La Pologne est une véritable nation du death metal. L’une des alternatives les plus riches par rapport à une scène américaine de plus en plus stéréotypée. Après le très bon
Awakening of the Liar, album brut de décoffrage et terriblement efficace (où quelques incursions indus pointaient déjà le bout de leurs nez), la bande d’Adam the first sinner revient avec un album aux sonorités plus fouillées et travaillées. Le groupe, soucieux de se démarquer, cherche dés lors à se créer une forte personnalité en pratiquant dorénavant ce qu’on peut littéralement appeler du death industriel.
Kaos quitte le groupe après
Awakening, le groupe poursuit donc sa route en trio. Adam conserve son rôle de leader omnipotent écrivant tous les textes et composant quasi tous les morceaux, il s’occupe aussi lui-même de la production. Listenable confirme sa confiance à ce poids lourd du death européen en distribuant ce nouvel opus, le groupe réinvestit alors le studio Hertz. Enfin pour la réalisation de l’artwork les polonais jettent encore une fois leur dévolu sur le studio
Graal.
Alors même label, même studio et quasi même line up cela ne nous fait donc quasiment aucun changement. Pourtant ils sont nombreux sur ce nouvel opus.
Le groupe assume désormais pleinement ses sonorités indus et il le montre d’emblée avec une intro nous faisant plus penser à
Ministry qu’à
Vader. Quand l’instrumentation entre en scène, le combo nous surprend encore en se montrant sous un jour plus aéré que sur ses précédents opus. Les arpèges sur fond de blast sur le refrain du titre éponyme sont en ce sens assez surprenant et on perçoit dés ce premiers morceau que le combo ne nous a pas pondu un
Awakening bis. Les nombreux samples apportent vraiment une densité et une atmosphère particulière à l’œuvre. Immortalicity incarne parfaitement ce constat en mêlant de puissantes parties blastées à des samples aussi planant que malsains. Dans le même ordre d’idée, on a le droit sur Necropolis et Malediccion à des beats que
Nine Inch Nails n’aurait pas renié. Ces derniers la plupart du temps utilisés lors des breaks donnent vraiment de l’épaisseur à ces morceaux.
Pour coller à ce nouveau registre, la voix d’Adam, toujours aussi puissante, est ici légèrement gonflée avec notamment un fort chorus voire un très léger delay par moment. Malgré cela son growl est très brutal et bien articulé à mi chemin entre un Piotr Wiwczarek pour ce léger accent polonais et un
Nergal pour la puissance (et oui, on est bien en Pologne). Fort d’une production excellente, la batterie (cauchemar des ingés son) vient ici appuyer les riffs même les plus aériens de façons très harmonieuse. Les riffs ne sont pas en restent et l’unique guitare est à la fois tranchante sur les parties palm muté (
Hex) et en même temps technique et varié avec beaucoup d’harmoniques artificielles (Malediccion). On regrettera néanmoins le manque de solis par rapport au précédent opus.
Sans tomber dans le mélodique, le combo a donc réellement métamorphosé son death, en cela ce Anaclasis est indéniablement moins brutal que ses précédentes réalisations. Moins brutal mais aussi moins blackened, le groupe ayant bien compris que l’indétrônable
Behemoth occupait déjà la place, il choisit de calmer quelque peu son amour pour
Satan et s’oriente désormais vers quelque chose de plus philosophique et moins démonstratif niveau texte.
En conclusion, on a affaire à un
Hate décomplexé assumant pleinement ses sonorités indus et ceux avec grand brio. La perte de
Kaos n’a pas été dommageable au groupe car même si on notera une légère perte de puissance par rapport à
Awakening of the Liar l’ensemble sonne quand même plus dense et travaillé que ce dernier. Cet album ne fera néanmoins pas l’unanimité au sein des fans, certains assimilant cette orientation indus à un ramollissement du combo qui les avait habitués à des productions plus violentes et moins aérées. Un album qu’on conseillera donc aux deathers non allergiques aux mélanges audacieux et aux expérimentations diverses.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire