Trepan Dead

interview Trepan DeadLa machine Trepan'Dead est lancée, rien ne pourra l'arrêter. Ces furieux valenciennois viennent de nous livrer un excellent premier album autoproduit de grindcore purement bestial. Le genre de truc à écouter le matin au réveil pour te donner la pêche, le soir entre potes en liquidant quelques mousses et à n'importe quel moment de la journée pour te donner la force de supporter cette masse de connards qui t'entourent. Voici donc une interview sensée faire les présentations. C'est Chris un des 2 vocalistes qui s'y est collé en mars 2006, un gars ouvert et qui a des choses à dire.

Salut les trépanés ! Un petit rappel historique serait le bienvenu pour démarrer l'interview. Quand/où/pourquoi l'aventure Trepan'Dead a commencé ?
Salut Jean, et bien on est originaire du nord de la France, comme toi, mais nous du côté de Valenciennes. Le groupe existe depuis 98 et le line-up actuel date de 2003/2004. Il y a depuis le début de Trepan'Dead Manu à la gratte, Aleks à la batterie et moi au chant, puis mon frère Boub a remplacé Jeff ancien deuxième chanteur et Meul a pris la place de Stefane à la basse. Et c'est depuis son arrivée que nous nous sommes mis à penser et à bosser sur cet album, notre premier skeud abouti, avec certes, sûrement quelques imperfections, mais qui sent bon la sueur et la rage je pense ! ... En tout cas on a bien bossé sur ce truc, on y a mis nos tripes et même si c'est un produit underground, autoproduit, on a voulu en faire quelque chose d'abouti et de sérieux.

Votre actu, c'est donc la sortie de ce premier album autoproduit "Obsessional Dysfunctions". Où s'est déroulé son enregistrement ? Satisfait du son ? Moi je trouve que les vocaux aigus auraient pu ressortir davantage. Sinon, globalement heureux ?
Alors le skeud a été enregistré au studio 3X8 à Condé-sur-Escaut, chez Ugo Sana, le guitariste de Goryptic qui monte petit à petit une structure qu'il veut, avec Alex Paquin ( ancien deuxième guitariste d'Heresy, comme quoi cet album des Trepan' est une histoire de pote!), rendre viable et officielle et donc pouvoir développer cette activité et la rendre de plus en plus professionnelle. Trepan'Dead a été en quelque sorte le moyen de tester le nouveau matos du studio, de permettre aux deux ingés de s'exercer et d'accompagner artistiquement le projet musical d'un groupe. Etant les premiers à sortir un album enregistré là, on est aussi quelque part la vitrine de ce que peut proposer ce tout jeune studio d'enregistrement... D'ailleurs je les remercie grave pour le travail qu'ils ont fait sur cet album ! Ugo est vraiment quelqu'un de bien, cet album a vu le jour en grande partie grâce à lui. Bref, donc on a bossé pendant plusieurs semaines de l'enregistrement au mixage, puis nous sommes allé masteriser au Walnut Groove studio sur Amiens, chez Axl de Carnival In Coal. Nous sommes bien content du résultat final, le travail tout en étant "artisanal" reste de bonne facture, et pour une autoprod, en tout cas, on réussi à proposer un son suffisamment bon et qui imprègne bien le cervelet !

Pour avancer, un groupe doit tenir compte des critiques. En même temps, s'il passe son temps à se plier à chaque remarque, il perd en personnalité. Où se situe Trepan'Dead ?
Disons qu'on sait ce qu'on veut, mais nous nous nourrissons de nos expériences, et les avis, les commentaires positifs ou négatifs pèsent bien sûr dans l'orientation de notre travail. Parce qu'il ne faut pas perdre de vue que plancher sur un album c'est du taf, et que c'est en sachant prendre en compte ce qui va et ne va pas que tu fais évoluer ta musique... Nous bouffons pas mal de sons, on n'hésite pas à faire des bornes pour aller écouter tel ou tel groupe, pour le plaisir d'abord mais aussi pour s'imprégner de leurs énergies, pour rencontrer un max d'individus, tout ces gaillards et gaillardes qui font vivre le vivier UG et que tu peux croiser au bar après un concert,
interview Trepan Deaddiscuter, échanger des avis, bref t'enrichir. Et Trepan'Dead se sert de tout cela pour affiner son identité musicale, ce n'est pas un but en soit, c'est simplement le fruit d'une émulation, et nous travaillons déjà sur de nouveaux titres que nous essayerons en concerts, des titres qui seront encore plus rageurs ! Et puis dans le cas de cet album, on est complètement autoproduit, donc on a eu et on a une grande liberté d'approche et de travail.

