L'attente aura été longue avant que les Américains de Damien ne donnent enfin un successeur aux excellents Every Dogs Has its Days et
Stop This War. Ce nouvel opus, baptisé
Angel Juice, sera, en effet, né après une gestation de près de six ans. Qu'importe, nos espoirs les plus fous quant à la consécration de ce formation méritante allaient, enfin, se concrétiser.
En réalité, pas vraiment car assez rapidement ces convictions vacillent, chancellent et s'écroulent. Damien est ici méconnaissable. Lourd et pataud, essoufflé et sans inspiration, abandonnant les racines britanniques de son Heavy
Metal (
Judas Priest) au profit d'accents plus Thrashy, il se fourvoie totalement. Dès l'entame poussive d'un atroce Shadows in
Darkness s'enlisant dans les terres boueuses d'une créativité effrayante d'inefficacité, il nous dévoile une facette de sa personnalité qu'il eut été préférable qu'il laissât cacher dans la pénombre. Ce premier titre incroyablement lourd et pénible, n'est malheureusement que le premier d'une liste douloureusement consternante. Ajoutons-y un affligeant The Politics of
Pain, un non moins désolant The
Rite, un décourageant Death March ou encore un désespérant
Vlad. Le summum de ce détestable voyage restant encore The
Legend of Trotis, un instrumental interminable aux quelques velléités Progressives et Seventies dont le résultat est insupportable.
Pour être tout à fait juste, il faudra néanmoins nuancer le propos et reconnaître que la production très particulière de ce nouvel opus n'arrangera rien.
Plus feutré, moins précise et plus déséquilibré que celles de ces temps jadis où la formation native de Toledo excellait, ce traitement sonore offre une lourdeur supplémentaire à ce disque.
Même les chants sont ici atroces. Un comble alors qu'on se rappellera qu'autrefois même s'ils manquaient d'un peu de personnalité, puisque souvent très proche des travaux de Rob
Halford, ils n'en demeurait pas moins excellents pour autant. Ici rien de tout cela. Alourdit d'un vernis éraillé très en adéquation avec, bien évidemment, ce visage plus radical, les prestations vocales sont, elles aussi, désolantes. En outre de ces aspérités compréhensibles, ces voix s'accommodent assez mal d'aigus qu'on croirait ceux de
Vince Neil, quelques tons en dessous, chantés par Dave Mustaine, quelques tons en dessous.
Il va sans dire que l'aspect le plus navrant de ce disque n'est pas tant cette radicalisation inattendue, et ces choix créatifs discutables, mais le résultat ennuyeux, inintéressant et laborieux qu'il nous offre la plupart du temps.
Pourtant, au cœur de ce désastre, quelques titres viennent bien nous extraire de cette affreuse torpeur dans laquelle Damien nous jette, nous piétine, nous ramasse et nous rejette constamment ici. Citons Broken
Neck,
Perpetual Sleep,
Retribution et Turn the Key qui loin de nous rappeler au bon souvenir de ce que fut autrefois ce collectif auront au moins le mérite de nous garder éveiller. Un temps du moins.
Avec ce méfait raté, Damien amorce ce qui ressemble au début d'une déchéance le menant inexorablement vers l'oubli. C'est d'autant plus regrettable que ces deux premiers pas avaient été tellement prometteurs.
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