Sur une idée originale du batteur et arrangeur Ferry Guns de créer, dès 2008, une formation musicale où domineraient les éléments symphoniques à inclure dans une trame rythmique metal, le quartet néerlandais s'est finalement constitué en 2011. Avec le concours de la mezzosoprano Cynthia Knoch, du guitariste Twan Smolders et du bassiste Peter den Bakker, Ferry nous livre un metal symphonique gothique et mélodique à la rythmique souple et bien ajustée, où la technique instrumentale a pour corollaire la grace des harmonies. Inspiré dans ses arpèges mais prudent dans sa démarche, le combo nous livre ses fraîches gammes à l'aune de cet introductif EP auto-produit, au sobre artwork, où s'enchaînent quatre morceaux n'autorisant guère plus de dix-huit minutes de longueur de ruban auditif. Influencé par l'atmosphère de
Within Temptation, les lignes de chant d'
Anneke Van Giersbergen, l'assise rythmique de
Stream Of Passion, quelques cheminements mélodiques de Revamp, le jeune groupe souhaite, lui aussi, livrer bataille. Et cela, avec un laconique mais saisissant «
Dark Light of Dawn », que peu avaient soupçonné l'existence.
Le groupe a davantage misé sur les jeux de nuances atmosphériques que sur une assise percussive mordante, bien que non dénuée d'énergie, selon les titres. Ainsi, on a affaire à un metal symphonique au riche environnement instrumental, parfois d'obédience heavy. L'entame de l'opus en est une illustration. Titre d'inspiration heavy symphonique, non sans rappeler
Within Temptation, « Destination
Darkness» déploie un riffing incisif accolé à un discret mais martelant tapping et une plombante section rythmique. Et ce, pour nous offrir un parcours serein, ponctué de breaks, sous la houlette d'un piano en liesse, et de reprises en contre-point des plus saisissantes, la belle poussant assez haut ses notes pour leur donner une saveur quasi lyrique, non sans évoquer
Anneke Van Giersbergen. Ainsi, on ne lâche pas d'un pouce cette piste orchestralement complexe, à la dynamique maîtrisée, qui sait retenir ses assauts pour les lancer au moment opportun. Et l'on ne quitte la plage qu'avec regrets...
Le combo s'est aussi montré diversifié dans son offre rythmique, sans sacrifier à la mélodicité de ses instants. Un riffing musclé attire le tympan avant de céder le pas aux gammes ouatées d'un sensible piano, sur le mid tempo « Passion », jouant sur les variations rythmiques avec aisance. Interprété avec finesse et justesse par la déesse, dans la lignée d'
Anneke Van Giersbergen (ex-
The Gathering) en voix de tête, avec un zeste de Marcela Bovio (
Stream Of Passion) en fond de voix, et
Floor Jansen (Revamp,
Nightwish), concernant le timbre, ce titre use également de ses atours guitaristiques pour nous séduire, et y parvient souvent. On ne résistera pas longtemps à l'envoûtante ligne mélodique inscrite sur la piste, notamment à l'abord des refrains, mis en habits de lumière par les inflexions délicatement modulées par la maîtresse des lieux. Le tout se clôturant avec un subtil dégradé de l'intensité du spectre sonore. Redoutable d'efficacité...
Le collectif a également pensé à disséminer quelques mots bleus dans son propos, mais sans en abuser, ni céder à la facilité qu'un exercice trop convenu aurait pu autoriser. Ainsi, de soyeux arpèges pianistiques suivent à la trace les angéliques envolées de la sirène sur « Nocturne », brève et douce ballade aux accords infiltrants et dénuée de rythme autre que celui de la musique des mots. Et la magie opère. Les effets de reliefs orchestraux octroyés par des nappes synthétiques aussi enveloppantes que mélodieuses achèvent de ravir nos sens. Mais là ne s'arrêtent pas les sensuels plaisirs. Un fond de choeurs se dessine pour nous accueillir sur « Memories », émouvante ballade au riffing feutré. De jolis accords à la guitare acoustique se conjuguent à la limpide et touchante empreinte vocale de l'interprète sur un parcours global aux délicates sinuosités synthétiques. Lorsque les refrains tout en souplesse s'offrent à nous, où chaque note tombe pile au bon endroit, ils ne manqueront pas de nous faire frissonner sans même avoir à forcer le trait. Avec un somptueux solo de guitare en prime, autant dire que l'exercice est relevé de main de maître.
Que dire sinon qu'on ne manquera pas d'y revenir, pour goûter une fois encore aux magnétiques arpèges et aux gammes des plus sensibles contenues dans la menue rondelle. Bien évidemment, avec quatre seuls titres au compteur, le groupe a dû aller à l'essentiel, ayant évacué d'autres exercices (fresques, instrumentaux, duos,...) qui peuvent manquer à l'appel. Mais, le choix opéré sur le contenu et les finitions des morceaux octroyés renseignent sur les prérogatives du combo. On comprend que
Beyond God se présente d'ores et déjà comme un collectif aux compositions affutées, au jeu d'écriture témoignant d'une fine plume, qui a su panacher son offre, en gommant tout parasitage sonore, eu égard à un travail de studio exigeant, pour un confort optimal de notre brève escapade au sein de ce paysage de notes enchanteur. N'ayant nullement recherché l'originalité pour un premier essai, le fringant combo a préféré opter pour des harmoniques sécurisantes, à la signature d'ensemble identifiable, pour un public qu'il souhaite élargi au-delà des strictes frontières du metal symphonique. Déjà embarqué sur une suite à donner à son projet avec un album full length en ligne de mire, c'est dire qu'il faudra compter avec lui pour assurer la relève dans un registre où règne une sévère concurrence. On attend donc le prochain épisode de l'aventure avec une impatience à peine dissimulée...
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