Zarach’ Baal’ Tharagh

interview Zarach Baal TharaghDans les sombres recoins de l'underground, là où les sages lecteurs de Metallian n'osent s'aventurer, se cache une bête en tout point immonde. Tapie depuis des lustres, elle déverse une quantité faramineuse d'abjectes enregistrements dont seuls les initiés prennent connaissance. Son nom : Zarach' Baal' Tharagh. Son moteur : le black-metal primitif, vil et sans compromis. Son but : nous rendre sourd, tous sans exception ! Voici une interview réalisée en avril 2006 avec Luc Mertz, le seul pervers à queue fourchue qui l'anime.

>Salut à toi Luc ! Zarach' Baal' Tharagh est un modèle de dévotion envers le black-metal underground minimaliste le plus abject et repoussant. Etant le seul maître à bord, explique-nous ta démarche et ta vision des choses depuis toutes ces années dévouées corps et âmes.
Hello ! Avec Zarach' Baal' Tharagh ma vision est simple. Créer le truc le plus raw possible. J'essaye de conserver le coté amateur à tout prix. C'est cet esprit qui me plaît le plus dans le métal extrême en général. Bien sûr j'écoute des groupes professionnels, mais leurs débuts (démos souvent enregistrées avec très peu de matos) me plaisent le plus. Mon but est d'enregistrer des trucs crades. J'ai une vision assez spéciale de la chose. Plus c'est laid et plus ça me plaît. Je bosse seul car j'ai toujours été assez indépendant. Ça me permet de faire ce que j'ai envie. Je n'ai pas de grandes ambitions. Je veux rester underground avant tout.

>L'actu immédiate de Z'B'T est donc la sortie du premier album officiel intitulé "A Nightmare Testimony" chez Duke. C'est de nouveau toi qui est responsable de sa totalité de A à Z. parle-nous stp de sa conception.
La conception de cet album s'est faite de la même manière que mes autres enregistrements. Je n'ai rien changé. Tout a été enregistré sur 4 pistes k7 avec le strict minimum de matériel. La seule nouveauté est le mastering pour le passage au format cd. Tout a été fait dans l'esprit démo. Zarach' Baal' Tharagh reste Zarach' Baal' Tharagh. Le changement a été de pouvoir sortir cette réalisation sur cd à 1000 exemplaires et sur un label de vrais passionnés. Encore merci à Kurgan et Luna pour leur fidélité.

>Tu as des tas de prods à ton actif. Fais-tu le tri dans tes compos ou enregistres-tu la totalité de ce que tu composes, en une espèce d'éjaculation musicale permanente ?
je crois que ta définition (éjaculation musicale permanente) correspond bien. J'ai enregistré un nombre incroyable de démos depuis 1983 uniquement par pulsions. Elles sont toutes sorties d'un jet sans aucune répétition et dans l'improvisation la plus totale. Je n'ai donc pas besoin de faire le tri, je garde le tout. Par contre pas mal de trucs enregistrés entre 1983 et 1998 ne vont jamais sortir. Ce qui n'a plus été le cas par la suite.

>Tu attaches un soin particulier à ce que tes enregistrements aient toujours ce son si cru, ultra underground et étouffant. Quel est le matériel que tu utilises ?
J'utilise un enregistreur 4 pistes k7 branché sur un ampli hi-fi. Des guitares, basses, boîte à rythmes, micros, bas de gamme. Idem pour l'ampli guitare dont j'utilise uniquement le 4 pistes. Egalement quelques pédales d'effets (disto et delay principalement). C'set tout. Je n'ai rien besoin de plaus. Quelquefois un vieux clavier mais très rarement pour Zarach' Baal' Tharagh. Je l'utilise surtout pour mes projets ambiants.
interview Zarach Baal Tharagh>>Parle-nous de tes textes s'il y en a. j'imagine, vu les titres, que le satanisme y tient un rôle stratégique. De quelle manière traites-tu le sujet ? D'où te vient l'inspiration ? Penses-tu que le black-metal ne doit être associé conceptuellement qu'au satanisme ?
Je n'accorde pas une très grande importance aux textes. Comme je n'ai pas de messages à faire passer, je ne juge pas utile de trop m'étendre là-dessus. Seule la musique et les ambiances qu'elle dégage m'intéressent. Par contre je remarque avec le recul que mes textes intriguent pas mal de monde. Disons qu'en gros je parle de mes cauchemars, tourments intérieurs, de trucs occultes, des choses morbides qui me hantent. Tous ces sujets étant traités d'une manière assez personnelle et primitive, assez à l'image de la musique. Beaucoup de ces textes sont liés d'une façon plus ou moins détournée au satanisme. Je ne sais pas si le black-metal ne doit être associé conceptuellement qu'au satanisme. Chacun est libre de parler de ce qu'il veut. A l'auditeur ensuite de juger si ça correspond à sa propre vision du black-metal et de décider si ça peut se ranger dans cette catégorie. Je pense que l'état d'esprit d'un groupe se ressent bien au-delà des paroles.

>Que penses-tu de ceux qui mélangent black-metal et idées politiques ?
Quand c'est bien fait, ça ne me dérange pas plus que ça. En général la politique ne m'intéresse pas. Ça me fait même plutôt chier. Toutes les personnes faisant confiance aux politiciens ne sont que des abrutis.

