Porté par l'introductif et encourageant EP «
Dark Light of Dawn » (2013), l'expérimenté quartet néerlandais créé par le programmeur/batteur Ferry Guns en 2008 caresse désormais l'espoir de faire partie des valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Aussi, quelques trois années plus tard revient-il dans les rangs, avec, sous le bras, ce premier album full length répondant au nom de «
A Moment of Black ». Ce faisant, le combo nous octroie une œuvre généreuse de ses 48 minutes sur lesquelles s'enchaînent sereinement 11 pistes (dont les quatre titres de l'EP), sortie, cette fois, chez l'imposant label néerlandais Painted Bass Records. S'ensuivront de nombreux concerts à l'international, acte de communication significatif lui permettant, par là-même, d'élargir le champ de son auditorat. Preuve que le groupe batave aurait mis les petits plats dans les grands...
Dans ce dessein, le line up a subi quelques changements. A bord du vaisseau amiral, nous accueillent dorénavant : l'émouvante soprano Meryl Foreman (en remplacement de Cynthia Knoch), le guitariste Twan Smolders et le bassiste Lukasz Kubaszak (succédant à Peter den Bakker (TDW)), escortant Ferry Guns dans son projet. De cette nouvelle collaboration émane une galette d'obédience metal mélodico-symphonique gothique dans la veine de
Within Temptation,
Stream Of Passion,
Delain,
Anneke Van Giersbergen. Coproduit et enregistré par Ferry Guns et Twan Smolders, mastérisé et finement mixé par Jules Fransen, le propos témoigne d'une belle profondeur de champ acoustique et de sonorités parasites réduites à néant. Mais entrons plutôt dans la soute du navire en quête de quelques pépites enfouies...
Comme souvent dans ce registre, le bal s'ouvre sur une brève et cinématique entame instrumentale. Ce faisant, doté d'arrangements d'excellente facture, « A Beautiful Beginning » se pose tel un frissonnant premier acte où l'éveil s'opère en douceur, avant le déploiement d'une ''nightwishienne'' instrumentation samplée. Bref, un classique préambule aux airs de grande production hollywoodienne laissant augurer d'un spectacle haut en couleurs...
Dans ses passages vitaminés, assez souvent la valeureuse troupe nous immerge au sein d'enchanteurs paysages de notes que d'aucuns pourraient bien leur envier. Ainsi, dans le sillage de
Stream Of Passion, l'entraînant « Sail Away Upon a
Cloud » tout comme le pimpant « Destination
Darkness » interpellent par leurs soudains changements de tonalité et leurs délicats arpèges au piano autant qu'ils aspirent le pavillon par leurs fondants couplets. Non moins séduisant, dans l'ombre d'un
Within Temptation des premiers émois, le tubesque «
Ghost Ship », quant à lui, imposera sans jambage ses refrains catchy. On appréciera également le caractère enjoué de « Send a Child » et « Sonambula », deux toniques offrandes évoluant sur un riffing crocheté parallèlement aux cristallines inflexions de la déesse.
Lorsqu'il desserre la bride, là encore, le collectif ralliera d'un battement de cils le chaland à sa cause. Dans cette énergie, on retiendra, d'une part, le ''delainien'' mid tempo syncopé « Prince Creep » tant pour ses riffs grésillants que pour ses refrains immersifs à souhait. Enjolivé par les envolées lyriques de la sirène, à mi-chemin entre Marcela Bovio (ex-
Stream Of Passion) et
Anneke Van Giersbergen, l'enivrant méfait poussera irrémédiablement à une remise du couvert. D'autre part, c'est avec plaisir que l'on retrouvera le mid tempo progressif « Passion », à la fois pour son atmosphère mordorée, ses troublants harmoniques inspirés par
Stream Of Passion et ses insoupçonnées variations rythmiques. Autre gemme à inscrire à l'actif de nos quatre mousquetaires.
Que les aficionados de moments tamisés se rassurent, nos gladiateurs leur ont concocté quelques instants aptes à déclencher d'un claquement de doigts la petite larme au coin de l'oeil. Reprise de l'Ep, la ballade a-rythmique « Nocturne » se voit toutefois pourvue de nouveaux arrangements et des cristallines modulations de la maîtresse de cérémonie, lui conférant une saveur aussi exquise que singulière. On plongera également dans un océan de félicité à l'aune de «
Cursed », caressante offrande dotée d'une hypnotique ligne mélodique que n'aurait reniée ni
Delain ni
Xandria. Et comment résister aux magnétiques séries d'accords de « Memories », ballade romantique jusqu'au bout des ongles aux airs d'un slow qui emballe ?
De l'eau a coulé sous les ponts depuis leur premier effort, le groupe offrant aujourd'hui l'image d'une formation techniquement et mélodiquement plus aguerrie au regard de ses dernières compositions. Si ni l'originalité ni les prises de risques n'ont été prévues dans l'actuel cahier des charges, le combo néerlandais a compensé ces carences par une ingénierie du son passée au peigne fin, un propos aussi enivrant qu'avenant et fortement chargé en émotions, des portées savamment échafaudées sur chacune des partitions de ce répertoire. Cela étant, on aurait souhaité une palette plus étoffée sur le plan vocal, des exercices de style plus variés, une distanciation plus nette avec ses maîtres inspirateurs, et davantage d'épaisseur artistique accolée au message musical. Quoi qu'il en soit, huit ans après sa création, le collectif batave dispose désormais d'armes suffisamment affûtées pour espérer s'imposer parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Bref, une formation qui a le vent en poupe...
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