Les destins des Légendes du rock n’roll s’avèrent être en général assez peu glabres et linéaires, c’est ce qui contribue sans doute grandement à l’indescriptible pouvoir de fascination que peuvent exercer les entités mythiques concernées sur nos existences minables et pathétiques de simples mortels. Dans le genre ancienne gloire désormais déchue, le combo américain
Quiet Riot n’est pas du tout mal placé, tant son Histoire semble avoir tutoyé avec un certain sarcasme la fortune et les galères, la mort et les abus de drogues également, sans pour autant s’être (encore ?) attiré les faveurs d’un biopic à succès sur Netflix. Formé en 1975 à
Los Angeles sous l’égide du chanteur fantasque/sosie de Rod Stewart
Kevin DuBrow (RIP 1955-2007) et du guitariste de génie
Randy Rhoads (RIP 1956-1982),
Quiet Riot est parvenu en une demie décennie à faire le grand écart entre le top absolu de l’US Billboard 200 doublé d’une certification multi-platinum («
Metal Health » 1983) et un auto-sabordage moins glamour subi entre la dangereuse Colombie des narco-cartels de Pablo Escobar et le Japon de theaters modestement garnis. Craquage de Spandex™ garanti.
Après les ventes désastreuses pour l’époque de «
QR III » (1986, 400 000 copies),
Kevin DuBrow est viré du band pour son caractère excessif et improductif, ses ex-comparses Frankie Banali et Carlos Cavazo souhaitant repartir de zéro avec un nouveau producteur, sous un nouveau moniker mais surtout avec un nouveau frontman. Nul n’étant prophète en son pays, Pasha Records impose le patronyme jadis bankable
Quiet Riot avant que l’ex-
Rough Cutt Paul Shortino ne s’empare du micro après avoir été mis en concurrence avec un certain John Corabi pour le job, alors que le producteur historique Spencer Proffer est également exigé par le label aux manettes du Pasha Music House d’Hollywood. Pour l’anecdote, Proffer est le boss et propriétaire de Pasha.. Accouchant du surprenant, soft et bluesy « QR » en octobre 1988 marqué par les vocaux suaves/brûlants de Shortino et par les nappes de claviers feutrées de Jimmy Waldo (
Alcatrazz), le gang est taxé par la critique domestique de sous-
Whitesnake alors que les ventes ne décollent pas, le disque n’atteindra ainsi que la 119ème place des charts US quelques mois plus tard. Suffisant chez Banali & co pour aller chercher la gloire loin des Etats-Unis et d’entamer alors une mini tournée promotionnelle en Colombie (?!) et au pays du Soleil Levant. Si les trois shows sud-américains déchainent les passions dans des stades bondés (30 000 fans à Pereira le 11 février 1989) et laissent entrevoir pour la formation hollywoodienne un futur radieux chimérique, les gig-goers japonais pourtant dociles et influençables de nature ne sont pas au rendez-vous et laissent des pits clairsemés et de nombreux sièges vides dans les theaters alloués de Nagoya, d’Osaka et de Tokyo (trois soirs). Filmé en avril 1989 au Nakano Sunplaza de Tokyo et édité au format DVD par MVD Visual en 2004, « ’89
Live In Japan » constitue un précieux document d’archive du groupe au masque de hockey illustrant avec intérêt le crépuscule d’une légende au firmament de la décennie 80.
