Vipère

Vetus Capra est un label underground français tout frais ayant deux productions à son actif, soit un un EP "Sombre Marche" de son propre projet Vipère, et un autre nommé Vieille Chèvre et son album "Black Beauty of Disturbed Minds. Vipère est composé de deux membres, l'un nommé "Sans-Visage" illustrateur inspiré assurant la guitare, la basse, la batterie, et l'autre, "Saros ", au chant, à la guitare, au synthé, jouant de la flûte et s'occupant du mixage. Notez au passage que Saros est également le frontman d'un autre projet "Vieille Chèvre", également produit par ce même label qu'est Vetus Capra et à l'instar de Vipère c'est lui qui mixe les albums. Ce sont donc Sans-Visage et Saros qui vont s'atteler à répondre aux questions de cette interview. 

 

Salutations.

Comment s'est créé le label? A la base vos albums étaient en support numérique et maintenant disponibles en format CD. Etes-vous satisfait des pressages des albums et avez vous eu de bons retours pour ces derniers?

 

Sans-Visage : Salut Antonin, le label s’est créé naturellement lors de la sortie de Black Beauty of Disturbed Mind de Vieille Chèvre. Saros et moi jouions déjà de la musique ensemble, et on s’est simplement dit que réunir ces deux projets (et peut-être d’autres par la suite) serait plus efficace.

Les sorties numériques avaient pour seul but de prendre la température avant qu’on finance la sortie CD. C’est important pour nous d’avoir un format physique à proposer. Internet est noyé de nouvelles sorties numériques chaque jour, et j’imagine que même s' il y a des bons trucs, les auditeurs finissent par oublier ce qu’ils découvrent. Avec un CD, ou tout autre format physique, ton public est plus attentif que sur une page web.

Pour ce qui est des retours, nous avons pour le moment un public très restreint, mais oui les retours ont été positifs. Globalement, les gens ont compris nos intentions, et c’est vraiment encourageant pour la suite.


 

C'est Sans Visage qui s'occupe du travail du visuel et des illustrations et je dois dire que c'est du bien bon boulot. D'où vient ton inspiration pour les designs et les dessins?

 

Sans-Visage : Merci beaucoup. Je dessine depuis toujours, je me suis essayé à des styles assez différents, et je pense avoir trouvé le style qui me correspond en travaillant sur l’artwork de Vipère. Ca fait plusieurs années maintenant que je travaille le dessin au point, à l’époque c’est en regardant des artistes comme McBess que j’ai voulu m’y mettre, dans un style beaucoup plus cartoonesque. Maintenant je préfère prendre appui sur des photos que j’ai prises lors de balades. J’aime ensuite mélanger les photos pour en sortir des bâtiments, des paysages, et y ajouter d’autres choses que j’ai imaginé. Chaque illustration demande pas mal de temps pour sa réalisation, ce qui me laisse du temps pour réfléchir à d’autres techniques pour les prochaines. Sinon, en ce moment mes influences se trouvent plutôt dans le romantisme, en particulier le romantisme noir.

Je ne suis pas sûr que ça se voit tant que ça dans mes dessins au final, mais disons que c’est ce que j’aime regarder, c’est ce qui m’impressionne. Mes sources d’inspirations graphiques sont assez diverses… En peinture je retiens surtout Caspar David Friedrich, avec ses atmosphères à couper le souffle. 

 

Concernant votre projet Vipère les titres sont en français et pour Vieille Chèvre ces derniers sont en anglais. Pourquoi choisir une langue différente?  

 

Saros : A la base j’avais choisi l’anglais par facilité et sans trop me poser de question pour la sortie de Vieille Chèvre. C’est beaucoup plus facile à faire sonner et on peut dire des choses simples sans que ça fasse idiot. Lorsque tu travailles avec ta langue maternelle, c’est tout de suite plus compliqué. Mon niveau d’exigence au niveau des textes est bien plus élevé par exemple. Hors de question pour moi d’utiliser des phrases éculées, toutes faites… Et ensuite il y a le passage à l’oral. Au début c’est assez dur d’assumer les sonorités françaises car on en entend somme toute assez peu dans le Black Metal. Sans-visage avait évoqué de chanter en français pour Vipère. Il y a eu un loupé pour Multiface qui est en anglais. Mais ensuite j’ai sauté le pas, j’ai pris quasiment au hasard des poèmes en français que j’avais écrit récemment et je me suis lancé. Maintenant que j’y ai goûté, je crois que je ne reviendrais pas en arrière. Je me rends compte que ce que j’écris en français peut être assez puissant en plus de coller parfaitement avec l’idée qui se cache derrière Vipère.

 

La chèvre se traduit du latin par Capra hircus, que veux dire Vetus? Littéralement Vetus Capra, soit le nom du label. Pourquoi empruter le nom d'animaux et de reptiles (Vipère) pour vos projets? 

 

Saros : On était en train de chercher un nom pour notre projet et à moitié en déconnant j’ai sorti Vieille Chèvre. On ne l’a pas gardé mais ça m'est resté en tête. Au moment de créer le bandcamp on s’est dit "tiens est ce que l’on ne ferait pas un truc de cette idée et on l’a simplement traduit en latin pour faire le nom du label Vetus Capra". Et enfin un peu plus tard, au moment de sortir Black Beauty of Disturbed Minds, il me fallait bien un nom et là impossible de trouver un truc qui me plaisait vraiment. Sauf Vieille Chèvre…

 

Sans-Visage : C’est Saros qui a trouvé le nom Vipère, et ça m’a tout de suite plu. Notre projet s’articule autour de ce que nous connaissons : les environnements ruraux français, et plus précisément la Vendée, la Loire-Atlantique et la Bretagne. Ces trois zones ont pour point commun d’être remplies de vipères, petit serpent agressif dont nous sommes tous deux phobiques. 

