Animé d'une indéfectible conviction, Bruno Dolheguy et ses acolytes auront traversé, bon gré mal gré, les épreuves d'un temps souvent fratricide et rarement bienveillant à leur égard. Sans jamais se départir pourtant de ce dogme sincère les conduisant à exprimer leur passion au cœur d'œuvres dont la plupart ont suffisamment de vertus pour être encensées, ils auront, en effet, tenu le cap face à des bourrasques plus déstabilisantes les unes que les autres. Rarement épargnés, ils sont néanmoins toujours debout sur le pont. Toutefois combien de temps encore
Killers pourra-t-il se battre face à une indifférence aussi caractérisée? Et surtout, combien d'œuvres, dans lesquelles il déploie aussi manifestement son talent, devra-t-il encore produire pour cesser d'errer dans les contrées quasi désertiques dans lesquelles on l'a confiné? Après un excellent
Mauvaises Graines (2000) et un bon
Habemus Metal (2002), les membres de
Killers nous reviennent en cette année 2007 avec un nouvel opus intitulé "
A l'Ombre des Vautours".
Soyons d'emblée intègre et abordons ces sempiternels critiques qui, ici encore, ne manqueront pas d'irriter les eternels insatisfaits quant à ce choix des Basques d'exprimer leur art dans la langue de nos contrées natales pour cracher tous le fiel d'une expression artistique Heavy Speed
Metal aux accointances Thrash très prononcées. Et si certains pourraient, toujours encore, reprocher à cette formation cet insupportable défaut, qui pourraient encore, décemment, nier et dénigrer, objectivement, tous le talent de ces artistes dans l'écriture de textes fins et engagés et tout leur savoir faire dans l'exécution d'un propos aussi maitrisé ? On peut, en effet, ne pas apprécier leur art. On peut difficilement leur reprocher un manque d'inspiration, d'application ou de compétences.
D'ailleurs, mû par une volonté de synthétiser assez largement et assez rapidement l'ensemble des qualités et des défauts de ce disque, disons que, comme à l'accoutumé,
Killers y développe toutes les caractéristiques qui jusqu'à aujourd'hui ont construit une réputation qui, à mon plus grand regret, demeure bien trop confidentielle.
Les adjectifs tels que "vindicatifs", "concernés" et "désabusés" pour les excellents textes de Bruno Dolheguy seront donc toujours de rigueur. Et d'autres telles que "agressive", "âpre" et "virulente" seront encore nécessaire pour décrire ce Heavy Thrash rapide. Citons, afin d'illustrer la bonne tenue de ce disque, des morceaux tels que "Deux Bastos dans le Cigare", tels qu'un "Combien de Fois?" nerveux, tels que le superbe "Comprendre" et son étonnant final au poème baudelairien (L'Ennemi) déclamé, tels que "
Pas de Pitié" et son préambule sombre, tels que le pesant et tourmenté "
Absent", ou encore, par exemple, tels que "www.misère".
Quelques rares incursions en des territoires moins habituelles pour ce groupe viendront, quant à elle, compléter un tableau très agréable. Parlons donc de "
No Future" et de ses relents Punk, de "
Pas de Pitié" dont certains passages nous rappellent immanquablement l'aspect "enjoué" d'
Helloween ou encore, par exemple, de "
Habemus Metal" et de "Over
Killers" dont les musiques sont celles, respectivement, du "Black
Wind,
Fire and Steel" de
Manowar (Fighting the World (1987)) et du "
Overkill" de Motörhead (
Overkill (1979)). De nombreuses autres évocations subtiles, peut-être en un hommage consentis au
Metal de ces dernières années, viennent d'ailleurs égrener l'œuvre.
Et s'agissant de la plus embarrassante des imperfections de ce nouvel effort, plus encore que ce fut le cas sur le remarquable
Fort Intérieurs (1998),
Killers sera ici victime d'une générosité qui nuira fatalement à l'entreprise visant à capter durablement l'attention d'un auditoire versatile soumis, aujourd'hui plus que jamais, à d'innombrables tentations. En effet, comment maintenir l'auditeur en éveil durant les vingt deux titres de cet opus ? D'autant plus que certains semblent, a priori, être des murs délicieusement infranchissables aux contours d'une coupable ressemblance pour peu qu'on néglige d'investir le temps absolument nécessaire à l'apprivoisement de ce plaidoyer ("Voyeur", "S.O.S.", "Latitude Ouest", "Tais-toi"...). Il faudra, en effet, s'immerger longuement dans ce disque afin d'en saisir toute les remarquables subtilités.
Encore un très bon album pour les Basques de
Killers. Une œuvre qui nécessitera, cependant, pour révéler tous ses charmes qu'on s'y consacre minutieusement. Ce qui, assurément, en cette ère où tout se doit d'aller très vite, sera un handicap pour ce nouvel effort.
Alors, combien d'œuvres, dans lesquelles il déploie aussi manifestement son talent,
Killers devra-t-il encore produire pour cesser d'errer dans les contrées quasi désertiques dans lesquelles on l'a confinée? A l'écoute de ce pourtant très bon "
A l'Ombre des Vautours" peu en adéquation avec son époque, beaucoup, j'en ai bien peur...
Merci pour la chronique . Glad.
Les reprises "Overkillers" et "Habemus metal" sont absolument gigantesques!
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