Adeline

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18/20
Nom du groupe Fallen Arise
Nom de l'album Adeline
Type Album
Date de parution 20 Octobre 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album10

Tracklist

1.
 Prologue in D Min
 02:16
2.
 The Curse of Adeline
 06:22
3.
 We’re Becoming Gods
 05:05
4.
 Divine Bride
 07:37
5.
 Silent Weeping
 04:28
6.
 The Heart of the Damned
 05:38
7.
 My Last Breath
 04:45
8.
 White Crystal Angel
 06:17
9.
 Funeral
 02:25
10.
 Music Box
 01:29
11.
 As Far the Memory Remains
 06:12
12.
 Oceans of Time
 04:12
13.
 Epilogue
 02:42

Durée totale : 59:28

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Fallen Arise


Chronique @ ericb4

07 Octobre 2015

Une sculpturale et efficace offrande, témoignage d'un projet abouti pour le combo athénien

En Grèce, depuis quelques temps déjà, le metal symphonique à chant féminin n'a de cesse de faire des émules. A l'image de Bare Infinity, Elysion, et plus récemment Jaded Star, le sextet athénien souhaite également essaimer ses gammes et ses arpèges, notamment à l'aune de son nouvel opus. Depuis six ans déjà, malgré quelques changements de line-up, le combo ayant cru en ses chances, s'est accroché à ses espoirs, ayant alors révélé ses talents, reconnus par la presse spécialisée et plébiscités par le public. Aussi, suite à « Eternal », efficace EP généré en 2010, à « Ethereal », premier et admirable album full length sorti trois ans plus tard, le groupe a souhaité garder une ligne directrice cohérente avec son passé tout en se tournant vers de nouveaux horizons. Que vont alors nous réserver les treize nouvelles pistes de cette généreuse offrande sortie chez Rock Of Angels Records, pas moins de deux années après leur précédent opus ?

Pour ce faire, le collectif égéen a requis et harmonieusement coordonné les compétences éprouvées de : Spyla, chanteuse au timbre de voix chatoyant ; Christos Kontoulis, interprète à l'impressionnant filet guttural ; Gus Dibelas (Wolfcry, ex-Secret Illusion), claviériste émérite, inscrit dans les rangs du combo depuis ses débuts ; Frangiskos, guitariste au fin toucher ; Thanos, batteur à la frappe sèche et redoutable de précision et Aggelos Mal (Arkovlies, Daylight Misery), bassiste de talent. De cette collaboration sont nées des compositions plus mûres et bien inspirées. Ainsi, le groupe a su coordonner avec habileté les moments incisifs et les instants tamisés, évoluant sous le joug d'un sens aigu de la mélodie, souvent ragoûtante, parfois nuancée, mais ne tombant jamais dans les travers d'une affligeante mièvrerie. Les paroles, pour leur part, ont fait l'objet d'une certaine attention, étant écrites avec délicatesse et restituées dans les lignes de chant avec justesse, relatant la courte vie d'Adeline. A ce titre, le schéma caricatural de la Belle et la Bête fait partie du principe-même de cette livraison. En outre, une empreinte romanesque enserre cette œuvre, que l'on ressent dans les textes tout comme dans les graphismes. Et ce, à commencer par l'artwork de la jaquette, aux effets de flou sur fond de tonalités gris-bleu, en arrière-plan de l'esquisse d'une femme aux traits précis et au regard concentré sur son étrange et rougeâtre objet.
Pour sa mise en valeur, un effort a été consenti sur la qualité de l'enregistrement, l'opus ne laissant transparaître que très peu de saturations. Tout aussi convaincant, le mixage a permis de suivre un parcours auditif agréable, sans effets de compression de l'instrumentation, ni de lignes de chant sous-mixées. Quant aux enchaînements inter pistes, ils ne révèlent pas de failles particulières, tout comme les finitions, toujours au rendez-vous de nos attentes. Sur ces bases saines, entrons sans plus attendre au cœur de ce paysage de notes disséminé sur près d'une heure d'un ruban auditif diversifié et fort en émotions.

