Vanden Plas

Vanden Plas, c'est une carrière de plus de trente ans, neuf albums sans signe de faiblesse et de l'inspiration à revendre, malgré une non-reconnaissance incompréhensible. Je profite de leur venue en région parisienne pour rencontrer en coulisses Andy et Stephan, qui évoquent volontiers la création de leur dernier album, leur passion pour le théâtre, mais aussi leurs débuts et leur attachement pour le public français qu'ils n'ont jamais caché.

interview Vanden Plas1. Vous êtes actuellement en tournée en France, comment envisagez-vous ces quelques dates ?
Andy : On espère voir des nouveaux visages, on n'est pas venus depuis deux ans en France, et cette fois dans plusieurs endroits où on n'est jamais allés, à Chambéry par exemple. Je crois que nous sommes pas venus à Marseille depuis 16 ans ! Ça va nous faire plaisir de revoir ces super publics là-bas, c'est principalement ce qu'on attend de cette tournée. On espère aussi que les gens apprécieront les setlists qu'on a préparées spécialement pour eux.

2. Vanden Plas a toujours eu un lien fort avec le public français, comment ça s'exprime pour vous ?
Je pense que c'est parce que la première maison de disque a avoir cru en nous était française. Et quand on a enregistré notre premier album professionnel, Colour Temple, cette maison de disque a mis de l'argent, on a pu faire des gros festivals, avec une belle promotion. On apprécie la mentalité des français ; c'est différent pour nous que de jouer devant des allemands. Les allemands sont un bon public, mais quand ils viennent ils attendent qu'on leur fasse le spectacle. En France les gens viennent pour s'amuser, on l'a remarqué depuis nos débuts. Vanden Plas et la France c'est un bon mélange !

3. Est-ce que c'est ça aussi qui vous fait jouer avec des groupes français, comme Amon Sethis ce soir ?
Nous avons rencontré Amon Sethis en Belgique, où nous avons joué plusieurs fois avec eux. Julien est un gars très sympa, on s'est très bien entendus, alors on a parlé business. Ils nous ont dit qu'ils avaient des contacts pour jouer en France. C'était un peu problématique pour nous de faire des bons show en France, comme on a changé de maison de disques récemment. On n'aurait pu faire qu'une date à Paris ou un gros festival. On s'est dit aussi que nos deux groupes allaient bien ensemble, on a essayé ça sur une tournée il y a deux ans, et comme ça a très bien marché, on le refait !

4. La deuxième partie de Chronicles of the Immortal est sortie il y a six mois, comment tu la présenterais ?
Stephan : à la base c'était une pièce de théâtre, que nous avons jouée il y a trois ans à Kaiserslautern en Allemagne. Le succès a été tel au théâtre, qu'on a choisi d'en faire un album. Il y a eu une discussion avec la maison de disques, si on faisait un double album, ou deux séparés. Finalement c'était mieux pour nous de faire les deux séparément ; vingt morceaux c'est beaucoup trop pour travailler en studio en une seule fois. On s'est rapidement mis à travailler à la deuxième partie et ... C'est sorti il y a déjà six mois ? (rires) Et donc la deuxième partie est basée sur la deuxième partie de la pièce de théâtre. On a dû faire face à plusieurs questions, par exemple la pièce est interprétée par cinq personnages principaux ; à un moment on s'est demandé si on devait faire comme Avantasia, ou si Andy devait tout chanter. Il a alors fallu changer les points de vue, pour qu'on les différencie du narrateur, c'était un challenge pour lui. Pour nous c'était plus facile parce qu'on a juste dû transcrire la musique dans un son Vanden Plas. La grosse différence c'est que sur scène on ne joue pas des solos de guitare de deux minutes, c'est très carré. On doit donc les rajouter ensuite pour l'album. Il faut dire aussi qu'une partie du travail a été faite pour la première partie, donc ensuite c'était plus facile !

5. Il y avait donc à un moment la question d'inviter d'autres chanteurs ?
Andy : on peut imaginer que ça aurait collé, mais ce n'est pas la question. Quand on a eu l'idée de transcrire notre pièce de théâtre sur CD, on en a d'abord parlé au label pour voir s'ils étaient intéressés. Ils l'étaient, mais ils voulaient surtout des véritables albums de Vanden Plas. Il n'a jamais été question de faire autrement.



