Lustre… ce nom évoque l’élégance aristocratique d’un passé lointain et un brin suranné, la lumière un peu poussiéreuse qui éclaire une cohorte de souvenirs oubliés ainsi que les années qui défilent, lentes et inexorables, jusqu’à la mort. Un patronyme empreint de nostalgie et de mélancolie, à l’image de la musique de Nachtzeit qui, pour ce huitième album, continue paisiblement son bonhomme de chemin. La musique du one man band suédois se fait toujours plus apaisée et sereine, en témoignent le titre (on parle ici d’été, et non plus d’hiver) et l’artwork, qui montre un paysage vert, un homme solitaire gambadant joyeusement sous la pluie, ainsi que l’eau, élément indispensable à la vie, sous forme de nuages et d’ondées.
L’album est court, proposant quatre morceaux pour 33 minutes seulement, mais ce temps suffit pour nous plonger dans cet état contemplatif, cette introspection méditative et profonde dans laquelle
Lustre cherche à nous immerger. Au fur et à mesure que les notes défilent, on se sent doucement balloté, comme ces nuages mus paresseusement par le souffle du vent, et des images floues défilent dans notre esprit, enveloppées de brume et d’un sourire pâle, souvenirs d’un passé trop lointain – d’une autre vie ? - qui, plus qu’une photographie aux contours nets, laissent une étrange sensation de vague à l’âme mêlant nostalgie et bien-être.
La musique de Nachtzeit n’a pas changé, s’articulant principalement autour du clavier qui égraine un chapelet de notes simples et mélancoliques, sonorités cristallines portées par un mur de guitares distordues (elles sont bien lourdes et présentes sur
Thirst) et quelques rares hurlements lointains noyés dans la réverb. La batterie reste très binaire, tirant nonchalamment les morceaux de leur léthargie en se contentant d’imprimer un rythme lent et régulier sans grande variation, tandis que la basse, grondant doucement en fond sonore, vient ajouter la profondeur nécessaire pour atteindre une véritable osmose sensible et émotionnelle. Les mélodies de clavier évoluent progressivement, en prenant leur temps, et s’enrichissent le long des plages qu’elles embellissent et incarnent (Alleviation), jamais complexes et virtuoses, simple enchaînement de quelques notes qui sonnent justes et résonnent avec un écho touchant dans notre âme alanguie : c’est d’ailleurs ce minimalisme qui fait la magie de
Lustre depuis maintenant presque quinze ans.
Ces quatre pistes s’écoulent paisiblement dans une torpeur languide, sans la moindre agressivité, comme une longue journée d’automne à regarder tomber les feuilles mortes, ou une interminable promenade solitaire où, seul sous l’immense voûte étoilée, on se laisse petit à petit entraîner par la ronde des fantômes brumeux du passé et de ses émotions enfouies qui, en remontant à la surface de notre conscience, nous étourdissent en douceur. Une expérience hors de l’espace et du temps qui apaisera les âmes tourmentées, car à y regarder de plus près avec ses oreilles, son cœur et son âme, cette soif d’une pluie d’été ressemble étrangement à une quête de paix intérieure...
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