Depuis l’essor d’
Entombed et
Carnage, on ne compte plus le nombre de formations suédoises ayant marché sur les pas des pionniers de la scène death du pays, à un point ou l’on peut se demander si toute la Suède ne s’est pas subitement mise à jouer du deathmetal. Formé en 1989 autour de son guitariste & compositeur Matthias Lodmalm,
Cemetary n’échappe pas à cette épidémie, pratiquant à ses débuts ce deathmetal typiquement scandinave. Dans les mêmes temps que les allemands de
Fleshcrawl, les suédois de
Seance et les anglais de
Necrosanct, le quatuor suédois rejoint lui aussi l’écurie Blackmark Productions de Borje Forsberg qui, depuis sa signature avec Edge of Sanity, entend bien s’embarquer lui aussi au cœur de cette scène qui monopolise de nombreux regards.
Sans se démarquer,
Cemetary rejoint dès février 1992 le cercle des nombreuses formations suédoises ayant foulé le sol des Sunlight Studios, à l’occasion des sessions d’enregistrement d’
An Evil Shade of Grey, son premier album. On retrouve également un illustrateur bien connu derrière la pochette de l’album, confiées au main de Kristian Wahlin (alias Necrolord), ayant notamment œuvré pour
Grotesque,
Tiamat,
Therion et tant d’autres encore, bien que son dessin ne compte cette fois-ci pas parmi ses travaux les plus mémorables.
Muni d'un enregistrement de Tomas Skogsberg assez typique,
An Evil Shade of Grey possède cette touche deathmetal suédoise indéniable, dégageant le son froid particulier de Left
Hand Path &
Dark Recollection (
Entombed,
Carnage). Toutefois,
Cemetary parvient à développer atmosphère qui lui est propre, à la fois sombre et mélancolique, lui conférant un côté dark/death judicieux, un peu dans l’esprit du grand Soulside
Journey des norvégiens
Darkthrone, un côté mélodique supplémentaire.
En effet, malgré quelques moments rapides et parfois blastés, pour citer le nerveux Scars, le ton d’
An Evil Shade of Grey est résolument sage et son rythme middle tempo. Contrastant avec la guitare rythmique lourde de Christian Saarinen et la voix rocailleuse de Matthias Lodmalm, la guitare mélodique du leader apporte beaucoup de sensibilité, une atmosphère feutrée renforcée par l’apport parcimonieux de passages acoustiques et de fines nappes de claviers, à l’image du subtil morceau
Dead Red ou de la tout aussi somptueuse pièce finale Souldrain.
Unique album purement deathmetal de la discographie de
Cemetary,
An Evil Shade of Grey cumule à première vue plusieurs stéréotypes qui le confinent inévitablement dans l’ombre de ses aînés et l’empêchent de s’imposer, sans compter les efforts promotionnels de Blackmark Productions plutôt maigres. Pourtant, au-delà d'un deathmetal relativement conventionnel, ses reflets dark et son mélange subtil de brutalité et de mélancolie lui apportent une nuance remarquable. L’excellent
Nightmare Lake, l'un des titres le plus intenses de l’album, à l'équilibre admirable entre éléments death & dark, en est le parfait exemple, et préfigure déjà la future orientation gothic-doom de
Cemetary.
Fabien.
Cet album est passé inaperçu surement à cause de tout les sorties death des années 91 et 92...
Une future orientation gothic-doom, d'un band suèdois en plus? Je suis curieux...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire