Animal

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12/20
Nom du groupe Shining (NOR)
Nom de l'album Animal
Type Album
Date de parution 19 Octobre 2018
Style MusicalJazz Metal
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1.
 Take Me
 03:33
2.
 Animal
 03:33
3.
 My Church
 03:36
4.
 Fight Song
 03:50
5.
 When the Lights Go Out
 03:40
6.
 Smash It Up!
 03:24
7.
 When I'm Gone
 03:43
8.
 Everything Dies
 03:50
9.
 End
 04:23
10.
 Hole in the Sky
 04:03

Durée totale : 37:35

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Shining (NOR)


Chronique @ Eternalis

28 Octobre 2018

Chacun y verra sa propre interprétation mais "Animal" ne laissera personne indifférent

« La résistance au changement n’est que le refus de la croissance »
Alexandre Ruperti

Le changement. Shining pourrait être considérer comme une énigme en soi, puisqu’il fut l’initiateur d’un changement, d’une création même, d’un genre à lui-même, tout en s’enfermant dedans pour affiner une personnalité propre et unique. En soi, les norvégiens emmenés par Jorgen Munkeby sont autant dans une case que dans l’autre depuis près de dix ans. Expérimentaux et géniteurs d’un son reconnaissable entre mille, certains ont pu reprocher de les voir se répéter dans un schéma schizophrène d’une entité ne faisant que renforcer des codes déjà connus. Voilà que "Animal" voit le jour, sous l’égide d’un changement extrême et choquant. Et si c’est dans ce changement que Shining allait conserver son identité ? Si c’était dans cette volonté d’expérimenter, même à l’inverse de ce qu’il faisait avant, que l’âme même de Munkeby allait renaitre ? Chacun y verra sa propre interprétation mais "Animal" ne laissera personne indifférent, c’est une certitude.

Composé sur plus de deux ans, d’une longueur d’à peine plus de trente-cinq minutes (comme "One One One") et en partie avec l’aide Ole Vistnes (basse), l’album n’a rien d’une création à la va-vite, passéiste ou facile. Pourtant, sa première écoute choque, dérange et interroge mais dans une direction bien différente qu’à l’accoutumé. Oubliez les influences jazz, ne pensez plus au saxophone, Shining rejette également l’ambiance crasseuse et destructrice présente sur les opus précédents pour une musique bien plus ouverte, accessible et fraiche. Jurgen avoue penser, pour le moment en tout cas, avoir fait le tour de la formule « blackjazz » et souhaiter des « choses fraiches et positives ». Quand il déclare que l’album est plus « Muse que Meshuggah ou Gojira », vous avez une franche idée de la direction de l’album. Évidemment, il ne faut pas bêtement analyser cette attitude comme une régression ou une velléité commerciale puisque nous parlons quand même de musiciens aguerris qui ne toucheront de toute façon pas les radios. C’est dans cette démarche sincère que Jorgen se retrouve, celle de ne pas continuer à faire ce que les fans attendent de lui mais se libérer, quitte à perdre une partie de sa crédibilité pour ceux qui penseront qu’il a vendu son âme sur l’autel d’une célébrité inaccessible. Les visuels flashy, les images propos avec des vestes de couleur et une moto vont dans le même sens...mais soyons franc, est-ce bon ? Pour peu que vous soyez ouverts et écoutiez autre chose que du metal extrême, "Animal" est effectivement un travail d’orfèvre dans son genre. Travaillé à l’extrême, même si basé sur des structures simples, "Animal" se densifie et se complexifie au fur et à mesure des écoutes pour finalement s’intégrer de plus en plus logiquement dans le cadre Shining, se rapprochant de certaines tentatives plus accessibles de "One One One" ou d’un titre comme "House of Control" sur "International Blackjazz Society".

