Ils sont de retour et ils sont pas contents ! Comme à leur habitude, les Christian Boys d’Iowa nous reviennent une année après leur précédent disque pour nous asséner de leur metal/hardcore virulent. Pour faire court sur l’introduction,
For Today n’ont pas changé de label, ni de membre, ni de producteurs : ils sont bien tels quels et c’est tant mieux. Après
Ekklesia et
Portraits, voici donc
Breaker, nouvel album-concept encore plus fouillé et plus conceptuel puisqu’il se voit structuré avec des interludes instrumentaux légèrement scandés par une voix suave mais déterminée qui nous conte l’histoire du
Breaker, soit Dieu himself qui peut nous briser, nous autres pauvres humains, lorsque nous faillissions à Sa parole, lorsque nous sombrons dans la déchéance et l’incrédulité.
Paroles religieuses à prendre ou à laisser, thème identique, punchlines énervées et conviction vocale sont donc encore une fois au programme pour un troisième opus des plus fracassants. Comme dit précédemment, l’album est conceptuel, entrecoupé d’interludes mélodiques narrés par le poète américain Jose Palos, citant de façon sporadique le poème contemporain éponyme qu’il a lui-même écrit. Un concept bigrement original qui fait son petit effet. Mais que l’on croit ou non en Dieu, cela n’a pas vraiment d’importance : la musique prime avant tout sur le thème en ce qui me concerne et
Breaker est une nouvelle preuve que
For Today peuvent très bien resservir la même chose avec autant d’efficacité que les deux précédents disques.
"The
Breaker’s Valley" : l’introduction mystérieuse se désépaissit peu à peu pour laisser rentrer un riff inquiétant qui s’enchaine sur "
Devastator" et la guerre sonore commence enfin. «
Hell, fear me : I am the one that will bring you down ! » Le ton est donné, ça sera brutal ou non sera pas. Saccades pesantes, légères dissonances propres à la formation américaine, rythme constamment changeant, breakdowns terrassants amenant à un passage 2-step fabuleusement mis en scène…
For Today est bel et bien en forme et ce, dès le début du disque. Quel plaisir de constater que le groupe n’a rien perdu de sa puissance et de son inspiration, proposant à nouveau des morceaux robustes, entrainants, entêtants, donnant facilement l’envie de tout bousiller sur son passage (notamment sur ce break-bulldozer dans "The Advocate" ou encore "White Flag").
Et il en sera de même pour le reste de l’album, les Chrétiens alternant efficacement entre passages lourds et séquences extrêmement violentes, passant du blanc au noir en ne négligeant jamais la cohérence. La recette reste la même, certes, mais aucun titre ne viendra heureusement nous décevoir. Et si les interludes peuvent au premier abord agacer, ils deviennent très vite agréables, suivant agréablement la continuité de l’album, appuyant son concept jusqu’au bout, transformant toute cette agitation en une véritable louange d’outre-tombe. Nettement plus hardcore dans ses influences (certaines parties étant purement old school),
Breaker n’oublie toutefois pas son côté moderne et nous livre énormément de riffs ultra-rapides entremêlés de saccades précises et aggressives.
Si
Portraits lorgnait agréablement bien sur un petit côté
August Burns Red pas déplaisant, ce troisième opus s’en démarque avec une violence beaucoup plus significative, en faisant l’album le plus rentre-dedans du groupe, en témoigne la présence de morceaux destructeurs comme "
Phoenix", "
Devastator", l’hallucinant "Arm the Masses" ou encore "
King", mettant un point d’honneur final à cette demi-heure qui se termine quant à elle par un ultime interlude, clôturant cette violente épopée pleine de rebondissements. Le chant de Mattie Montgomery est toujours aussi énervé, limpide, communicatif et cohérent à la musique qui l’entoure. Ses vociférations inspirées accompagnées de chœurs mémorables (« Take your flame, ignite the world ! ») en font définitivement un frontman solide et reconnaissable.
Pour conclure,
Breaker est la preuve que les
For Today peuvent parfaitement, sans aucune contrainte ni aucune lassitude, proposer le même style de musique avec autant d’efficacité que de puissance. N’évoluant que légèrement, progressivement mais sûrement, n’oubliant jamais les breaks apocalyptiques ni leur côté mélodique un tantinet glauque et encore moins les saccades acérées propres au groupe de l’Iowa. Vont-ils réussir à convertir totalement les infidèles et les incrédules et faire rentrer dans leurs rangs les athées ?
Pas sûr. Mais vont-ils nous faire valdinguer dans leur univers unique et nous exploser les oreilles à grands coups de morceaux ultra-résistants ? Absolument. Vivement la suite de leurs fantastiques aventures !
Par contre, une question HS.
Tu viens de publier une chronique de ASP un peu avant. T avais préparé les deux à l'avance ou écrite celle de for today en 2 heures?
Réponse HS : du tout, j'ai publié des chroniques que j'avais laissé de côté et dont j'ai réécouté les albums afin de les peaufiner. Comme dirait Mizou Mizou : "Yé souis pas oune machine !" hé hé !
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