Mettre 20/20 à un album, quelque soit sa qualité ou son excellence, n'est pas une chose courante. En effet, combien de groupes peuvent se targuer d'avoir sorti l'album "parfait", celui qui ne souffre d'aucune faute de goût, met tout le monde d'accord, ne possède aucun temps faible, ...? Non vraiment, l'attribution de la note ultime n'est pas une chose raisonnable pour le chroniqueur avisé.
Mais comment garder la raison lorsque l'on aborde le cas de
Art of Life, gigantesque morceau symphonique de
X Japan de près de 29 minutes? Comment ne pas crier au génie face à ce morceau joué INTÉGRALEMENT en live et dans une version rallongée de 6 minutes?
Enregistré le 31 décembre 1993, lors d'une des seules fois où le morceau a été interprété en live, ce
Art of Life Live réussit l'exploit de retranscrire à merveille toute la splendeur de cette œuvre grandiose, de la sublimer, de lui donner vie.
C'est Yoshiki qui ouvre le bal, seul, au piano. Appliqué, déjà possédé, il égrène des arpèges mélancoliques, joue avec les lignes mélodiques et les rythmes. Toshi le rejoint, porté par le public. Le son est exceptionnel, l'interprétation magnifique.
La batterie et les guitares font leur entrée, en parfaite osmose, soutenues par l'orchestre en arrière plan. Puis le rythme s'accélère, le morceau s'emballe. Le son est gigantesque, tout s'agence parfaitement, Toshi est impérial au chant jouant avec justesse sur les émotions du personnage qu'il interprète, les interventions symphoniques réglées à merveille, les mélodies et les soli des guitares joués avec une précision rarement atteinte en live, tandis que Yoshiki martèle ses fûts avec une énergie et une régularité surhumaines.
Puis après 13 minutes, le morceau s'arrête, l'ambiance change, se fait inquiétante, oppressante, il y a un dernier sursaut, un dernier refrain puis le groupe se tait. Apparaît alors le piano. Une ligne mélodique prenante, répétée par Yoshiki, jouée dans différents tons. L'ambiance est à la tragédie, la tension et l'émotion vont crescendo, un frisson parcourt l'auditeur. Le piano se répète, encore et encore, jusqu'à la transe, avant d'entamer de furieuses montées chromatiques et de céder... dans son propre capharnaüm, martyrisé, meurtri...
La tension retombe, une étrange mélodie dramatique se fait entendre. Puis le groupe ressurgit, brutalement, comme s'il renaissait du néant. Le tempo est de nouveau rapide, le chant revient. Tout s'emballe de nouveau, les orchestrations sont plus présentes, montent en puissance pour laisser la place à un dernier refrain où tout semble s'animer, chaque instrument semble prendre vie avec les autres dans une incroyable union avant de laisser le mot de la fin à Toshi :
Life!
Il n'y a pas de mots...
Pas de mots pour qualifier l'incroyable travail de composition de Yoshiki et l'incroyable travail d'interprétation, de bout en bout, de ce morceau qui défie les normes et les catégorisations afin de toucher l'auditeur au plus profond de lui même.
X Japan signe ici une performance dantesque, belle et tragique. Un récit sur la
Mort, sur l'Amour et sur la Vie , prompt à toucher au plus profond n'importe qui et sublimé par une interprétation sans faille en live. Un chef d'œuvre de la musique qui tutoie, dans les hautes sphères, les plus grands. Quelque part, entre
Metallica et Mozart...
Tu t'es attaqué à un sacré morceau et tu t'en sors avec les honneurs.
Franchement bravo.
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