"My Church" est un sublime exemple de la transition effectué, s’ouvrant sur quelques claviers aériens mais abreuvé ensuite de plusieurs attaques de batterie et d’un riff aussi simple qu’alambiqué. Munkeby a fait d’immenses progrès au chant puisqu’il ose désormais chanter sans se cacher derrière une saturation excessive, cette même saturation qui créait ce malaise désormais disparu. Mais si le titre peut paraitre sensiblement simple, il y a ce refrain hurlé, ce riff vicieux et surtout cette partie de batterie loin d’être facile, Tobias Ornes Andersen prouvant encore qu’il ne suffit pas d’avoir le kit de Mike Mangini pour faire des miracles et insuffler une puissance dévastatrice dans certains passages.
Malgré la relative lumière musicale, les textes de Jorgen évoquent majoritairement la fin, la mort, la perte et le deuil, intégrant une grande mélancolie à certaines parties vocales. Si "Take Me" ouvre le disque sur des claviers très 80s, proche de ce que l’on trouve actuellement dans la synthwave, le morceau n’est pas pour autant une joyeuseté. Les synthés prennent le pas sur des guitares plus simples et efficaces laissant beaucoup d’espace au chant et aux mélodies. "Animal", dévoilé il y a quelques semaines, est du même acabit avec un refrain très mélodique, des guitares grasses mais jamais envahissantes, une structure simple mais une batterie qui insuffle la puissance par ses breaks et ses changements insondables. Il y a fort à parier que ces titres prendront une résonance bien plus massive en live, quand ils se coupleront aux titres plus anciens des norvégiens.

Un titre comme "Smash it Up !" risque de tout dévaster en live, entre ses chœurs taillés pour la scène, son riff très épais, son côté rock industriel (la partie de basse !), ses envolées mi-hurlées sur le pré-refrain et son envie de simplement se décrocher la tête. Tout l’inverse d’un "When the Lights Go Out", morceau en partie acoustique, au texte dérangeant montant en puissance sur un refrain emplie d’émotion et de mélancolie. Quelques leads mélodiques de guitares arrivent ici et là, exercice peu connu chez Shining. Cette mélancolie transparait beaucoup dans la seconde partie du disque, comme en témoigne le poignant "When I’m Gone" où Jurgen se retrouve littéralement à nu, dans un style qu’il n’avait encore jamais tenté et qui démontre toute l’évolution de sa personne, ne désirant plus se cacher derrière la folie, comme une acceptation de sa condition, de sa situation, de sa fin prochaine. La fin, "End" en porte le nom et témoigne une fois de plus de ces structures simples, porté par un Tobias jouant avec une grosse lourdeur sur la caisse claire, apportant la force antinomique à des synthés vampirisant le mixage. Des synthés qui sur "Fight Song" sont là au plus proche de ce que Matthew Bellamy fait assez souvent avec Muse...encore une fois, est-ce une tare ? Artistiquement non puisque le résultat est musicalement réussi, même s’il ne sera ni compris ni accepté par tous.

"Hole in the Sky" clôture notre épopée sans guitare, mais en duo avec Linnea Dale pour un résultat improbable il y a quelques années. Les synthés, plus synthwave et planants que jamais, se couplent à un duo pop objectivement superbe.
"Animal" est en soi un défi. Il fut un défi pour Shining de l’écrire et de la proposer sous ce patronyme. Il est un défi à la première écoute tant il désarçonne, surprend, déçoit et interroge. Il est un défi puisque plus les écoutes passent et plus la recette prend, l’intelligence d’écriture fait surface et démontre que l’album n’est pas un produit commercial. Un défi également car incarne-t-il une rupture définitive ? Un passage ? Une fusion éventuelle et future des genres ? Ce qu’il faut surtout retenir, c’est que, paradoxalement, cette accessibilité se ressent comme un choix du cœur et non de la tête, qu’il surprend certes mais, avec un certain recul, pouvait déjà se ressentir dans certains titres précédents. "Animal" est un défi certes mais un pari globalement réussi et concrètement aussi bien réalisé qu’exécuté. Si nous avons l’habitude de dire que seule la noirceur sort des tripes, Shining veut aussi prouver que la lumière est possible et que sa musique n’en est pas moins profonde. Un ovni de plus chez les norvégiens...un de plus ...

8 Commentaires

4 J'aime

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pielafo - 01 Novembre 2018:

Un album bien étrange que ce Animal. C'est certainement pas mauvais, mais c'est vraiment juste étrange... Du Aha (ou n'importe quel groupe pop des années 80 en vérité) avec des grosses guitares et certains tenants mélodiques interressant font de cet album encore un truc je trouve novateur, meme si je pense mal éxécuté. C'est un peu comme si le groupe en avait ras le cul des groupes qui sortent de la soupe et voulaient prouver qu'on pouvais faire de la soupe de grande qualité. Mais malheuresement, ca reste un peu de la soupe. Je ne sais vraiment pas quoi en penser... Quoique, quand on y pense, BlackJazz et autres ne nous donnaient pas un peu le meme ressenti? Peut etre voulaient t'il mettre un pied de nez a un coté prévisible qui se serait fait entrevoir. Je ne connais que peu Shining pour l'affirmer mais ce qui doit etre interessant pour comprendre ce disque, c'est le contexte, les interviews, les annotations. C'est étrange parceque c'est accessible, mais cette meme accessibilité crée justement ce sentiment tres étrange. 

