Curieux phénomène que ce visual kei. Adulé par des centaines de milliers d'adolescents japonais, ce courant musical ne connaît pour ainsi dire que peu de succès dans le reste du monde. Has been, kitsch à souhait, ridicule ; les attributs dépréciatifs ne manquent pas à l'appel et se bousculent au portillon. Et pourtant, de cette masse médiocre aussi lisse que le cul d'un bébé (le navrant
Deathgaze), certaines formations tirent leurs épingles du jeu et en profitent pour les enfoncer dans notre tégument crasseux. Ainsi, afin d'en comprendre la démarche et de mieux cerner le propos, il faut remonter aux prémices du genre.
Le visual kei se pose comme une conception singulière, mettant en scène deux éléments aussi improbables que fusionnels : la musique et le visuel. Né dans les entrailles du légendaire X-Japan, le terme fut inventé par le rédacteur en chef du magazine Shoxx, car le goût immodéré des nippons à se coltiner des tenues aussi extravagantes que colorées, ainsi que leur fameux slogan « Psychedelic Violence Crime of Visual
Shock » en étaient les vecteurs principaux. A partir de ce moment charnier les combos s'apposant l'étiquette bigarrée se multiplièrent comme des gremlins dans une piscine. Certains se firent reconnaître rapidement (les excellents Dir en
Grey), d'autres mirent un peu plus de temps avant de se forger un nom. D'espairsRay fait indubitablement parti de la première catégorie. Formé en 1999, les fils du pays du soleil levant sortirent une pléthore de maxi singles avant de présenter à la face du monde leur premier véritable album. C'est donc six ans après que ce
Coll:Set fera son apparition, il se pose ainsi comme l'opus le plus sombre et le plus abouti de leur carrière.
L'entame quasi mystique de «
Infection » nous plonge de suite dans dans un univers torturé et glauque, la lourdeur du titre ainsi que le chant rauque d'Hizumi faisant penser à un certain
Korn. Et pourtant, ce sera la seule fois où ce nom nous viendra en tête. Ici, les 12 morceaux se voient affubler de leurs propres âmes et volontés. La rage se fait constante et devient le fil rouge de l'aliénation permanente du chanteur. Un certain romantisme gothique, voir macabre se dégage même au sein de compositions travaillées (le break glacial de « Abel To
Cain »). Bien évidemment le jeu guitaristique n'est pas pas transcendant, aussi gras qu'une vache à lait par moments, il n' hésite pas à emprunter des voies rock, voir pop par endroits, ce qui n'est pas pour déplaire. Cette diversité ne nuit aucunement à l'intérêt de l'album, ni à son rythme car le tout reste bigrement accrocheur. Même le synthé, qu'on pourrait trouver cheap par instant («
Forbidden »), trouve sa place au milieu de l'espace sonore qui lui est alloué. En outre, l'apport à foison de samples exhale une exquise fragrance industrielle que n'aurait pas renier Marylin Manson.
Malgré tout, deux frêles ombres viennent entacher ce joli tableau. La ballade « Tsuki No Kyoku » se voit pour sa part dénoter trop fortement avec le reste de l'album, et , à chaque instants, elle ne se concentre uniquement que sur la voix claire d' Hizumi qui se voit accompagné d' une guitare acoustique sur les couplets. Le côté tourmenté se voit effacer pour offrir un peu de clarté dans cet univers noirâtre. Malheureusement, ce n'est pas ce que l'on recherche. L'autre défaut, mercantile cela va de soit, concerne les deux remix electro complètement inutiles placés en bout de course de l'objet. De facto, on en vient à se poser la question de la légitimité de ce choix. Pression des big boss peut être ?
Quoiqu'il en soit,
Coll:Set est un petit bijou de visual kei que tout amateur se doit de posséder. Rien n'a été laissé au hasard, que ce soit cette production léchée ou cet artwork soigné. D'espairsRay signe un premier méfait qui ne laisse pas indifférent, pour peu que l'on prenne la peine de s'inviter au voyage.
Hum, non désolé mais je ne suis absolument pas d'accord. Cette balade à fleur de peau ne tranche pas du tout avec la noirceur de l'album, bien au contraire. Celle-ci exprimée par des cordes acoustiques et un chant plus fébrile démontrent une grand éclectisme et surtout une maîtrise parfaite des musiciens sur leur musique.
Une chanson mélancolique et à fleur de peau : Justement ce qu'on recherche. Pas simplement du metal lourdingue et criard.
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