Maîtres d’un death/metalcore moderne depuis presque vingt ans, les américains de
Within The Ruins n’ont jamais renié leurs origines. Malgré une lineup qui s’est profondément transformée depuis ses débuts et qui a vu passer quatre bassistes, trois guitaristes, un batteur et trois vocalistes et qui n’a vu que deux de ses membres, le guitariste Joe Cocchi et le batteur Kevin McGuill en tant que musiciens fondateurs, le groupe peut se vanter d’une discographie impressionnante, avec cinq albums et trois EP à la croisée entre fiction et réalité, d’une recherche musicale encore inédite et d’une mélodicité rare dans son genre.
Alors que les quatre précédents albums présentaient Tim Goergen comme vocaliste, ce dernier a dû finalement quitté l’aventure début 2018 à la suite de graves problèmes de santé, qui l’ont contraint à abandonner la scène musicale. C’est à l’ancien chanteur de
Silence The Messenger, Steve Tinnon, que l’ex-chanteur laissera la place de frontman, après deux dernières prestations en live. Il faudra finalement attendre
Septembre 2020 avant que le quatuor américain annonce un sixième opus du nom de
Black Heart.
Publié sous le label Entertainment One et Good
Fight Music, produit à nouveau par le guitariste du groupe,
Black Heart est une suite logique aux précédentes parutions de nos musiciens. A quelques exceptions près. Tout d’abord, le quatuor se veut plus progressif, ce qui se ressent notamment sur les deux morceaux instrumentaux de l’album, Eighty Sixed et le titre final Ataxia cinquième du nom, un instrumental habituel depuis Ataxia, présent sur l’album
Invade. Dans une ambiance résolument contemporaine, en atteste les sonorités 8-bits, une influence de jeu vidéo omniprésente et un riffing fantaisiste, les américains proposent une diversité musicale riche, où les changements sont d’un exotisme inédit.
Dans Eighty Sixed, nous pouvons clairement ressentir un riffing similaire à la Panthère
Rose, surprenant mais élégant. Ataxia V, dans une atmosphère spatiale plutôt froide et quelque peu hostile, noue avec un climat moins agressif, plus doux et accueillant, à la résonance espagnole, qui nous rappelle quelques travaux de
Rings Of Saturn. Les hommages aux jeux vidéo ne s'arrêtent pas là puisque
Hollow joue avec les sonorités d'un certain ... Tetris.
Dans les travaux plus techniques tels que Open
Wounds, où les percussions usent d’un travail plus élaboré, en parfaite adéquation avec le riffing, ou Eighty Sixed (encore lui oui), qui passe d’un registre plutôt fulminant à un style bien plus léger, cette similitude avec
Rings Of Saturn est tout aussi frappante. Notre quatuor met aussi en valeur des morceaux agressifs, très proches du deathcore, sans pour autant lésiner sur l’aspect mélodique et technique. C’est le cas de
Deliverance, où la production massive apporte colère et brutalité. La prestation vocale du nouveau vocaliste n’est pas en reste et n’est qu’une confirmation de la malveillance qui règne dans l’instrumental. Et ce n’est pas le breakdown, au riffing grave et aux percussions prépondérantes, qui ira contredire cette rancœur.
D’autres compositions incluent, quant à elle, du chant clair signé Paolo Galang, plus semblable au metalcore, ce qui est le cas de
Black Heart par exemple, où il est bien jugé et ajoute harmonie et mélodicité. Mais parfois, ce chant est assez mal jugé, déséquilibré et profondément brouillon.
Devil In Me est sans conteste le point faible de cet album. Et quel déception. Au-delà d’un vocal peu reluisant, frôlant l’absurde en comparaison des autres titres, même le travail instrumental ne marque pas, fondant dans la simplicité, le déjà-vu et la banalité la plus totale.
C’est tout de même avec un très bon constat final que ce
Black Heart s’incorpore dans une discographie déjà très riche et solide.
Within The Ruins persiste dans un death/metalcore intense, hâtif, précis, original, parfois imité mais jamais inégalé. Cet énième changement de lineup n’a, une nouvelle fois, eu aucune conséquence sur la maturité et la technicité du groupe. Le quatuor continue merveilleusement bien à fusionner ses styles et à nous émerveiller dans leur monde, celui de l’extravagance et de l’irréel.
tres belle chronique
Merci heavyjos ! :)
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