Stephan : le souci dans la scène hard rock/metal, c'est que si on veut inviter des chanteurs il faut faire comme le fait Tobias Sammet. Si on invite des chanteurs du théâtre, les gens qui écoutent notre style de musique ne vont pas les connaître. Ils connaissent Tobias Sammet, ou Michael Kiske par exemple, mais pas les gens avec qui on travaille au théâtre. Si on le fait comme ça on doit toujours choisir le meilleur, se dire qu'on veut tel ou tel chanteur connu. Ça commence à faire beaucoup de travail et d'argent, et donc trop compliqué pour nous. Pour le moment on laisse ça à Tobias !



Andy : si la maison de disque nous avait dit qu'ils étaient intéressés par un projet comme ça, avec plein de grands noms, ils auraient dû doubler le budget. Ils n'ont pas voulu mettre tout cet argent, alors ils n'ont eu que le Vanden Plas habituel ! (rires)

Stephan : c'est aussi un gros risque. Si on fait un album classique de Vanden Plas, on sait que les gens vont l'acheter. Si on fait un double album avec plein de chanteurs, c'est risqué financièrement, surtout dans le milieu du rock progressif.

Andy : Et puis ce concept avec plusieurs chanteurs, on l'a fait sur scène. C'était beaucoup plus intéressant artistiquement de le faire de cette manière, et je préfère cette idée-là.

6. Et cette expérience au théâtre, est-ce que vous pensez la renouveler sur une tournée, et à l'étranger ?
Ce serait génial, mais il faudrait organiser beaucoup de choses. En Allemagne, les théâtres sont payés par l'État, donc l'artiste n'a pas à prendre de risque financièrement. Arjen Lucassen a mis Ayreon sur scène, il m'en a parlé, et il m'a dit qu'il a dû prendre tous les risques lui-même. En Allemagne c'est plus simple : on a le concept, l'idée générale, et on la vend à un
théâtre. Et même si ça n'a pas de grand succès, on ne prend pas de risque. Je pense que c'est différent et moins facile en France, d'abord parce qu'on n'a pas de contacts avec des théâtres en France. Tout ça demande beaucoup d'énergie en plus de la musique que l'on créée. C'est dommage, mais on n'a pas le temps pour ça.

7. Donc si on veut vous voir au théâtre, on doit aller en Allemagne ?
Oui, ou alors en Autriche. L'année prochaine, en avril, nous allons jouer une nouvelle pièce avec tout le groupe. C'est à Innsbruck, ça fait un peu loin depuis Paris !

8. Peux-tu nous en dire plus sur le concept et les personnages de Chronicles of the Immortal ?
Pour être honnête, j'ai écris le concept il y a quatre ans et je l'ai terminé il y a plus d'un an, alors c'est pas facile de s'en souvenir en détails. Peut-être que tu connais l'auteur Wolfgang Hohlbein, il est très connu en Allemagne, moins en France mais pour ses BDs. Nous avons été en contact avec lui, comme lui et ses managers ont vu Christ 0 à Munich, qui était aussi un rock opéra, ils sont venus vers nous pour nous proposer de réaliser quelque chose ensemble. C'est un grand honneur pour nous, parce que je suis un grand fan de Wolfgang, et on a beaucoup appris en travaillant avec lui. Et pour quasiment rien il nous a donné les droits pour adapter ses livres. Chronicles of the Immortal rassemble quinze livres, c'est un peu son bébé, son chef d'œuvre, et il voulait vraiment pousser ce concept sur scène. Bien sûr c'est pas évident de condenser quinze livres en une histoire et de la mettre sur scène, donc on a dû réécrire l'histoire. Les personnages sont les mêmes, mais l'histoire est donc nouvelle, écrite en équipe. Cette première histoire s'appelle donc Blood Night - Blut Nacht.

9. Sur Blood of Eden tu chantes en plusieurs langues, ce n'est pas la première fois, mais d'où est venue l'idée ?
C'est un démon qui chante à ce moment-là. Tu es peut-être trop jeune pour connaître, dans le film L'Exorciste il y a aussi un démon, et il parle en plusieurs langues. C'est pour montrer qu'il y a quelque chose de maudit, de diabolique. Mais je ne parle pas moi-même ces langues ; pas italien, et mon français n'est pas très bon. En revanche tout le monde dit que ma prononciation est très bonne, les italiens avec qui on a travaillé m'ont dit ça, et j'espère que mon français sonne bien aussi ! (rires) J'aime beaucoup faire ça, mais je ne peux pas parler la langue.

