L'ombre sied bien à l'extension du mal, et cela va comme un gant aux polonais de
Hate. A quelques pas derrière leurs compatriotes de
Behemoth, qui prennent toute la lumière noire de porte étendard regroupant les armées du death metal et du black metal, le groupe
Hate, mené par son guitariste chanteur Adam Buzko aka The First
Sinner, n'en est pas moins craint et respecté.
Il faut dire que les gars ont arpenté le chemin du metal extrême en commençant par son versant death dès l'année 1990, et a lancé son premier assaut en 1996 avec le très brut de décoffrage "
Demon Qui Fecit Terram". Le black s'est rajouté par la suite, ainsi qu'une théâtralité plus présente dans leur musique que dans leurs prestations scéniques, marquées par la sobriété et l'efficacité meurtrière. S'en sont suivis une période teintée d'industriel, puis un retour vers les terres poisseuses du death... voire du death/grind sur le précèdent long format "
Rugia" en 2021.
Leur line-up a subi de nombreux changements avec le temps. Le groupe a aussi été marqué par le deuil ces dernières années, avec la perte tragique de leur bassiste Slawek “
Mortifier” Archangielskij en 2013, décédé des causes d'une arythmie cardiaque et découvert un matin par les autres membres du groupe. Depuis son avant-dernier LP sont arrivés Nar-Sil (batterie), et Tiermes (basse), aux côtés du membre fondateur ATF
Sinner (vocaux, guitare) et de Dominik Prykiel aka Domin (guitare).
Après une période de pré-production, "
Bellum Regiis" a été enregistré au Stockholm Grondahl Studio en compagnie de David Castillo dont ils apprécient la manière de produire en s'adaptant au groupe (
Carcass,
Katatonia,
Candlemass) ; on notera la participation de la chanteuse et professeure de chant
Eliza Sacharczuk. Le treizième album de
Hate est sorti le 2 mai 2025 chez
Metal Blade Records, et porte sur sa pochette la couronne de la mort desséchée dans un noir et blanc plus-ténébreux-tu-meurs.
Avec le sens de la dramaturgie et les accents lyriques qui ouvrent les riffs des guitares, et bien aidé par un certain regain d'inspiration,
Hate a bien changé, et fait aujourd'hui penser à un Septic
Flesh moins grandiloquent et saupoudré de tromolo picking black ("The
Vanguard", "Iphigenia"), quand par d'autres côtés, il évoque les
Gojira ou
Fear Factory à leurs débuts dans leur manière chirurgicale d'écrabouiller l'ennemi ("Ageless Harp of
Devilry"). Tout cela se marie parfaitement avec l'artwork et les thèmes abordés par ATF
Sinner, la soif de pouvoir, les luttes et les guerres qui en découlent.
La technique est présente mais pas tapageuse, dans les performances du batteur Nar-Sil, aussi à l'aise dans les blasts destructeurs que dans le travail fin de la ride et de sa cloche. Les soli, assez courts, servant plus à clore un chapitre de morceau, qu'a en mettre plein la vue, témoignent d'un soin dans les compositions, qui sont du reste assez longues, dépassant souvent les cinq ou six minutes.
La production est un peu inhabituelle pour le style qu'ils pratiquent et l'ambiance fin de règne qu'ils mettent en place, avec un son sec et rêche presque thrash/death mettant en valeur des guitares dominatrices.
La première moitié d'album est donc assez réjouissante, si on aime ce genre d'ambiance sombre et guerrière, magnifiée par le superbe instrumental "
Rite of
Triglav" qui semble tout droit sortie de l'univers de The
Witcher, enchaîné avec un "Perun
Rising" aux accents black metal délicieusement péremptoires. Cependant , sur la dernier tiers de l'opus, le groupe redescend dans un entre deux où règne une intensité plus brutale mais moins convaincante, comme s'il avait mis toutes ses meilleures idées dans sa première partie. Ça envoie toujours, ça vocifère et ça blaste, mais en pilote automatique avec le repos du guerrier en ligne de mire. "Ageless Harp of
Devilry", dernier morceau n'est pas fini qu'on sent bien que ni climax salvateur, ni traquenard auditif n'adviendront. Quel dommage quand on voit l'emphase mise au début de ce disque, dont j'attendais une fin digne de ce nom !
Après un douzième album aussi brutal et rapide que le bien nommé "
Rugia",
Hate a changé son fusil d'épaule et sensiblement posé son instrumentation, et l'a ouverte musicalement de fort belle manière. Preuve en est que le groupe ne stagne pas et sait se renouveler alors qu'il revient vers ses racines death metal. Malgré sa relative perte de saveur sur la longueur, "
Bellum Regiis" est un bel album, à la solennité grave et massive. Pour revenir à la comparaison avec
Behemoth qui sort son dernier méfait à quelques jours de distance, elle n'a pas spécialement lieu d'être à cet instant T, où les deux frères de l'extrême polonais ont repris leur place à l'opposé l'un de l'autre.
La comparaison avec sceptic flesh est bien vu néanmoins bien que l'album soit globalement très bon j'ai fini par le trouver un peu lassant car tous les morceaux se ressemblent un peu en outre c'est un peu toujours sur le même tempo. La production est de grande qualité par contre 14/20 pour moi.
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