Si la Pologne et la République Tchèque ont rejoint relativement tôt le train du deathmetal dans les pays de l’Est, sous l’impulsion d’
Imperator,
Vader et
Krabathor, difficile de trouver en revanche de sérieux prétendants en Russie à cette époque. L’histoire remonte à ma connaissance jusqu’au groupe
Mortem formé à Moscou en 1989 et auteur de son premier album
Amputator en 1993. Si le disque n’a toutefois guère dépassé la frontière russe à sa sortie,
Cannibal Corpse est en revanche arrivé sans aucun doute jusqu’aux oreilles du quatuor moscovite, tant son premier effort nous rappelle l’ambiance des Eaten Back to
Life et Butchered at Birth du gang floridien.
Mortem ne bat effectivement pas la demi-mesure, tant son album
Amputator s’ancre définitivement dans un deathmetal foncièrement brutal, sans parler de son concept résolument gore & violent, à l’image des morceaux Decomposing
Cadaver ou Addiction to Sexual
Slaughter aux propos sans équivoque. Inutile de se formaliser pour autant puisque le groupe précise poliment «
Mortem is against all forms of violence, don’t take our lyrics for Propaganda !!! », du moins sur la réédition CD de MetalAgen ayant vu le jour en 2003.
Dans le sillage de
Cannibal Corpse, ce premier album de
Mortem rappelle aussi une version turbo de The Bowels of
Repugnance des brutes américaines de
Broken Hope, servi par des rythmiques tapageuses et restituant le même climat étouffant, sans parler des vocaux de
Vitaly Glushko d’un guttural tout aussi effroyable.
Amputator se situe toutefois quelques crans en dessous des standards précités, à commencer par l’enregistrement assez plat de Viacheslav Chernikov au V.R. Studio du coin. Le quatuor prend certes un malin plaisir à saigner les tympans à coups de
Dead Love et
Execution for Meat, bien que ses compositions perdent du coup significativement en puissance.
Musicalement, en s’autorisant à employer ce terme,
Mortem apporte de nombreuses variations au cœur de ses morceaux afin de leur donner suffisamment d’oxygène, à l’image des breaks dynamiques et torturés du titre éponyme et du tout aussi bon Sexual
Slaughter, ou encore d’un
Post Mortem bien balancé. Néanmoins, les idées restent globalement assez répétitives, sans compter le guttural gras de
Vitaly manquant d'entrain. Quant aux riffs, s’ils sont rapides et acérés pour citer les bonnes salves envoyées sur
Exhumer ou
Blood Thirsty, ils manquent souvent d’impact lorsque le rythme s’emballe, faute à une capture mettant les guitares de Fyodor moyennement en valeur.
Amputator aurait bien sûr gagné en massacre avec une production adéquate, mais reste néanmoins un album marquant dans le paysage extrême de l’est européen, comptant parmi les premières ogives larguées depuis ce coin du globe, mais aussi parmi les opus les plus brutaux et tapageurs de son époque. Bien que
Mortem manque encore de force et de finesse en 1993, le deathster doit toutefois s’attendre à subir à un sacré tronçonnage en règle, riche en hémoglobine. Une vraie boucherie sonore condensée en 27 minutes qui hache menu-menu.
Fabien.
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