On suit le déroulement des péripéties de cette histoire à l'image d'un film tragique dont il s'agit d'en extraire les instants les plus significatifs.
Tout d'abord, on entre en contact avec ce propos par quelques notes intrigantes et mots oralisés dispensés sur l'entame de l'opus. Aussi, le rideau s'ouvre sur une insoupçonnée introduction violoneuse samplée assortie d'une profonde, lointaine et lugubre empreinte percussive sur « Prologue in D Min ». Celle-ci nous parcourt l'échine lorsqu'une voix masculine grave, posée, au propos insécurisant, nous conte quelques moments-clé de l'existence de la jeune femme. Née en 1863, vivant dans une petite maison avec ses parents en plein cœur de la forêt, celle-ci fut frappée par le destin, par une sorte de malédiction qui la fit décéder bien trop tôt. Elle n'avait que dix-huit ans. Le décor étant planté, parcourons les chapitres de cette offrande en fonction de leur ambiance, de leur apport à l'histoire et au style metal dans lequel s'inscrit le combo athénien.

Parmi les moments les plus marquants, on ne restera pas insensible à ceux délivrant une incandescente atmosphère sur fond de cavalerie rythmique au galop. Ainsi, un subtil piano se fait aspirer par des choeurs en faction et des nappes synthétiques fouettantes, un tantinet graveleuses, sur « The Curse of Adeline ». Titre rageur à la rythmique démoniaque et aux riffing trappu, cet instant virulent se révèle terriblement immersif, à l'instar de couplets parfaitement mis en abime par de profonds growls et de spectraux et mélodieux refrains, nous plaçant ainsi au cœur de la tragique destinée de la jeune Adeline. Une lead guitare et des arrangements revigorants nous installent dans une tourmente instrumentale dont il devient difficile de s'extraire sans séquelles, à la façon de Jaded Star. Soudain, une rupture bien amenée par le retour d'arpèges au piano, nous fait découvrir, au final, la voix émouvante de la jeune fille, désespérée, agonisante, narrée par Spyla. De même, une ambiance enjouée s'installe sur « Divine Bride », fresque où la sirène au filet de voix qui n'est pas sans renvoyer à Maxi Nil se fait prestement rejoindre par son réjouissant compagnon au timbre rocailleux. Cela, sur un beau parcours auditif aux sulfureux méandres atmosphériques. Soudain, un pont aux savoureux arrangements à l'assise violoneuse épurée suspend le moment présent, avant qu'une frondeuse reprise orchestrale que chevauche une empreinte oratoire duale ne viennent le dissoudre. Percutant moment empli de cette verve intarissable, s'éteignant peu à peu sous le flux mesuré d'une ondulante rampe au piano dispensée par Gus Dibelas. Par ailleurs, une empreinte power habite « The Heart of the Damned », titre mystérieux d'inspiration gothique nous immergeant dans une ambiance engloutissante de fin du monde dont des grunts saignants ne manquent pas d'en souligner le trait. Comme pour conjurer l'aspect tragique de la scène, de souriants refrains, agréablement servis par la maîtresse de cérémonie, ne ratent pas leur cible, celle de nos émotions. Un break opportun nous cale dans un bref moment d'accalmie progressivement aspiré par le corps vocal, la belle prenant alors le relai en reprise sur le refrain, le tout s'achevant crescendo. Bref, cette série de pistes renseigne déjà sur les intentions avouées du groupe de nous rallier à sa cause, et y parvient sans trop de difficultés.

