J'annonce tout de suite : je ne connais rien à la musique psychédélique, tout au plus ai-je des albums de Jimi Hendrix et jadis ai-je écouté Pink Floyd à mes heures perdues (maintenant je me rends compte que j'aurais dû plus m'y intéresser tant leur musique est excellente). Mais rien qui ne puisse me poser en spécialiste; cette chronique est donc l'œil d'un metalleux sur cette chose bizarre qu'est
Assassins : Black Meddle Part I. Cela ne va pas être forcément objectif, et il y aura sûrement une certaine redondance dans l'utilisation des descriptions et des termes vu ma méconnaissance de l'environnement "hippie défoncé".
Du « Black metal psychédélique », c'est par ce terme qu'était décrit le dernier album de
Nachtmystium et c'est ce qui m'a poussé à l'acheter vu que cela me semblait assez original.
Analysons la bête :
Visuellement tout d'abord, rien que sur la pochette le groupe annonce l'ambiance, ce disque est un profond bad-trip; c'est le joint de trop qui fait que pendant les 45 minutes qui vont suivre le monde devient noir et tout vos malheurs refont surface. Clairement, ce
Nachtmystium ne cache pas son délire psychédélique, au niveau du livret c'est exactement le visuel qui se faisait dans les années 70' (regardez le logo du groupe....) avec des fleurs et des cheveux longs style hippie, avec une touche sombre bien sûr (le squelette est pas forcément joyeux).
Du « Black metal psychédélique », mais qu'est-ce que c'est?
Plus j'écoute cet album et moins le coté black metal me semble palpable, et pourtant plus j'apprécie l'album.
(i)-Psychédélique c'est le paysage musical : un trip qui tourne très mal. C'est plein de sonorités « spatiales » et de sons bizarres (les guitares claires ont un chorus complètement taré), une utilisation de la reverb et des balances qui par moment donne un vrai coté halluciné. La basse est limite funk par moment, et le pire c'est que ça ne rend pas l'ambiance plus joyeuse, mais complètement défoncée.
-Une utilisation des claviers, épars et en retrait, mais qui dans les endroits où ils apparaissent explosent l'ambiance enfumée. En effet, c'est pas du sympho; ici pas de chœur, violons ou autres instruments pompeux; juste des sonorités vaguement electro et très 70' (justement).
-L'utilisation d'un saxophone sur certains morceaux; et ayant pratiqué cet instrument pendant 7 ans, je peux vous dire que c'est pas de la merde ce qu'il joue. Des espèces d'impros qui encore et toujours donnent une coté décalé et hors de ce monde (comme beaucoup de gens après trop de verres).
-Enfin les quelques soli sont complètement imprégnés de la fièvre hippie; même style que Hendrix, très rock; ou alors complètement taré (mais pas n'importe quoi); rien à voir avec du black sur ce point. Mais.....
(ii)Black
Metal parce que semble-t-il
Nachtmystium n'a pas oublié ses origines. Quelques blast-beats, pas mal de double pédale (surtout les premiers morceaux),un chanteur qui hurle et gémit ses tripes jusqu'à l'overdose et des guitares saturées, ça c'est du black. Mais en fait, il n'y a pas que ça, et les éléments black de l'album sont autres : d'abord l'ambiance, ici c'est noir, le trip est trop violent, il n'y a plus d'espoir : du bon black quoi.....Mais c'est pas une descente aux abysses infernales dans les bras de l'ange
Lucifer, tout en psalmodiant
Hail Sathanas à tout bout de champs.....Non, c'est juste une pièce oppressante, enfumée et sans lumière. La seule chose à faire est alors de sombrer car la peur nous rend claustrophobe, et la fumée chargée de beuh nous rend halluciné; et alors que notre cerveau se ferme, on perçoit le chaos sous sa forme originelle.......
Ensuite (et surtout je trouve), cet album est black car il est très spontané. On sent tout de suite qu'il a été composé en "bœuf", lors des répétitions, il n'y a qu'a écouter certains passages de basse limite impro pour s'en rendre compte. Alors forcément certaines transitions sonnent bizarres ou manquent à l'appel, mais qu'est-ce-que ça faisait longtemps que j'avais pas entendu un album ou les musiciens font sentir leurs tripes sans que ce soit du "true black". Et mine de rien c'est ce qui est le plus important je trouve dans le black, il faut que tu sentes le désespoir du groupe, sa haine et sa noirceur; et ceci n'est pas palpable pour un groupe qui analyse ses riffs, les décortique jusqu'à ce que tout soit parfait. Mais le black c'est sale et imparfait, le black c'est instinctif et libre. Et
Nachtmystium l'a bien compris, et ne compose pas sa musique,
Nachtmystium EST sa musique. D'où un très bon album black pour ce flots d'émotions.
(iii)Malgré tout, pas que du Black sur certains points :
-Tout d'abord la production des guitares, c'est un son étouffé et contenu, j'ai pas dit inaudible car chaque nuance se fait entendre (en partie du au profond feeling du groupe), mais avec un coté gras et assourdi que l'on retrouve plus à mon avis dans le doom (un peu à la
Esoteric en fait, mais ce groupe a vraiment un coté psyché donc c'est normal si on y pense). Cela enlève donc la haine que devrait procurer l'écoute d'un album de black mais rend l'écoute vraiment oppressante.
-Ensuite par moments le chant est assez personnel : pas du black, pas du death. Hurlé mais mélodique, le chanteur vit la musique du fond de ses tripes. En fait, il faut vraiment écouter pour comprendre vraiment, c'est pas facile à expliquer : rauque et clair à la fois. Un peu à la
Gojira, de loin (désolé c'est le seul chant que je connaisse qui s'en rapproche). Et d'autre fois c'est du "agonisant murmuré".
-Enfin certaines compos sont vraiment à dix milles lieux du black (notamment le triptyque
Seasick qui pourrait facilement être rangé dan le rock-psyché si on enlève le chant), que ce soit au niveau des riffs ou des solos. Il en ressort donc une musique originale sans être expérimentale, mais qui conserve la noirceur du black tout en proposant une ambiance différente; en effet, là ou la majorité des groupes de black s'efforcent de pondre l'ambiance la plus froide et inhumaine,
Nachtmystium nous plonge dans un paysage qui est vraiment réchauffé, mais qui croule sous une fumée opaque nous anesthésiant le cerveau. Et à partir de ce moment, on voit tout et n'importe quoi; mais la principale sensation c'est cet espace oppressant, même dehors la fumée nous étouffe et nous noie (cf.
Seasick) dans le chaos de notre âme. Cet album c'est un naufrage de la conscience. (j'avoue je me suis enflammé sur ce passage, mais j'essaie au mieux de vous faire partager mon ressenti).
Je ne vais pas faire l'inventaire de toutes les chansons, mais en résumé cet album se condense en ces mots : hallucination, spatial, désespoir, saxophone, bizarre, improvisation, black-metal. Je sais cela n'a aucun sens , mais cela correspond exactement aux images qui me viennent en tête à chaque écoute de Black Meddle part I. J'ai été assez surpris lors de ma première écoute, mais depuis je me le passe assez souvent. Pour faire simple, cet album est au black-metal ce que
Esoteric est au domm-death, à savoir une trop forte consommation de diverses substances.
Génial et sincère.
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