Pile un an après la capture d’
An Evil Shade of Grey,
Cemetary réinvestit les Sunlight Studios en février / mars 1993, sous l’oeil bienveillant de Tomas Skogsberg. Si la bande de Mathias Lodmalm possédait sur son premier jet un son d’une granularité très typique de ces lieux, il obtient désormais un son plus chaleureux et personnel, lui permettant de sortir des sentiers tracés par
Entombed,
Carnage et
Dismember. Mais le plus gros changement reste avant tout d’ordre musical, puisque si l’on percevait déjà une certaine sensibilité sur le debut-album,
Godless Beauty s’éloigne quant à lui significativement du swedish-death standard pour un voyage dans des sphères bien plus proches du doom, à l’image de la pochette plus introspective et bien moins stéréotypée.
Now She Walks the Shadows ouvre l’oeuvre sur des rythmes entrainants, possédant une couleur death’n roll que l’on retrouvait une année auparavant chez
Furbowl sur Those Shredded Dreams, et séduisant aussi et désormais l’équipe d’
Entombed sur
Wolverine Blues. Toutefois si l’on retrouve quelques titres de cette même teneur au fil de l’avancée, le ton dominant de
Godless Beauty est davantage empreint de mélancolie, à l’image du fabuleux titre By My Own
Hand, bâti sur un rythme lent, des refrains mélodiques & poignants, et des soli de guitares tout aussi saisissants.
Encore rauque & altéré, le chant de Mathias Lodmalm perd quant à lui son côté guttural au profit d’une voix plus émotionnelle tandis que, idéalement intégrés à l’ensemble, les plans acoustiques renforcent le spleen émanant de l’album, offrant de formidables contrastes avec les guitares lourdes et saturées, et réservant ainsi de belles montées en intensité et une superbe fin d’album lors des morceaux
Sunrise et Where the
Fire Forever Burns.
Possédant encore des réminiscences deathmetal de son passé,
Cemetary franchit ainsi une étape dès son second effort, à la manière de
Tiamat sur ses albums The
Astral Sleep &
Clouds, au style sensible et lourd en émotions. Si la césure est assez nette par rapport à son prédécesseur,
Godless Beauty ne trahit toutefois pas l’identité de notre groupe de Boras, qui parvient à se réorienter sans totalement déconcerter. Somme toute, c’est une belle passerelle entre doom et deathmetal, avant un changement de cap plus serré dès l’oeuvre prochaine.
Fabien.
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