Acid Mist Tomorrow

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19/20
Nom du groupe Hypno5e
Nom de l'album Acid Mist Tomorrow
Type Album
Date de parution 22 Fevrier 2012
Labels Klonosphere
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album46

Tracklist

1. Acid Mist Tomorrow 10:08
2. Six Fingers in One Hand She Holds the Dawn (Part I) 00:48
3. Six Fingers in One Hand She Holds the Dawn (Part II) 07:42
4. Story of the Eye 10:35
5. Gehenne (Part I) 04:10
6. Gehenne (Part II) 04:50
7. Gehenne (Part III) 04:32
8. Brume Unique Obscurité (Part I) 07:08
9. Brume Unique Obscurité (Part II) 04:02
Total playing time 53:55

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Hypno5e


Chronique @ Eternalis

23 Fevrier 2012

"Acid Mist Tomorrow" mérite sa place sur un trône auprès de ces grands albums avant-gardistes et innovants

« Pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution, et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine »
Albert Camus – « L’étranger »


La haine de l’autre. Le désespoir de la solitude. Le rejet de l’aide. Le cynisme de la mort et la destruction de la vie.
Entre amour et animosité, guerre et paix, souffrance et repos…Hypno5e se place.
Quatuor français s’étant fortement fait remarqué avec son premier opus autoproduit, ces alchimistes du son, fraichement signé chez Klonosphere et distribué par Season of Mist, s’apprêtent à sortir l’un des grands disques de l’underground français de ce début d’année avec le premier Psygnosis ("Anti-Sublime").

Énorme claque en travers du visage, "Acid Mist Tomorrow", à la sublime pochette, emporte l’auditeur dans un voyage qu’il n’est pas prêt d’oublier.
Le premier titre éponyme met rapidement les choses en place. Une production monstrueuse de puissance à l’impact colossal, un Emmanuel Jessua tétanisant de violence aux vocaux hurlés et intimidant de sensibilité et de fragilité sur ses phases en voix claires (rarement le paradoxe n’aura été si prononcé…laissant loin derrière les considérations de chant death et heavy), des riffs syncopés et plus mélodiques faramineux d’inventivité et une batterie qui, si elle semble relativement synthétique lors des premières écoutes, se révèle elle aussi une véritable machine de guerre.
Pendant dix minutes, les montpelliérains détruisent nos boyaux, les tordent et les torturent d’émotions dans cette beauté sombre à la mélancolie exacerbée, que ce soit dans les passages très violents (quel chanteur mon dieu…) ou les instants acoustiques évoquant parfois Katatonia. Les plus rigoureux d’entre vous remarqueront également les multiples citations dans ce morceau renvoyant au chef d’œuvre d’Albert Camus « L’Etranger », que ce soit des phrases aussi dures que « A la limite de la nuit, des sirènes ont hurlé. Elles annonçaient des départs pour un monde qui maintenant m'était à jamais indifférent » ou celle servant d’introduction à cet article…le tout colorant la composition d’une culture et d’une force d’évocation extrêmement forte, clairement désespérée (renvoyant au fameux meurtre de Meursault).

L’enchainement suivant, "Six Fingers in One Hand She Holds the Dawn part I" et "II" est tout autant redoutable d’efficacité, de violence et de beauté. Une nouvelle fois, les éclats de mélancolie où Emmanuel apparait comme une âme secondaire de Jonas Renske affrontent la violence de passages renvoyant parfois à Devin Townsend, à Hacride rythmiquement ou encore à MOPA pour l’aspect déchiré des vocaux. Cette fois, c’est à Gérard de Nerval qu’une citation prête sa voix, au poème « Epitaphe », très sombre et évoquant la rencontre avec la mort, le basculement de l’autre côté de la vie …l’écho musical se fait alors désespérément plus violent, grinçant, menaçant et malsain mais avec ces pointes mélodiques que l’on pourrait croire sorties de l’école suédoise. Les attaques de Thibault Lamy derrière les futs sont monumentales de puissance, broyant l’auditeur à de multiples endroits et conférant une sensation d’emprise totale, de maitrise et de colosse de la part d’Hypno5e.

Et que dire de la suite "Gehenne" ?
Divisée en trois parties, elle est une montagne russe émotionnelle emportant l’auditeur aussi loin qu’il est possible d’aller, en le lacérant littéralement. Prenant ici appui sur les écrits du livre « Capitale de la Douleur », livre que l’on retrouve dans le film « Alphaville » de Jean Luc Godart (1965), la composition s’octroie les services du français, de l’espagnol (ou italien ?) et de l’anglais pour un métissage des cultures intelligent, harmonieux et extrêmement beau dans sa souffrance. Si c’est sur la partie I que l’on retrouve le Hypno5e le plus planant qui soit (avec cette sublime mélodie acoustique rappelant, probablement par hasard, le "Back to Madness" de Stratavarius), ce sont dans les parties II et III que les agressions les plus brutales de l’album se trouvent, notamment au niveau des riffs plus dissonants que jamais (l’ouverture ultra agressive de la partie II, avec le blast beat et le riff le plus rentre-dedans du disque) et les hurlements magnifiques d’Emmanuel, hurlant ses tripes comme il est si rare de l’entendre, avec son cœur, avec passion et violence, sans aucune concessions (ce démarrage de la partie III…).

Quant à "Story of the Eye", il regroupe les différents éléments qu’Hypno5e a méticuleusement travaillés sur cet album. Un impressionnant travail sur le son, sur les atmosphères et sur un concept riche et à fleur de peau, peignant les affres de la mélancolie humaine, les peurs dû à la perte d’êtres proches, l’inéquation de psychés définitivement différents dans une société passéiste et cherchant désespérément à enfermer les esprits dans des boites préétablies, dans des cases déjà conçues. L’épreuve de la scène sera le moment qui fera que le groupe passera définitivement un cap et s’imposera sur la France et hors de ses frontières ; et à en regarder le nombre de dates déjà prévues, il ne semble pas que les français veuillent en rester là.

"Acid Mist Tomorrow" est immense pour tout cela. Il mérite sa place sur un trône auprès des grands artistes ayant osé proposer un monde unique, personnel et beau ; auprès de ces grands albums avant-gardistes et innovants que nous ne sommes pas prêts de lâcher ; auprès de ces œuvres où le moindre souffle, le simple murmure est vécu et partagé par des artistes se mettant à nu devant son public.
Remercions-les pour cela. Soutenons-les. Regardons-les. Vivons-les.

10 Commentaires

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Mr4444 - 26 Mars 2012: Un album et une chronique monstrueusement magnifique ...
Jcbrutal - 05 Avril 2012: C'Est MAJESTUEUX.
MILLE BRAVO pour ce groupe.
La barre est encore plus haute que jamais, ils repoussent les limites du style. J'ADORE J'ADORE
leoj - 13 Avril 2013: Très bonne chronique sur un groupe magnifique que je viens de découvrir en 1ere partie de Gojira (8 avril à Toulouse) ! Cet album est (et il faut le dire) tout à fait génial, un chef d’œuvre musical qui prouve une fois encore que les français ne font pas que du mauvais métal, loin de là !!
 
Fred02 - 03 Juillet 2013: Superbe chronique,
J'ai aussi découvert ce groupe en 1ére partie de Gojira à Reims (le 12 Avril). J'écoute depuis l'album en boucle !! Il y a quelque chose de spécial dans cet album, une ambiance... et une production de ouf! vraiment génial, une belle découverte.
J'ai hâte de les revoir sur scène.
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