10. Dans l'histoire de Vanden Plas, je vois comme une évolution, un début entre le heavy et le progressif puis au fur et à mesure il y a un mélange de symphonique, de power et de progressif. Comment vous voyez ce cheminement ?
Stephan : comme toi ! (rires) Comme nous l'avons expliqué pour le théâtre, nous avons besoin d'autres éléments. Si tu adaptes une pièce de théâtre avec plein de personnages en jouant du power metal, ça ne colle pas. Il y a besoin de plein de détails, d'arrangements orchestraux, pour soutenir tous les personnages. Et là avec cette histoire particulière, que nous devons transférer depuis le livre vers la scène, c'est obligatoire. Sur nos trois derniers CDs, les parties symphoniques ont beaucoup augmenté, et ça a été voulu pour ces raisons particulières. Mais nous ne voulons pas continuer plus loin dans cette voie. Nous avons commencé à écrire pour le prochain album, et je pense que nous allons réduire les éléments symphoniques car il n'est pas question de pièce de théâtre cette fois-ci. Nous allons revenir un peu en arrière donc, par exemple dans le genre de Beyond Daylight. Nous allons certainement continuer avec les parties symphoniques dans le futur, mais pas avec ces gros arrangements. On va se concentrer sur quelque chose d'un peu plus basique, comme ce qu'on faisait il y a dix ou vingt ans. Mais ce n'est pas un plan, si on écrit une chanson et qu'elle prend une telle direction on laisse faire, sinon il n'y a pas de plaisir.

11. Les prochains morceaux seront donc plus heavy en restant progressifs ?
Je pense que oui. Les morceaux que nous avons pour le moment vont dans cette direction.

12. D'où vient le nom du groupe ?
Andy : C'est le nom d'un constructeur de voitures. Nous l'avons trouvé il y a trente ans. Nous étions à Frankfort, et sur une devanture nous avons vu les lettres Vanden Plas, et ça nous a plu. À l'époque on s'appelait Exodus, mais comme tu le sais il y avait déjà un autre Exodus. J'étais aussi un grand fan de Van Halen, et du coup Van-den Plas ça sonnait bien ! Et l'avantage c'est qu'avec un nom pareil on fait un peu ce qu'on veut, alors que si tu t'appelles Metallica, les gens s'attendent à du gros metal (rires). On a eu de la chance finalement de ne pas avoir eu d'ennuis avec le constructeur de voitures (rires).

13. Le line-up n'a pas changé depuis les débuts du groupe, quel est votre secret ?
Stephan : pas exactement. Depuis qu'on sort des albums c'est le même line-up. Avant nous avons eu d'autres musiciens, un deuxième guitariste à la fin des 80s, un autre claviériste. À la fin des 80s il y a eu du changement. Torsten et Günter sont arrivés dans le groupe, et la base du groupe était déjà Andy, mon frère et moi. Nous avions donc un deuxième guitariste, mais il préférait d'autres styles de musique, plus pop, et ça a été une décision facile, puisque qu'il n'était simplement pas heureux avec nous et qu'il se serait senti mieux en jouant ce qu'il veut. Une fois que nous nous sommes retrouvés nous cinq nous avons vraiment trouvé notre direction. Avant de faire Colour Temple, notre musique était un peu plus directe. Sur notre prem
ière démo un titre s'appelait Days of Thunder, et c'est la première fois que nous avons fait quelque chose d'un peu plus compliqué. Ça a été notre point de départ, où on a essayé, puis on s'est autorisés à écrire une musique un peu plus compliquée. Quand Dream Theater a sorti Images and Words, ça a été un commencement, à partir duquel il a été autorisé d'écrire de la musique complexe. Avant ça n'était pas évident du tout, mais ça s'est libéré avec Fates Warning, Queensrÿche, Dream Theater, peut-être Kansas un peu avant. Puis au début des années 90 nous avons réalisé notre première pièce de théâtre. Andy jouait sur scène, nous avions un gros orchestre, le Jesus Christ-Superstar musical. Ce n'est pas vraiment du rock progressif, mais c'était déjà complexe. Il y avait vingt violonistes qui jouaient la même chose, c'était énorme, et cet impact je pense nous a beaucoup influencé.

14. Votre seul album live a seize ans, est-ce que vous en prévoyez un nouveau ?
Nous en avons justement parlé il y a peu ! Quand nous avons joué au ProgPower festival aux États-Unis, il y a eu un enregistrement DVD. Ça fait des années qu'on y pensait, et pour marquer le coup on voulait faire un double, avec le DVD et le CD live.



