Né le 17 mars 1959 à San Francisco, Paul Marmorstein alias Paul Black se passionne dès l’adolescence pour l’art musical jusqu’à créer dans ses années high school son propre groupe de rock baptisé Your Mother. Tambour-major de l’orchestre de l’Université d’Etat de San José, Black décide néanmoins de quitter le campus estudiantin de la capitale du comté de
Santa Clara pour partir s’installer à Hollywood en mai
1980 avec la ferme intention de se consacrer corps et âme à une activité de groupe rock n’ roll et de profiter de tout les plaisirs hédonistes que l’on rattache traditionnellement au périlleux concept de vie « sex, drugs & rock n’ roll ». D’abord batteur pour le dénommé Mad Captions dont le principal fait d’arme sera un CBGB à
New York City en première partie des
Dead Boys de Stiv Bators (R.I.P. 1949-1990) puis pour le combo punk The Mau-Mau’s avec lequel il enregistrera un album produit par Robby Krieger des mythiques Doors qui finalement ne verra jamais le jour, Paul Black devient Paul Mars en 1984 à l’occasion de son intégration au sein de The Joneses pour lequel il frappera le fer sur « Keeping Up with The Joneses ». Songwriter à l’inspiration créatrice fertile, Paul Mars redevenu Paul Black et ayant lâché ses fûts pour un microphone s’allie avec son pote guitariste Mick Cripps sous le patronyme
Faster Pussycat (piqué plus tard par Taime Downe) dans le but de donner naissance à un combo seyant à merveille sa vision du rock n’ roll : teinté de punk, sombre mais paradoxalement glamour ; véritablement sleaze en somme.
Après son éviction de Guns N’ Roses en 1985 et remplacé à l’occasion par un certain Saul Hudson aka
Slash à son poste sacré de lead guitarist,
Tracii Guns décide de ressusciter son premier groupe formé deux ans plus tôt en s’adjoignant les services du vocaliste Paul Black, du six-cordiste devenu bassiste Mick Cripps, du guitariste Robert Stoddard (ex Robert Stoddard Band, Dogs D’Amour) et du percussionniste Nickey « Beat » Alexander. Revenu à la vie,
L.A. Guns est un combo de sleaze rock flamboyant et mystique animant sans aucune retenue les nuits brûlantes du Sunset Strip débauché et insouciant de la seconde moitié des 80’s. Fort d’une réputation locale inégalable, d’une fan base grandissante et malgré les caprices de
Tracii Guns quittant le groupe quelques heures avant des apparitions cruciales au Troubadour ou au Whiskey A-Go-Go avant de resurgir quelques jours plus tard la gueule enfarinée comme si de rien n’était,
L.A. Guns s’attire en 1987 les faveurs du label Polygram Records prêt à signer le groupe les yeux fermés et à en faire the next big thing… A la condition cependant de renoncer à ce mélancolisme punk trop visible dans le personnage névrosé de Paul Black et de renforcer l’image hard rock et agressive du quintette californien. Auteur ou co-auteur de la quasi intégralité des titres composant le répertoire de
L.A. Guns et honteusement poussé vers la sortie en compagnie de Stoddard, Paul Black est remplacé comme on change de chemise par le britannique et ex-
Girl Phil Lewis au poste de frontman du groupe. N’ayant jamais pu récupérer les bandes originales des démos sur lesquelles il posa son timbre vocal si caractéristique car déclarées par Polygram et
Tracii Guns comme effacées et donc perdues pour l’éternité, Black alors rabiboché avec Guns et ses anciens comparses se laisse entendre dire un beau jour de 1995 que ces pistes à la valeur inestimable sont en fait « à l’abris dans un coffre noyé sous une mer d’avocats et de questions légales ». N’ayant remis la main sur ces précieuses tapes qu’en 2000, Paul Black sort la même année une compilation rapidement épuisée intitulée « Black City
Breakdown (1985-1986) » puis «
Black List » pour les retardataires le 8 novembre 2005 sous l’étiquette Black City Records à l’occasion de l’éphémère reformation du
L.A. Guns des années 85/86. Hommage à une étoile déchue du rock n’ roll, longtemps bafouée et humiliée dans son honneur.