Eternalis - 03 Novembre 2018:

Reverend : je pense que critiquer Animal car il est trop accessible est au moins aussi idiot que de le défendre en disant qu'il faut être ouvert. Je ne dis absolument pas ça. Certes, j'en parle mais musicalement, Animal a plus d'un argument à défendre.
Les choses sont différentes, le Shining que l'on connait à muter, même si quand on écoute OOO, IBS et celui dans l'ordre, on se rend compte quand même d'un changement certes brutal mais pas si radical que ça. Munkeby parle de Muse dans ses interviews...Muse c'est de la pop, c'est accessible et ils font des stades...pourtant, musicalement et autant dans la recherche sonore que l'expérimentation, leurs albums sont plus intéressants qu'une grande partie des albums metal de l'année. Expérimentation n'est pas toujours synonyme de qualité tout comme accessible n'est pas une marque de mauvais opus. C'est trop manichéen. Et comme dit plus haut, Shining risque plus en faisant ça qu'en sortant ce qu'on veut d'eux...ils ont déjà une grosse fan base et ils ne toucheront ni les radios ou les stades. Je pense vraiment que c'est un choix du coeur de leur part et que les prochains opus nous surprendront encore...
Et honnêtement, des titres comme My Church, Take Me, When the Lights go Out ou When I'm Gone sont tellement bien écrits et poignants que je me dis qu'il leur reste encore bien des choses à dire.

HeadCrush - 06 Novembre 2018:

Ca y est j'ai eu le temps de l'écouter quelques fois dans de bonnes conditions et c'est sûr, cet album ne peut que diviser la Fan base. Perso je suis Fan de BlackJazz de cette période mais justement, j'ai trouvé qu'avoir le cran de prendre un virage à ce point marqué qu'il n'a plus rien à voir avec les dernières réalisations...c'est bien sûr risqué mais au delà, de mon point de vue totalement réussi.

Nan mais, vous vous rendez compte que ce disque est dansant et que l'on peut fredonner ses titres ? Respect Jurgen, contniue a faire ce que tu veux perso, je te suis.

TheReverend13 - 12 Novembre 2018:

Eternalis, je ne vois pas où j'ai écrit que je critiquais le disque parce qu'il était plus accessible. Je critique ce disque car je n'y ai trouvé aucune réelle inspiration, et cela n'a rien avoir avec le style pratiqué ; je suis d'ailleurs assez d'accord avec ce que tu dis sur Muse qui est un groupe qui expérimente énormément (et j'ai beaucoup apprécié Drones, un peu moins The 2nd Law mais ça va quand même, je n'ai pas encore écouté le nouveau).

Bon dire que Muse est plus intéressant qu'une grande partie des albums Metal de l'année, c'est ton point de vue, je ne le partage pas, mais je le comprends. Par contre, dire que c'est accessible, je ne suis pas vraiment d'accord, et c'est là toute la spécificité et le paradoxe que je trouve à ce groupe, je n'arrive pas à comprendre comment avec leur musique ils touchent un public si nombreux.

Et concernant ce nouvel album de Shining, je vais revenir sur ce que j'avais affirmé, car j'y suis revenu, notamment grâce à ta chronique, en me disant que quelques écoutes en plus pourraient me faire avoir l'illumination que tu as eue. Deuxième écoute, et j'ai commencé à un peu plus apprécier : le refrain de Fight Song que je trouvais au départ niais au possible m'est resté dans la tête de façon assez agréable, j'ai trouvé My Church pas trop mal, et je me suis dit que finalement ça allait peut-être marcher. Puis une troisième écoute, et le soufflet est retombé directement. Désolé, mais pour moi, ça ne tient pas. Et pourtant je suis ouvert d'esprit, j'apprécie pas mal de styles de musique différents (je suis absolument fan du dernier Ulver, si tu veux parler de groupes de Metal qui s'essaient à la Pop). Mais pas ce nouvel album de Shining.

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