Sévissant dans les sphères du metal extrême hexagonal depuis une dizaine d’années,
Svart Crown n’a eu de cesse de faire évoluer son art, avec, comme point d’orgue, le glacial «
Profane », encensé par le public et la critique. Durant ces quatre longues années, les Niçois ont écumé les scènes de moult contrées, en opener de pointures prestigieuses telles que
Deicide,
Marduk,
Hate Eternal ou
Entombed. Aussi, durant ce laps de temps, le combo a subi le départ de deux de ses membres, Clément Flandrois et Nicolas Muller, remplacés respectivement par Kevin Verlay et surtout Kévin Paradis (
Mithridatic,
Agressor), cogneur émérite qu’on ne présente plus. Composé par JB Le Bail et prenant sa genèse en 2014,
Svart Crown livre sa dernière offrande intitulée «
Abreaction », produite par Francis Caste (
Necroblaspheme,
Mass Hysteria) et, une nouvelle fois imagée par Stefan Thanneur, qui œuvre pour la formation depuis le deuxième album. Cet enregistrement est, pour la première fois, publié sous la bannière de
Century Media, preuve que le groupe a réellement franchi un cap.
Le moins qu’on puisse dire, est que l’artwork est en parfait adéquation avec le contenu de ce quatrième méfait. En totale opposition à un «
Profane » très froid, «
Abreaction », de par sa couleur ethnique, se veut plus « chaud ». En effet, les sonorités tribales ou chamaniques, vaudous, voire africaines, sont le leitmotiv de cet album, qui invite l’auditeur à un voyage spirituel, qui sera tout de même torturé et loin d’être paisible. Tous les morceaux en sont dotés comme, par exemple, le break de «
The Pact : To The
Devil His Due », de « Khimba Rites » aux forts relents ritualistes, mais également le commencement de « Transsubstantiation » ou le final de « Orgasmic
Spiritual Ecstasy », dont le clip, sur fond de rites vaudous, résume la nouvelle orientation musicale de
Svart Crown.
Les rythmique sont souvent lourdes (« Golden Sacrement », «
The Pact : To The
Devil His Due », les césures de « Upon This Intimate Madness » ou «
Emphatic Illusion »), puissantes comme sur « Nganda » ou « Khimba Rites » ou déstructurées sur « Upon The Intimate Madnes », «
The Pact : To The
Devil His Due », dont certains passages ne sont pas sans rappeler
Gojira, formation pour laquelle JB La Bail voue une grande admiration. La cadence globale est à un ralentissement au profit d’un propos d’obédience plus pachydermique, mais chassez le naturel, il revient au galop ;
Svart Crown sait toujours délivrer des ogives en forme d’arme de destruction massive comme « Carcosa », les accélérations furieuses de « Transsubstantiation », de « Upon The Intimate Madness » ou le final de «
The Pact : To The
Devil His Due ». Celles-ci amènent une dynamique certaine à l’ensemble, annihilant toute forme de linéarité et ajoutant à l’intensité ambiante déjà très élevée.
La production de Francis Caste est tout simplement exemplaire, tous les instruments sont parfaitement audibles et possèdent une place prépondérante afin que chaque musicien puisse s’exprimer pleinement. D’ailleurs, il y en a un qui ne s’en prive pas, prouvant toute sa valeur, enchaînant les changements de rythmes incessants sans sourciller, Kevin Paradis, à l’image de Romain Goulon sur le dernier
Benighted, écrase la concurrence. Une mention spéciale est aussi à décerner au maître à penser JB Le Bail, tout d’abord pour son intelligence d’écriture, mais également pour son organe vocal, à la fois caverneux et profond, ou empreint de souffrance.
Très peu de points faibles sont à déplorer sur «
Abreaction ». Nous pourrons juste noter quelques longueurs sur la fin de « Transsubstantiation », et «
Emphatic Illusion », se révélant qualitativement en dessous du reste de cet enregistrement. Aussi, la technique et la complexité rebuteront assurément certains néophytes, qui auront beaucoup de peine à pénétrer cette masse compacte et homogène, mais qui ravira toutes les cages à miel aguerries au style.
La nouvelle orientation ethnique de
Svart Crown, initié par le triptyque final de «
Profane », prend tout son sens sur «
Abreaction » et s’avère être une franche réussite. Ce disque est une invitation à un voyage en introspection, mettant en exergue les croyances et les rites vaudous, chamaniques ou africains (« Nganda ») et faisant preuve d’une grande intensité, laquelle ne faiblira à aucun moment. «
Abreaction » est un album qui fera date dans la discographie du groupe mais également au niveau du metal hexagonal voire, européen.
Sortez vos poupées et vos aiguilles à tricoter !!!
Jérôme, oui, c'est diiférent de "Ages Of Decay" ou "Witnessing The Fall", mais donne une chance à cet album sans à priori.
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