Dans votre salle aménagée en auditorium, tout est d’époque… de la veste flanquée de patches brodés par mamie, aux posters des légendes de la NWOBHM, finalement assez pratiques car ils vous libèrent de la corvée de tapisser. Quelle époque ! L’amertume qui émane de cette période disparue s’intensifie lorsque vous lorgnez honteusement la pelle électrique que vous aviez acheté espérant embrasser un jour une certaine notoriété internationale. Un acharnement qui vous a permis d’emmerder l’ensemble de votre entourage et de faire craquer Maman. Mais vous n’avez plus trop le temps, le travail, les courses, les gosses … dont les trombines n’apparaissent curieusement pas dans votre tanière. Pour quitter ce quotidien parfois un peu envahissant, vous vous servez un bon verre de votre breuvage préféré (je n’inciterai pas à la consommation d’alcool) et hop, vous insérez machinalement un skeud dans le Mange Disque …
Bon souvenir cette introduction… le premier
Metallica ? Non, malgré quelques ressemblances. Mais qui a donc pu composer ce « Screams In The
Night » à la fois speed, au son très équilibré et surtout sans concession ? Mais comme vous avez de l’expérience, vous continuez donc le blind test avec la ferme intention de trouvez l’auteur. «
Curse of the Damned », le second titre montre un côté épique, compact, mid tempo, bandant pour certains (la gente féminine pourra éventuellement l’apprécier mais l’exprimera d’une manière totalement différente…). La composition est finalement simple et accrocheuse, sans aucune fioriture… Mais quel est le nom de cet album fidèle à l’esprit des 80’s ? Ce disque vous aurait-t-il échappé depuis des décennies alors qu’il se trouvait sous votre nez? Ce cocktail de
Chariot,
Thin Lizzy, Tyger of Pan
Tang (et j’en passe) est tellement troublant qu’il faut faire cesser le suspense… .
De ce magnifique écrin à la pochette typique jaillira l’album de
Night Demon, «
Curse of the Damned » disponible en cd ou LP selon vos goûts et l’ancienneté de votre matériel. Ne vous y trompez pas, la formation est belle et bien actuelle. Après ce dur retour à la réalité, continuez à siroter la boisson que vous affectionnez tant et tentez de vous immerger de nouveau dans cette atmosphère si particulière transpirant la nostalgie… Profitons des quelques instants de repit avant que la douce voix de Maman ne vous appelle avec assistance, car vos pâtes vont être froides, pour mobiliser toute notre attention sur le reste de l’album.
«
Curse of the Damned » est tout droit issu du cerveau fécond du power trio américain, rassemblé à l’initiative du bassiste guerrier Jarvis Leatherby et très vite rejoint par Brent Woodward guitariste et du dernier batteur en date D. Squires . «
Night Demon » puise son inspiration auprès des groupes sus-cités mais aussi au travers du punk déjanté des Misfits.
Après la réalisation de son premier EP sobrement intitulé «
Night Demon » initialement composé de quatre titres puis agrémenté de reprises live lors du second pressage, les responsables de SPV ont décidé de prendre sous leurs ailes nos jeunes gens jouissant déjà d’une belle notoriété. Le label germanique produira et distribuera le premier véritable album «
Curse of the Damned ».
L’ambiance qui règne sur ce «
Curse of the Damned » fleure bon le cuir et la NWOBHM : on ne badine pas avec la mélodie, « tout pour le riff, rien pour la frime ». Le groupe, bien que s’inspirant très largement de ses ainés, possède une personnalité propre et se montre capable d’explorer, avec un réalisme étonnant, les différentes facettes du Heavy : de «
Full Speed Ahead » qui nous renvoie aux prémices du heavy speed à l’épique «
Mastermind » plus posé, simple que le qualificatif « efficace » le résume bien. Le seul point négatif… et il est de taille, c’est l’extrême similitude des compositions, "
Satan", "Livin
Dangerous", "Heavy
Metal Heat" sont assez semblables dans leur structures et leurs harmonisations… et le groove y demeure assez froid. Nos musiciens possèdent cependant une maîtrise musicale correcte, mention spéciale pour les lignes de basse très convaincantes. L’inconditionnel sera comblé…et les autres seront un peu vite lassés s’ils n’adhèrent pas aux compositions épiques et aux quelques bons riffs qui ponctuent l’album et le sauve d’une certaine monotonie.
Le groupe garde le meilleur pour la fin. «
Save Me Now », mid tempo, est réellement catchy grâce à son refrain entrainant, on en redemanderait bien un autre, mais le rideau se ferme et nous laisse sur notre faim. L’ingénieur du son a réussi à créer cette symbiose entre atmosphère fidèle aux 80’s et son résolument moderne et équilibré, apportant une plus value indéniable à ce «
Curse of the Damned ».
Le bilan apparait finalement mitigé…
Night Demon fait parti des nombreux groupes qui essayent de ressusciter les classiques, au risque de proposer un album peut être trop proche des originaux. Pourquoi ce skeud se démarquerait-il d’un autre ? Peut être grâce à la qualité de son exécution et une réelle conviction. Cependant l’exploitation la nostalgie à outrance commence à être blasant.
Bah moi pareil je vais faire de même !
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