Mais, nos acolytes ont aussi veillé à nous octroyer des titres moins tranchants, néanmoins suffisamment enchaînants pour s'avérer aptes à s'inscrire dans la catégorie des hits en puissance. Et ce, de différentes manières. Sur l'entraînant « We’re Becoming Gods », morceau metal symphonique mélodique aux riffs retenus et aux accords bien sculptés, un duo mixte nous est offert, où la belle, véhiculant de fines et célestes modulations, partage le micro avec son comparse, Christos, à l'agréable grain de voix clair un poil éraillé. Ces joutes oratoires ne sont pas sans rappeler Visions Of Atlantis. Nos acolytes suivent un cheminement mélodique rigoureux et aux oscillations incitatives à l'adhésion, sur les couplets comme sur les refrains. On appréciera, au passage, un solo de guitare au délié alerte, signé Frangiskos. On est en présence d'un titre émotionnellement imparable sachant ménager ses effets et qui, assurément, est taillé pour les charts. Mais là ne s'arrête pas l'entreprise de séduction. L'énergisant « My Last Breath », d'obédience metal symphonique pur, aux riffs crochus, laisse entrevoir quelques arpèges au piano avant de nous embarquer sur un somptueux couplet pour nous livrer un refrain qu'on entonnerait à tue-tête. Dans la veine d'Elysion, ce titre rythmiquement entraînant nous immerge rapidement dans le feu de l'action, avec une sirène plus efficace que jamais, sachant libérer de câlinantes vibes sans se départir d'un zeste d'impulsivité. Un break opportun s'offre aux affres d'une reprise sur le refrain des plus ravageuses, avant qu'un solo de guitare des plus affriolants ne vienne à son tour nous ravir le tympan. Et le spectacle est à la hauteur de nos espérances : dantesque et apte à laisser transpirer une émotion subreptice. Enfin, vivifiante, rafraîchissante, « White Crystal Angel » n'a pas non plus raté son effet, loin s'en faut. Il s'agit d'une alerte et progressive plage rock'n'metal symphonique débordant de sensualité, insufflée par les patines ouatées et félines de la déesse, le long d'un cheminement harmonique immersif à souhaits. Rejointe par moments par la bête, par effet de contraste, la belle ne cesse de faire virevolter ses captatrices modulations orales un poil suaves pour tenter de nous faire plier l'échine. Elle y parvient, bien souvent, avec beaucoup de naturel et un soupçon d'élégance. Et ce, au beau milieu d'une orchestration diablement vigoureuse et distillant des séries d'accords quasi imparables, d'où émerge le mirage d'un délicat et inattendu piano. Bref, un moment mélodieusement flamboyant de pure jouissance auditive.

Le combo a su également jouer des contrastes pour nous rallier à sa cause. Le mid tempo « Silent Weeping », à la loi dictée par une lead guitare rugueuse, le prouve. Il nous livre un contraste vocal saisissant entre les sensuelles et sulfureuses impulsions de la déesse et les ombrageuses saccades de son growleux acolyte, dans une atmosphère paradoxalement colérique sur les couplets et enjouée sur les refrains.

Soudain, comme pour rompre avec une intarissable et intense rythmique, deux titres côte à côte jouent les arbitres. L'ambiance s'assombrit, les vents spectraux hurlent, le temps se fige, on se rapproche inexorablement du néant. Sonne alors le glas et claquent de lugubres et implacables pas sur le glaçant « Funeral », tels une sentence irrévocable. Ce titre au récit poignant, évoquant le destin tragique d'Adeline, trop tôt rappelée par le Seigneur, nous fait partager le déchirement de sa mère, dévastée, sanglotant de toutes les larmes de son corps. Un insensible cortège funèbre, au son de violons écornés et d'un cruel tambour à la régularité métronomique, avance inexorablement, jusqu'à l'ultime étape du voyage de sa vie. Mais, il faut bien s'y résoudre, Adeline n'est plus. Aussi, pour conjurer le sort, la mère de la jeune femme se remémore la musique gracile d'un objet frileux. Ainsi, une boîte à musique dispensant une sempiternelle ritournelle que dessinent de fragiles notes, aussi rassurantes que joliment organisées, se fait ouïr sur le bien-nommé « Music Box ». La mère de la défunte se remémore ainsi les temps heureux, cet objet musical ayant été transmis de génération en génération, Adeline ayant été la dernière à le tenir dans ses mains. Il lui a été restitué, non sans tristesse, pour son rendez-vous avec l'Eternel.

