Amends

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17/20
Nom du groupe Grey Daze
Nom de l'album Amends
Type Album
Date de parution 10 Avril 2020
Style MusicalGrunge
Membres possèdant cet album11

Tracklist

1.
 Sickness
 
2.
 Sometimes
 
3.
 What's in the Eye
 
4.
 The Syndrome
 
5.
 In Time
 
6.
 Just Like Heroine
 
7.
 B12
 
8.
 B12
 
9.
 Morei Sky
 
10.
 She Shines
 
11.
 Shouting Out
 

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Grey Daze


Chronique @ Eternalis

28 Septembre 2020

"Amends" est un hommage. Une frange de vie perdue, un ultime témoignage de l’amour que ses amis lui portaient ...

20 Juillet 2017. Le couperet tombe. Soudain. Inattendu. Irréel. Chester Bennington s’est arraché à la vie, 41 ans, par pendaison. Quelques semaines après Chris Cornell, et de la même façon. Que l’on apprécie ou pas son parcours artistique n’enlève en rien la détresse d’une scène rock et metal en émoi après la disparition de deux leaders et frontman charismatiques, voix uniques s’ils en étaient, et personnages aux textes souvent sombres et torturés.
Soundgarden et Audioslave pour l’un, Linkin Park pour l’autre. Des groupes ne faisant pas toujours l’unanimité, au centre d’éternels conflits sur la pureté d’une scène metal s’étant ouverte durant les années 90 à des influences bien plus urbaines et accessibles au gré des modes.

S’il semble évident que Linkin Park ne fera probablement plus rien sans Chester (qui peut imaginer "In the End" ou "Bleed it Out" sans lui ?), personne n’avait véritablement vu venir ce qu’il allait advenir de Grey Daze, obscur premier groupe de Chester qui n’a jamais réellement été connu (à part aux U.S.A ou par les acharnés du groupe) avec deux opus passés inaperçu et n’ayant pas forcément réapparu à la surface suite à l’explosion d’"Hybrid Theory" et "Meteroa" (il semblerait que la Warner y ait veillé, selon la version de Sean Dowdell).
Alors, lorsqu’un sticker putassier inscrit en gros « The last vocals recordings of Chester ... » sur un artwork assez laid d’un groupe que je ne connais pas, je me pose quelques questions, surtout 3 ans après sa mort. Qu’est-ce que cette histoire que je n’avais absolument pas suivie ?

Comme il fallait s’en douter, Chester n’a absolument rien enregistré mais il était dans les rouages depuis 2011, puis plus concrètement 2015, de reformer le premier groupe du vocaliste avec le batteur d’origine Sean et certains musiciens reconnus (Head ou Munky de Korn apparaissent) pour donner enfin ses lettres de noblesse à ce groupe oublié. Ami depuis toujours et collaborateur en business (lignes de vêtements et salon de tatouages notamment), les deux hommes avaient à cœur de remonter le groupe, refaire une tournée et montrer aux jeunes d’où ils venaient. La vie en décida autrement mais, après avoir fait le deuil de son ami, Sean décide de poursuivre l’aventure et de sortir un ultime disque pour honorer la mémoire de Chester.
Après de premiers aprioris de rigueur dans ce genre de situation (on sait tout le business que rapportent les morts, aussi horrible soit-il), il faut avouer que "Amends", le disque issu de cette impulsion, est un magnifique hommage à la voix et à la personnalité du vocaliste. On sent que l’issu n’est pas financière (en tout cas pour Sean, concernant les labels c’est autre chose ...) et que tout a été fait pour coller au mieux afin de mettre en avant la voix du défunt.

Véritable travail de titan et de fourmi à la fois, Sean a ressorti de vieux enregistrements du milieu des années 90 quand Chester n’avait que 20 ans, avant qu’il rejoigne Linkin Park, et a totalement isolé sa voix afin de s’en imprégner. Certains titres sont issus des deux premiers opus très grunge du groupe tandis que d’autres ne sont pas connus. Après de nombreuses semaines à faire tourner en boucle dans son esprit ces uniques lignes de chant, Sean, accompagné d’amis, a totalement réécrit et réarrangé les compositions, sans aucune marge de manœuvre puisqu’il devait impérativement se baser sur ce qui était chanté (bien que la magie de l’édition numérique a dû lui sauver la vie sur certains passages). Le résultat est bluffant de vie et de puissance, tant la voix de Chester est organique, torturée et charnelle, démontrant à quel point l’américain avait déjà un timbre exceptionnel dès son plus jeune âge. Oublié le côté mélodique, rappé pour accompagné Mike Shinoda pour laisser la place à un chant très mélancolique, à fleur de peau, peuplé de rares mais intenses hurlements à vous arracher les tripes. Et surtout des textes d’une rare profondeur, prenant un écho bien plus désespéré aujourd’hui mais déjà impressionnant quand on sent qu’ils ont été écrit si jeune (ceux de "In Time" ou "Just Like Heroin" par exemple).

