On avait découvert
Inanimate Existence en
2012 avec un premier album assez long et méditatif, «
Liberation Through Hearing », avant un «
A Never-Ending Cycle of Atonement » plus fouillé et direct. Ce jeune groupe s'était fait remarquer par son death metal alternant brutalité et atmosphère qui arrivait à faire place à des moments relaxants et contemplatifs. Les morceaux étaient généralement en demi-teinte, manquant de force et de finesse malgré des passages qui valaient vraiment le détour. Heureusement les Américains savent apprendre de leurs erreurs et reviennent deux ans plus tard avec un nouvel opus «
Calling from a Dream » toujours signé chez Unique Leader et produit par Zack Ohren.
La bande à Cameron Porras change pas mal de choses sur ce nouveau méfait. La durée des morceaux, d'une part, qui tournent souvent autour de 3 minutes (pour un total de 36 minutes uniquement!), ce qui change du côté prog et des longueurs inhérentes aux précédents efforts. Ici on veut aller droit au but tout en conservant ce qui faisait la particularité du groupe, à savoir ce death atmosphérique de bonne facture. D'autre part, le chant féminin prend plus d'importance avec une présence dans quasiment chaque titre. Il faut dire que le concept s'y prête bien, l'opus racontant l'histoire d'un gars tentant de retrouver l'âme de sa défunte compagne. A travers ses rêves, cette dernière le guide dans un monde mystérieux rempli de dieux et de démons. Les alternances entre growls, screams et chant clair féminin ont donc beaucoup d'importance, bien qu'utilisées avec parcimonie, ce qui apporte beaucoup d'émotion à l'ensemble. Enfin, les instruments ethniques ont quasiment disparu au profit de discrètes nappes de claviers qui renforcent les ambiances oniriques.
«
Calling from a Dream », l'éponyme, ouvre les hostilités avec beaucoup de douceur grâce à l'acoustique atmosphérique si chère à
Inanimate Existence. On retrouve ensuite le death technique et sa sympathique montée en crescendo entrecoupée de notes délicates et de breaks ethniques menés par des flutes (les seuls instruments traditionnels qui aient survécu). On sent beaucoup de poésie dans la progression du titre, beaucoup d'harmonies aussi, tranchant avec l'agressivité de certains passages, comme sur « The
Arcane Crystal », plus sombre et plus incisif avec ses relents black. Les mélodies ont aussi une place importante, toutes en nuances, sans pour autant faire de l'ensemble un death mélodique gentillet. On n'est pas dans ce registre là du tout.
On ressent beaucoup de choses à l'écoute de cet opus qui se veut sans aucun doute très varié.
Inanimate Existence n'adopte pas de schéma particulier, à l'instar des précédents opus qui se voulaient très redondants de ce côté là. Ici on ne sait jamais à quoi s'attendre, ça peut démarrer de façon vive, ou mid tempo, ou acoustique, et il y a toujours un petit truc qui nous fait tendre l'oreille. De ce côté là, «
Pulse of the Mountains » fait très bien le boulot avec une progression toute en finesse et subtilité. On passe à travers différents stades, découvrant un death metal riche et prenant qui sait se faire autant agressif qu'atmosphérique et mélodique. Une déflagration de violence atténuée par des breaks atmos, des chants clairs sensibles, des passages à la flute ou aux claviers intelligents, des accélérations qui nous font du bien et un final en apothéose qui fout les poils avec sa décharge aux riffings black imparable, mais qui s'achève bien trop vite.
«
Calling from a Dream » est un album frustrant avec des titres extrêmement bien ficelés mais bien trop trop courts. On ne pourra pas leur reprocher de manquer de moments forts, ça c'est clair. Il y en a beaucoup, disséminés ici et là, ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde et qu'on en redemande. Mais ils ne sont pas assez étalés et ne durent pas assez longtemps ce qui fait qu'on devient vite accro à ce CD quitte à se le passer en boucle pour retrouver les moments qui nous ont le plus marqués, que ce soit sur « Upon Whilling
Winds » avec son accélération mélodique sortie de nulle part, «
Dreaming of New Beginnings » et son climax aux claviers, ou «
Beneath the
Mist » et son sens du dramatique. Bref, arrivé à «
Burial at Sea », qui sent un petit goût d'inachevé on en veut plus et on se rend compte à quel point
Inanimate Existence a bien mûri, avec de la subtilité, moins de chichis et beaucoup de sensibilité. C'est excellent, court, mais intense.
Par contre, a l'écoute de l'extrait dispo depuis quelques semaines, leur univers semble plutôt assez proche de ce que peut proposer Fallujah actuellement non?
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