Le combo n'a pas omis de nous offrir quelques moments d'une grande force émotionnelle, sur un tempo mesuré et selon une inspiration mélodique difficile à esquiver. Ainsi, des mots bleus d'une confondante sensibilité parsèment « As Far the Memory Remains », ballade émouvante couplant les chaleureuses notes étirées dans les graves de la déesse et les truculents arpèges du vénérable instrument à touches, ce qui n'est pas sans rappeler Bare Infinity. Et ce, au fil d'un long fleuve à la rythmique tamisée, où coule une onde vibratoire aussi mélodiquement soyeuse que jouant avec brio sur les nuances de tonalité, nous parcourant l'âme jusqu'à solliciter nos sentiments les plus enfouis. Difficile alors de résister à l'appel de la sirène sur un titre témoignant d'une remarquable profondeur de champ acoustique. Par ailleurs, si l'enivrement de nos sens est ici de mise, il prend une autre signification sur une seconde ballade, sans même avoir à user d'une rythmique autre que celle de ses harmoniques. Ce faisant, un plombant piano nous attire irrémédiablement sur « Oceans of Time », morceau aux gammes veloutées, laissant s'échapper quelques sonorités de vagues assagies trottant sur la grève. Avec une extrême douceur, nous sommes invités à suivre de ravissantes tribulations vocales masculines au timbre clair, rattrapées par la charismatique patte de velours de la sirène. Et ce, suivant un tracé mélodique jouant sur les oscillations autour de sa ligne centrale, renforcé par un délié au piano des plus habités et quelques variations octroyées par un fringant archet, caressant les cordes d'un romantique violon, ce dernier clôturant de bien belle manière l'instant fragile. Dans un même mouvement, l'outro de l'opus s'installe, sur une note plus énigmatique. Roulements de tambour, piano à la gravissime tonalité et choeurs étouffés nous accueillent alors sur « Epilogue », bref acte final délivrant de renversantes inflexions, devenues cristallines, émanant de la maîtresse des lieux. Soudain, le cortège macabre rompt sa progression. Le glas sonne, une dernière fois...

Bouleversant message musical que nous a octroyé le combo grec, que l'on se repasse quasi naturellement, ne serait-ce que pour en déceler les détails les plus fins de cette solide et ragoûtante production. Au passage, on aura noté une inaliénable structure de la tracklist, de convaincants enchaînements, le collectif ayant su ménager les coups de théâtre de cette pièce ô combien roborative et hypnotique. Le groupe poursuit ainsi sereinement son chemin, avec davantage de maturité dans le jeu d'écriture et dans la création de son scénario, brillamment composé et savamment restitué. Dans la lignée de ses homologues et compatriotes stylistiques, le combo parachève de nous assurer de la légitimité de sa position dans ce registre metal. Il semble même marquer le pas, orientant ses travaux vers un metal symphonique déjà calqué sur un metal opéra en gestation. Ainsi, cette nouvelle option, susceptible de nécessiter quelques écoutes attentives préalablement à une adhésion au projet, pourra aisément convenir aux amateurs de metal symphonique, mélodique, gothique et atmosphérique. On détient là, assurément, une œuvre à la signature artistique affirmée et qui devrait rencontrer un accueil favorable auprès d'un auditorat élargi à d'autres horizons encore. Autrement dit, le combo vient de franchir une étape cruciale dans sa carrière, apte à lui ouvrir les portes d'un succès tant espéré. Il ne reste plus qu'à lui souhaiter bonne route...

9 Commentaires

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Flandre - 09 Octobre 2015: Merci beaucoup pour ta chronique, Ericb4. Il me semble que le groupe est prêt à nous offrir un voyage musical d'un intérêt artistique incontestable avec ce nouvel album concept. Encore un peu de patience donc avant sa sortie.
ericb4 - 09 Octobre 2015: Merci à toi. En effet, ce groupe a progressé et peut nous offrir désormais tout ce qu'on serait en droit d'attendre dans ce registre.
Insmomnium - 10 Octobre 2015: Merci pour cette explication, au moins les choses ne sont pas faites au hasard, ça s'entend.
ericb4 - 11 Octobre 2015: Il n'y a pas de quoi. Plusieurs passages du ruban auditif s'avèreront nécessaires pour en déceler toutes les subtilités. Et cet opus est loin d'être carencé en la matière. Il se peut alors que la magie finisse par opérer, annihilant toutes formes de résistance consciemment, ou non, dictées par une raison encageant, de fait, la passion. On comprend ainsi que chaque note est à sa place et les accords travaillés au scalpel. A l'heure qu'il est, la concurrence est si rude que chaque détail qui pourrait faire la différence a son importance. Et, manifestement, ce talentueux combo l'a parfaitement assimilé. Souhaitons-lui bonne continuation.
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