Andy : ça prend beaucoup de temps, parce qu'en fait, du film qui a été enregistré, l'image n'est pas très bonne. Le festival n'avait pas une très bonne équipe vidéo, donc nous avons vraiment des problèmes pour trouver des images intéressantes à mettre dans le DVD. Je pense que nous allons plutôt faire un CD live, avec en bonus cinq ou six morceaux pour lesquels les images sont bonnes. Et avec un peu de chance ce sera pour cette année.

15. Avec Frontiers Records ?
Peut-être, oui. Nous devons en parler avec eux.

16. Avec neuf albums derrière vous, comment vous choisissez les setlists ?
Stephan : Andy a demandé par facebook les chansons préférées des fans, celles qu'ils voudraient le plus entendre, puis on s'est posé la question à nous, et nous avons fait un mix ! Il y a des morceaux jamais joués jusqu'à présent comme Scarlet Flower Fields, ou Final Murder de Beyond Daylight. Nous avons aussi cinq morceaux du nouvel album à mettre dans la setlist. Je sais que tout le monde aime Rainmaker, et que tout le monde veut l'entendre, mais depuis 1995 à chaque concert nous jouons Rainmaker. Du coup je pense que c'est pas trop grave si on ne la joue pas sur cette tournée ! Il y a tellement de morceaux que nous n'avons jamais joués sur scène, Final Murder par exemple est un très bon titre de scène. L'autre problème c'est que beaucoup de morceaux sont entre sept et dix minutes, et nous n'avons que 90 minutes ! Je pense que c'est une bonne idée de varier un peu, et que les gens ne sont pas trop déçus de ne pas avoir cette fois Rainmaker ni Far Off Grace. Nous l'avons essayée au dernier concert, et les réactions étaient bonnes.



Andy : En plus du nouvel album nous jouons six titres que nous ne jouons pas d'habitude, et c'est une bonne chose pour le public. Bien sûr qu'ils attendent Combien de larmes (en français dans le texte) mais on ne pourrait pas présenter les nouveaux morceaux dans ce cas.

17. Il y a quelques années, vous jouiez des reprises, ce n'est plus d'actualité ?
Pour être honnête, quand notre maison de disque nous a demandé de mettre des reprises en bonus de nos albums, on a choisi des morceaux que nous aimons beaucoup, comme celui de Kansas. S'ils ne nous l'avaient pas demandé, je pense que nous ne l'aurions pas fait.



Stephan : je vais revenir un peu sur nos liens avec la France. À nos débuts, notre maison de disques française nous a demandé de jouer dans des Fnacs. Nous étions obligés de jouer en acoustique, mais ce n'était pas possible avec tous les morceaux. On a alors pensé à faire des reprises, comme Shape of My Heart de Sting, Spanish Rain de Saigon Kick, Cold Seed de Tiamat. Nous avons pris des chansons de plusieurs styles pour les jouer à la Fnac, avec aussi Rainmaker ou My Crying en acoustique. Nous avons joué là devant cinq ou six cents personnes en acoustique. La maison de disques a voulu alors faire quelque chose de spécial, puis ces shows, assis, ou Andy faisait des blagues, ça nous a vraiment connecté avec le public français. Ils ont donc voulu marquer le coup sur CD, et nous ont demandé de faire des bonus, même si ce n'était pas notre volonté à la base. Ce n'était pas une mauvaise idée, mais nous n'en avions pas besoin. Si une maison de disque se pointe et demande si on peut faire telle reprise par exemple pour s'ouvrir au public japonais, pourquoi pas, mais ce n'est pas notre but.

18. Andy, tu vas chanter pour le rock opéra Foreign, qu'est-ce que tu en penses ?
Andy : Comment tu sais ? (rires) Nous sommes entrés en contact par facebook, Ivan m'a envoyé son premier CD, et j'ai beaucoup aimé. Il m'a demandé si je pouvais chanter un personnage de son rock opéra, il m'a envoyé quelques morceaux, très bons, où je chante le personnage de Mozart. Je l'ai déjà enregistré, et je vais bientôt lui donner. Je crois qu'on va essayer de se rencontrer sur la tournée à Nancy. C'est une grosse production ce qu'il fait, avec un vrai orchestre, c'est fantastique. Je suis sûr que le deuxième album va être très bon.

19. C'est la fin de cette interview, je vous laisse le mot de la fin, si vous avez quelque chose à déclarer au public français ...
On aurait bien dit de venir nous voir sur scène, mais c'est un peu tard ! Mais nous revenons en octobre près de Lyon au Péage de Roussillon. S'ils entendent du bien de ces concerts ils viendront nous voir là-bas !
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interview réalisée par LeLoupArctique

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