>Sur cet album, je trouve la batterie mieux programmée que sur certains de tes précédents enregistrements, le split avec Unholy War notamment. Tu n'as pas non plus utilisé ces nappes de claviers qui peuvent rendre ton univers encore plus déglingué. Pourquoi ?
J'ai fait un petit effort au niveau de la programmation de la boîte à rythmes mais ça reste tout de même ultra minimaliste et primitif. Par contre il n'y a pas de nappes de claviers sur le split avec Unholy War. Tous les effets sont réalisés à la guitare avec un delay et une disto. J'utilise beaucoup cette méthode pour mes projets dark ambiant comme Stigma Diabolicum ou Dust.

>Venom, Bathory, Hellhammer/Celtic Frost : ces 3 noms t'inspirent énormément même si tu apportes une touche punk réelle à ton black-metal. Penses-tu que les 2 mouvements soient proches ?
Ces 2 mouvements ont comme point commun l'approche musicale. Par contre, idéologiquement ils n'ont bien souvent que très peu de rapports.

>On trouve également dans ta musique des influences heavy-metal et doom à la Black Sabbath, le mariage entre parties lourdes et purement black-metal étant d'ailleurs une de tes forces. Parle-nous de ton éducation musicale qui ne doit pas dater d'hier, de ton initiation aux dinosaures du genre.
Mon premier véritable coup de foudre musical a été l'album "Killer" (1972) d'Alice Cooper. J'ai encore la version mono de l'époque et je continue toujours d'apprécier ce disque. Ont suivi plus ou moins dans le désordre : Black Sabbath, Motörhead, The Stooges, Discharge, Exploited, Gbh, Broken Bones, Slayer, Raven, Manowar, Tank, Venom, Bathory, Kreator, Sodom, Voïvod, Deicide, Obituary, Morbid Angel, Celtic Frost, Coroner, Overkill, Exciter, Cryptic Slaughter, Death, Dark Angel, Hellhammer, Onslaught, Satan, Warfare, Plasmatics, Whiplash, Autopsy, Possessed, Znowhite, Acid, Destruction, Mace, Death Ange
l, etc, etc… La liste serait trop longue. A suivi la vague black-metal des 90's avec Darkthrone, Satyricon, Burzum, Emperor, Mayhem, Abruptum… J'allais oublier aussi les incontournables Beherit, Black Funeral, Von, Ildjarn, Blasphemy, Maniac Butcher…

>Tu es également responsable de l'artwork de tes productions. L'art graphique est-il une réelle passion ou tu te débrouilles seul faute de mieux ? Quels sont, à ce moment là, ceux dont tu apprécies le travail ?
Aussi lin que je me souvienne, j'ai toujours dessiné des tas de trucs. J'ai fait un peu de BD underground, quelques illustrations pour mes démos, des logos (Zaghurim, Wolok, Karbonized Traitor etc…), des modèles de tatouages (j'ai tatoué pendant quelques années avec du matériel professionnel à mon domicile). Mais j'ai moins le temps que par le passé. Ma priorité va maintenant à mes projets musicaux. Comme tu l'as sans doute constaté sur l'artwork de l'album "A Nightmare Testimony" de Zarach' Baal' Tharagh, mon style est assez particulier (un peu comme ma musique). Avec mes réalisations il n'y a pas de juste milieu : On aime ou on déteste. Pour en venir à mes goûts, j'apprécie le travail (en BD) de Richard Corben, Simon Bisley, Caza, Druillet, Foerster, Joann Sfar, Julie Doucet. Sinon il y a aussi Hr Giger, J Bosch, Dali, Magritte, etc…

>Tu participes à bien d'autres entités musicales, pas forcément métal d'ailleurs. Peux-tu faire un tour rapide du propriétaire de tes projets toujours actifs ? Et peux tu nous éclairer sur tes prochaines sorties ?
J'avais pas mal de projets par le passé. J'ai tout arrêté. Seul reste les projets Zarach' Baal' Tharagh (black-metal) et Stigma Diabolicum (dark ambiant). "Terror Inside" de ce dernier devrait sortir cette année sur Symbolic prods. Egalement les splits Dea Tacita / Z'B'T 40 "Half Dead" sur Winterreich et Dead Musician / Z'B'T 42 "Final Chapter" sur Altsphere. J'ai terminé également Z'B'T 43 "Real Life Evil Dream" que je garde sus le coude pour l'instant.

>Quelle peut ^tre le genre de personnalité qui se cache derrière une musique si malsaine et radicale ? As-tu un boulot régulier, une vie sociale, cotoies-tu la scène métal très vivace dans ta région (Metz, Nancy) ? Sais-tu faire la part des choses ou préfères-tu vivre à l'écart ?
J'ai un boulot régulier, une vie de famille. Dans la vie de tos les jours, je suis plutôt calme et solitaire. Je ne côtoie personne. Je connais bien quelques musiciens de mon coin mais ça s'arrête là. En plus comme j'ai le double de leur age, ça limite les relations. Plus le temps passe et moins je ressens le besoin de contact avec les autres. Je suis un angoissé chronique alors je me suis créée mon petit monde intérieur afin de me préserver au maximum de la réalité. Je fais els vocaux sur Wolok, un projet commun avec Lord Naggaroth du groupe Devilish Era. Nous nous sommes bien vus quelques fois mais nos contacts se font surtout par téléphone et courrier. Il m'envoie la musique et les textes sur cdr et je bosse ensuite seul de mon coté. Le 2ème album de ce projet (Wolok) sort cette année en gatefold-lp et cd-pro.

>Je te laisse le mot de la fin. Si tu veux aborder un autre sujet, n'hésite surtout pas.
Merci pour l'interview et pour ton soutien. Si quelqu'un veut en savoir plus sur mes réalisations, voici mon contact :


Zarach' Baal' Tharagh
c/o Mertz Luc
24 rue de bordeaux
57970 Yutz


interview réalisée par DJ In Extremis

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