Mais cet animal ne me provoque pas que de la peur, mais aussi une fascination étrange. C’est une sensation que j’aime mettre en parallèle avec le premier sentiment que j’ai eu quand j’ai découvert le Black Metal.

 

Saros : Alors par contre pourquoi on prend des noms d’animaux, j’en ai aucune idée. Ca s’est simplement trouvé comme ça je pense…

 

Vipère et Vieille Chèvre sont deux projets très différents, l'un officiant dans un registre Raw Black Metal avec des éléments acoustiques tandis que le projet de Saros se veut plus expérimental (Du Raw Black Metal également mais avec d'autres éléments musicaux comme le Dungeon Synth ou même la Noise). Quel est le sujet, du moins le but de cette expérimentation musicale qui n'est certes pas de mauvaise augure mais vraiment particulière. 

 

Saros : C’est assez simple. Depuis que j’écoute du BM j’expérimente pas mal avec ce qui me tombe sous la main et j’enregistre dès que je tiens des trucs qui me plaisent. J’avais envie d’explorer certains codes du genre comme le blast beat, le tremolo picking, gueuler dans un micro, etc... J’ai plutôt un passif de musicien noise rock donc naturellement c’est ressorti dans ce que je jouais. Ca a permis de faire émerger un univers un peu particulier à la croisée de tout un tas de genres. Au bout d’un moment, je me suis rendu compte que j’avais accumulé un peu de matière et en réécoutant une année de rush il est apparu que je pouvais en ressortir quelque chose de cohérent ou tout du moins qui me parlait. J’ai fait un tri, gardé ce qui me plaisait le plus et assemblé tout ça. Le résultat m’a tout de suite plu et j’ai décidé que j’allais en faire une sortie numérique pour commencer. 

J’ai bien conscience que ce projet n’est pas tout à fait Black Metal même si visuellement je souhaitais que ce soit ancré dans cette esthétique là. Pour moi il s’agit vraiment d’interroger le genre. Qu’est ce qui fait qu' à un moment donné un morceau, un album soit catégorisé Black Metal ? Par exemple, dans le milieu on a tendance à affilier le Dungeon Synth au genre pour des raisons historiques j’imagine, avec des artistes comme Mortiis. Et je trouve ça hyper riche comme démarche. Je prends un peu le contrepied de ceux qui sont dans la posture “true” au final. Ça ne m'intéresse pas trop cette façon de vouloir cloisonner le genre à tout prix. La musique doit être vivante, je ne vois pas l'intérêt de vouloir refaire ce qui a déjà été fait mille fois et sûrement mieux. Avec Vieille Chèvre j’essaye d’apporter ma propre vision de la scène actuelle. De lui apporter quelque chose de différent, à mon niveau bien sûr. C’est évident que je ne fais pas ça pour la gloire ahah.

 

 

Sinon, d'où est née cette collaboration entre vous deux et depuis combien de temps jouez-vous du Black Metal? 


Sans-Visage : Saros et moi travaillons dans le même secteur, à force de se croiser et de remarquer qu’on écoutait à peu près la même chose, on s’est naturellement mis à discuter musique. Rapidement, on a voulu tenter de jouer ensemble. Ca fait environ un an, ou un an et demi qu’on se retrouve deux fois par mois pour composer. On compose tout à la guitare, et ensuite on enregistre ce qu’on a trouvé à la fin de la session. On a jeté beaucoup de riffs, mais ça nous a donné une méthode de travail qui nous permet de composer efficacement et naturellement.

Personnellement j’ai commencé à jouer du Black Metal seul à peu près en même temps que je l’ai découvert : à l’adolescence. A l'époque, je ne voulais cependant pas en jouer en groupe.

 

Saros : Ca faisait un moment que ça me démangeait de faire du Black avec quelqu’un. Mais c’est pas toujours évident de trouver la bonne personne et surtout de se lancer quand techniquement tu n’es pas un habitué du genre. Du coup quand Sans-Visage a débarqué avec une grosse motivation je me suis dit que c’était peut être bien ce que je cherchais. On savait que l’on avait les mêmes affinités musicales mais on s’est toujours dit on tente on verra bien s'il se passe quelque chose. Finalement, l’alchimie a pris et tout s’est enchaîné sans forcer et sans réfléchir.

 

Pour conclure cette interview, souhaitez vous ajouter quelque chose ou avez vous un message à faire passer?

 

Saros : Merci pour le soutien énorme que tu nous as donné en nous faisant confiance et en nous diffusant à droite à gauche dans ton réseau. Ça a été une énorme surprise pour nous de se sentir soutenu de la sorte. Des mecs comme toi ça nous pousse à aller plus loin c’est indéniable. 

 

Sans-Visage : Merci de nous avoir laissé nous exprimer sur Spirit of Metal, je te souhaite une bonne continuation dans tes projets.

interview réalisée par Antonin_Martin

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