Musicalement, il ne faut rien attendre d’exceptionnel. Sean n’est pas un batteur hors-normes et ça sent dans les structures très classiques (pauvres diront certains) des compositions et ce n’est pas du côté des riffs qu’il faudra y avoir une quelconque révolution. Le côté grunge s’est évaporé au profit de guitares lourdes, parfois obscures ou au contraire aériennes, excuses parfaites pour propulser la voix de Chester sur certains refrains à vous taillader les veines. On pense forcément à plusieurs titres, le très fort "The Syndrome" qui nous pose la question du bonheur ou le bouleversant "In Time", ayant totalement abandonné les guitares originelles pour une ambiance vaporeuse et presque électronique. Le couplet laisse l’entière place à Chester avant un refrain absolument dantesque et magnifique, autant dans le texte que l’intensité de son chant (« In Everything told, must come true. Prettending to be real, Forgetting who you are »). Le final (« Pain, so much pain ... ») ferait presque monter les larmes aux yeux et évoquent parfaitement cette sensation d’écouter une ode funéraire autant qu’à la vie qui a été celle de Chester, parfait témoignage d’un talent fauché par la dépression. "Just Like Heroin", qui suit, s’enfonce dans cette même douleur avec l’un des passages les plus violents de l’album (ce break où il hurle comme un damné le titre du morceau) avec un riff saturé sur le refrain et des mots qui semblent prémonitoires (« It’s my time to fade, dying on the floor »).

L’album alternera les atmosphères plus mélancoliques et empreintes de nostalgie comme le magnifique "Sometimes" (parfaitement mis en images dans le clip) qui évoque les doutes d’une existence partagée entre hurlements de foules et sensation fantomatique. Le refrain est une fois de plus la pierre angulaire du titre, plein de douleurs comme tant de jeunes groupes des années 90 savaient le faire, sans mélodies faciles pour appuyer le propos. Sa voix, poussée pour être rappeuse et écorchée, n’en est pas moins dénuée d’une beauté terriblement humaine et fragile. C’est la même chose sur "Soul Song", qui voit le fils de Chester apparaitre sur les chœurs et chanté aux côtés de son père alors qu’il est aujourd’hui plus vieux (22 ans) que lui lorsqu’il enregistrait ces parties. Ce genre de titres laissent un gout amer lorsque l’on prend conscience que nous ne les verrons jamais sur scène, interprétés de cette façon par un frontman en état de grâce.
Certains tics de langage reviennent parfois à la surface, comme ce "B12" typiquement neo metal (Munky et Head jouent dessus) avec un phrasé urbain qui semblait annoncé ce qu’il proposerait quelques années plus tard avec le groupe qui le ferait exploser. Idem concernant un "What’s in the Eye" qui aurait gagné à apporter un peu de variété au niveau du riff puisque la ligne vocale se veut plus traditionnelle cette fois-ci (même s’il faut prendre conscience du puzzle qu’a dû être l’élaboration de titres à l’envers, puisque le chant est souvent ce qui arrive à la fin). La fin du disque nous réservera un poignant "She Shines" à vous coller des frissons dans le dos (ces hurlements retenus, contenant autant de douleur que de colère) et le plus anecdotique "Shouting Out" qui clôture l’ensemble sur une note pop électronique que l’on reprochera plus tard à Linkin Park dans ses périodes moins inspirées.

Difficile d’avoir un avis objectif et éclairé sur "Amends". Le poids du contexte joue extrêmement fort dans l’album et il serait bien hypocrite de certifier que nous ressentirions la même chose si l’album avait été réenregistré intégralement avec un Chester vivant face à nous. "Amends" est un hommage. Une frange de vie perdue, un ultime témoignage de l’amour que ses amis lui portaient et de ce qu’il aura apporté à la scène musicale durant son passage parmi nous. Juste pour cela, nous pouvons remercier Sean d’être aller au bout de ses idées, de ses tripes et des avis contraires pour donner vie à cet ultime album. Merci.

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