Phil Lewis voix incontestée et incontestable de
L.A. Guns certes... Mais ne jamais occulter les vies antérieures de ce combo d’anthologie qui à l’aube de sa gloire était fronté par l’obscur et mystérieux Paul Black, dont on aurait plus tendance à rapprocher la personnalité de celle du gothique californien et pionnier du deathrock
Rozz Williams que de celle d’un Steven Tyler notamment. Voici la raison sine qua none de l’existence de cette compilation ; réhabiliter dans les mémoires collectives le rôle prépondérant et décisif de Black dans l’enfantement du mythique
L.A. Guns ayant cassé la baraque dans les années 88/89 avec les immuables «
L.A. Guns » et autres «
Cocked & Loaded ». Le premier intérêt de «
Black List » réside dans la découverte de versions « raw » mais tout à fait audibles de titres apparaissant sur ces deux opus ; l’explosif « Show No
Mercy » devenu « No
Mercy » après réécriture de ses lyrics sur le premier album éponyme des pistoleros de Sunset
Boulevard tout comme l’indispensable et on ne peut plus rock n’ roll « One More
Reason to
Die » raccourci en « One More
Reason », le sensuel et groovy « Love &
Hate » substitué en «
Sex Action », le mélancolique « One Way Ticket to Love » écourté sur «
L.A. Guns » en « One Way Ticket » mais gardant néanmoins son texte d’origine ou encore le futur cuivré « Black City
Breakdown » magnifié plus tard en «
Nothing to Lose ». Parallèlement au plaisir innommable d’apprécier ces hymnes sleaze dans des versions primitives leur conférant une authenticité irrationnelle et sibylline, il est également particulièrement délicieux de pouvoir enfin mettre un timbre sur la personnalité vocale du grand Paul Black ; graveleuse et autosuffisante, légèrement nasillarde par moment, empreinte d’une complaisance névrotique rare ; terriblement bad ass et rock n’ roll à vrai dire. Du deuxième album «
Cocked & Loaded », l’auditeur passionné reconnaitra sans peine le génial et catchy « Looking Over My Shoulder », muté sur le full length de 1989 en «
Never Enough » qui plus de vingt ans après fait encore son petit effet en live, preuve en est son interprétation absolument magique au cours du premier passage de
L.A. Guns en France le 11 octobre 2011 sur la scène du Forum de Vauréal (95).
Témoignage sonore de ce que fut le gang sleaze de West Hollywood au cours des irretrouvables années 85/86, «
Black List » permet également de considérer à leur juste valeur nombre de compositions alors régulièrement jouées en live mais qui n’apparaitront malheureusement (ou heureusement) jamais sur support discographique. Au chapitre des petites tueries qui auraient incontestablement eu leur place sur «
L.A. Guns » ou «
Cocked & Loaded » dans une moindre mesure, relevons la survitaminée « Stranded in L.A. » avec laquelle les gunners ouvraient chacun de leurs gigs mais surtout l’excellentissime et jouissive « L.A.P.D. » qui dédiée au
Los Angeles Police Department, constitue certainement grâce entre autres à son riff principal démentiel le titre le plus efficace de la compilation et de l’ère Paul Black en général même si il fut pour l’anecdote intégralement écrit par le guitariste rythmique Robert Stoddard. Efficients et garants d’une énergie rock n’ roll des plus communicatives, soulignons les mérites des mélodiques et brillantes « On and On » et autres « Love is a Crime », du simple mais subtil et très ramonien « Wired and Wide
Awake », du grave « Liquid Diamonds » collant à merveille au personnage Paul Black ou encore de l’intrinsèquement et foutrement rock n’ roll façon Chuck Berry « A Word to the Wise Guy » qui prouve une fois de plus à qui l’ignore encore que
L.A. Guns est un putain et classieux groupe de hard rock d’obédience sleaze et roots puisant une partie non négligeable de ses influences dans les sacro-saintes décennies 50 et 60 notamment. Compilation de démos rimant très logiquement avec perfectibilité, «
Black List » contient aussi des morceaux qui à défaut d’être foncièrement mauvais peineront toutefois à attirer l’attention du possesseur de cette galette car assez en deçà des petites merveilles précédemment énoncées, à l’instar des inégales « Name Your
Poison », «
Winters Fool », « Everything I Do » et autres « Roll the Dice » dans une mesure relativement moindre, titre qui fut pourtant un habitué et un succès notoire des setlists des gigs torrides du
L.A. Guns cuvée 85/86. Pertinent épilogue de cette précieuse compilation, le sympathique « The
Devil in You » se veut être le morceau le plus populaire de Black Cherry, combo hard rock relativement obscur mis sur pied par l’illustre Black au lendemain de sa cruelle éviction du groupe pour lequel il aurait pourtant sacrifié sa vie.
A la manière d’un « The Roots of Guns N’ Roses » d’Hollywood
Rose pour Guns N’ Roses, «
Black List » constitue un release on ne peut plus fascinant et indispensable à la discothèque des fanatiques du légendaire
L.A. Guns souhaitant creuser les origines d’un de leurs groupes favoris avec une précision archéologique. Au-delà d’offrir à l’auditeur l’occasion inespérée de faire connaissance avec l’une des premières moutures du combo californien au travers des morceaux inédits ou célèbres enregistrés selon le cahier des charges propre à la démo, cette compilation s’avère également être une pièce d’Histoire Rock N’ Roll réhabilitant comme il se doit l’indispensable rôle joué par le damné Paul Black dans la gestation artistique de ce groupe charismatique du hard rock sleaze des bas fonds du Sunset Strip des années Spandex. Succuleusement old school, authentique et désormais culte ; «
Black List » de Paul Black’s
L.A. Guns.
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