Servi par un grain d’image perfectible et par un rendu sonore de relative même facture, le show voit le combo de
Los Angeles entamer les hostilités avec le titre introductif « Party All
Night » tiré du «
Condition Critical » de 1984. Le passé n’est jamais loin et
Quiet Riot ne semble pas renier les années fastes
Kevin DuBrow, comme le prouve également une interprétation convaincue et impactante du très fédérateur « The
Wild and the Young » («
QR III », 1986) et bien évidemment celle du mega-hit clôturant le set « Cum on Feel the Noize » ; la reprise de
Slade ayant assis le succès mondial du groupe cinq ans auparavant avec l’opus «
Metal Health ». Inutile de préciser que cette ultime salve hard rock du gig tend enfin à décomplexer un public abondant (certainement le plus substantiel numériquement parlant du tour) mais jusque-là plutôt mesuré dans l’expression de son enthousiasme, et composé de nombreux fans en chemise-cravate sortant visiblement du bureau et n’ayant pas eu le temps de revêtir une tenue davantage bad ass pour l’occasion. Show visant à promouvoir l’album « QR » contre vents et marées, ce dernier est représenté par six extraits parmi lesquels il conviendra de retenir l’efficace « I’m Falling », l’instinctif et hormonal « Coppin’ A Feel » mais surtout la sublime et bluesy «
Stay with Me Tonight », le single du full length (vidéoclip en bonus sur le DVD) sur lequel le classieux
Paul Shortino use de son charisme inné et de son timbre vocal sensuellement éraillé pour le plus grand plaisir des écolières/groupies locales du premier rang sans aucun doute conquises par une telle ébullition de testostérones.
Au niveau du style et de l’attitude, les bandmates du natif de Lima OH ne sont pas en reste : si Jimmy Waldo se veut être discret derrière son keyboards en côté de scène, le ganté Frankie Banali assure avec puissance et sans fioritures à la batterie (solo à l’appui) alors que le rookie Sean McNabb et sa permanente décolorée parait s’éclater à la basse pour son premier job d’une carrière de hair metal motherfucker bien remplie (
House Of Lords,
Great White,
Dokken..etc). Virevoltant comme un beau diable et particulièrement expansif guitare en bandoulière, le génial Carlos Cavazo alterne Gibson SG et
Flying V pour constituer indéniablement le point d’attraction numéro 1 du combo sur les planches du Sunplaza avec Shortino, notamment via son sens inné du riff et ses soli d’instinct puant authentiquement le rock n’roll. Malgré l’avortement programmé de l’entreprise (le gang splittera au lendemain de ce ’89 Japanese Tour via la défection de Banali pour aller rejoindre
WASP sur les recording sessions de « The Headless
Children »), cette incarnation de
Quiet Riot avait assurément de la gueule et aurait pu pérenniser davantage la saga de ce groupe mythique. Preuve en est ce DVD d’histoire au rendu globalement efficient et représentatif, que l’on pourra cependant sévèrement incriminer de présenter une setlist amputée par rapport à l’originale jouée sur la tournée. En effet, exit entre autres les imparables «
Sign of The Times », «
Mama Weer All Crazee Now » sans mentionner l’absence de la magnifique et solennelle ballade « Don’t Wanna Be Your Fool » ; perle absolue de « QR » qui aurait sans nul doute ajouté un cachet de distinction supplémentaire à l’ensemble.
Trente ans plus tard, Frankie Banali martèle toujours les fûts d’une version bon marché de
Quiet Riot qui malgré tout enregistre et goûte encore aux feux de la rampe,
Paul Shortino, Carlos Cavazo et Sean McNabb œuvrent au sein du double tribute-band
Rough Riot et Jimmy Waldo fait partie de la récente reformation d’
Alcatrazz avec Graham Bonnet et Gary Shea qui d’ailleurs posera ses flightcases au Forum de Vauréal (95) le 3 septembre prochain en compagnie de
Girlschool. Les Vraies Légendes sont immortelles et magnanimes !
Merci pour vos retours les gars ! Et oui I'm back on track, pas pour tuer le temps car je taffe comme un malade, mais plutôt le besoin vital d'écrire sur nos idoles, de leur rendre hommage afin de ne pas devenir fou avec mon boulot et surtout toutes ces annulations de gigs.. Tyketto il y a quelques jours.. A bientôt pour de nouvelles aventures :)
Toujours un plaisir de te lire Adrien :) \m/
Thanx Phiphi :) As tu entendu parler des déboires de Jean-Pascal Fournier ? Histoire de dingue.. J'espère que c'est pas récurrent dans le milieu des illustrateurs métal français héhé :)
Ho putain, l'histoire de fou, je viens de voir ça… O_o
Je ne le connaissais pas personnellement, mais ça fait un choc. Bon, évitons de polluer les commentaires de ta chronique avec ce fait divers sordide, on en parlera en MP ;) Mazette, quelle histoire…
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