que l'on retrouve aussi bien dans la SF que dans les groupes de cyber, se met toujours en lumière dans la musique du combo grâce à ce côté synthétique qui transpire des pistes de ce «
Clinic of Maleficent ». Les riffs ne sont ni polyrythmiques ni teintés de tonalités djent mais se dotent d'un côté distordu et plaintif qui se marie bien avec le concept général. On l'entend sur « Molecules of Containment » mais aussi sur l'introduction bizarre et décalée « Translucent Vision of I » avec son piano grave et ses vocaux agressifs.
Les influences sont plus vastes sur cet opus, avec des pistes parfois plus lourdes et un groove plus prédominant rappelant les groupes à la Slipknot ; mais l'ambiance typiquement
Ygodeh remontre souvent le bout de son nez, avec des passages sombres et mystérieux et des violons inquisiteurs comme sur « RIP (Rehabilitated Indocrinated Propaganda) ». «
Ballad Experment » n'est pas un titre à prendre à la légère et il faut apprécier ce mélange de death, d'indus et de sympho, avec ces plans tantôt saturés, tantôt épiques, rappelant les débuts du groupe et un certain «
Lord of Ray ».
Il faut attendre la seconde moitié de l'opus pour découvrir les moments les plus expérimentaux du groupe, d'abord avec la suite des «
Fragments », ces petites pistes courtes instrumentales qui posent le décor. D'abord «
Fragment 5 » et sa guitare mélancolique, ensuite «
Fragment 4 » et ses chants étranges en reverb qui ne peuvent que déconcerter. L'éponyme résume à lui tout seul l'univers propre à
Ygodeh ainsi que la thématique principale de l'album, avec ses bidouilles cybernétiques en intro, son death lourd et saturé, ses plans symphos sombres et ses vocaux tiraillés entre le growl et l'éraillé. De même pour « Time and Space », qui clôt l'opus.
Les faiblesses sont toujours présentes : on retrouve ces petites choses qui faisaient partie intégrante des albums précédents, comme ces ralentissements, ces passages à vide, cette faiblesse dans les vocaux (malgré des moments plus tranchants) et parfois une certaine timidité et un certain manque de puissance dans les riffs et leur dualité avec la batterie. Cela déconcertera les plus avides de sensations, de rapidité et de brutalité pure. Pour l'heure, la patte
Ygodeh est toujours présente, à savoir ce cyber metal « synthétique » touchant au sympho et aux expérimentations.
Pas de grandes nouveautés à l'horizon, il faudra donc se contenter d'un album convenu, sans surprises.
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