Plus les années passent et plus vous me faites penser à Napalm Death. Est-ce une influence majeure au sein du groupe ? Qu'écoutez-vous sinon ? Que du grind et du death, ou vous êtes des gars plutôt ouverts ?
De diou ! Napalm Death ? Tu veux nous faire braire eud' joie ? Bon soyons clair, Napalm c'est une tuerie, pour leur son, leur histoire, ce qu'ils ont apporté, leur longévité et même si ils sont devenus une grosse machine, ils sentent encore bon la cave, et çà c'est tout à leur honneur. Et pour Trepan'Dead, et bien on s'efforce d'exister, on tend à s'affirmer étape par étape, en restant bien en phase avec notre perception des choses... Napalm est bien sur une grosse référence pour nous tous, mais connais-tu un seul individu qui balancerait du gros son et qui ne supporterait pas ce groupe ? Difficile je pense, ehehehe ! On écoute du death/grind pour les trois quart, ensuite on s'intéressent individuellement à toute sortes de sons différents... Mais c'est vrai que pour ma part, avec tout ce qu'il y a comme groupes à travers la planète à découvrir via internet, je passe de moins en moins de temps à écouter autre chose que du gros qui tache ! Mais c'est important je pense de rester ouvert aux autres univers sonores, de savoir faire le grand écart culturel qui te permet de ne pas vivre en vase clos...

Au niveau des textes, quels sont les sujets que vous abordez ? Les faits de société, la politique vous intéressent ils ?
Disons qu'on s'est posé la question de savoir si on allait laisser filtrer nos idées, nos opinions ou pas sur ce qui nous entoure à travers l'album car c'est parfois vite casse couille de s'enliser dans des argumentations, des prises de positions quand tu dois faire cela par le biais de la musique. Et sur des titres qui dépassent à peine les deux minutes et le tout en poussant des cris et grognements qui font qu'à la fin, si le type ne fait pas l'effort de prendre le livret pour s'intéresser au sens, tout le contenu passe à la trappe et devient du coup inutile. Surtout qu'au départ les lignes de chants sont bossées en yaourt et qu'après tout elles pourraient très bien rester ainsi, personne ne sent rendrait véritablement compte ! eheheh... Et puis il nous, en tout cas pour moi, semblait stupide de ne pas raconter quelque peu ce qui nous taraude le crâne et les tripes, d'y mettre un peu de notre histoire... Un album est un support artistique dans lequel tu peux inclure, en plus de la vibration sonore que tu fixes en studio, un peu de sens, une orientation qui passe par l'image et les mots. Ici, on a bossé autour de la notion de disfonctionnement propre au monde dans lequel nous évoluons. Par chance nous sommes dans la partie Nord de cette planète, on a donc la liberté, puisque nous ne crevons pas de faim et que nous avons l'cul dans le beurre, de s'intéresser à ce qui fonctionne mal et comment on pourrait mettre à profit l'immense richesse économique et intellectuelle de nos pays soit disant évolués, pour faire en sorte de rééquilibrer la balance, de s'occuper un peu plus de l'état de l'écosystème qui en a pris plein la gueule, et au lieu de cela, on plonge dans l'autarcie et l'autosuffisance, la course au profit, le rendement, la paranoïa qui sont devenus les maîtres mots de nos civilisations... On est câblé, connecté, informé, contrôlé, aiguillé, encadré à l'excès, on consomme, surconsomme finissant par consumer notre équilibre rationnel, le tout à grand coup de matraquage médiatique et télévisuel, devenant ainsi de sacré schizophrènes ! "Obsessional Dysfunct
interview Trepan Deadions" ne fait pas dans le discours, contrairement à moi eheheheh, mais cette idée d'obsession y est développée dans de courtes histoires, comme des séries de crises entrecoupées de rares moments de lucidité...

Qui s'est chargé de l'artwork du cd très réussi ?
Content que tu me parles du artwork car il illustre le contenu, notre parti pris à la fois d'idée (ce que j'ai tenté d'expliquer au dessus à la question précédente) et l'univers musical ainsi que le nom de l'album et du groupe ! Enfin pas sur que tout cela soit effectivement visible à la première lecture, mais nous en interne, on a essayé de mettre tout çà... Le travail de création et de conception sont fait par les frères D'haese, moi pour le skeud et Boub pour la déclinaison internet via le site www.trepandead.com mais tous les choix arrêtés qui ont mené à cette pochette ont été fait en collégiale par tout Trepan'Dead.

On commence à vous recroiser un peu partout sur scène. Vous avez d'ailleurs fait une apparition très remarquée au Soul Grinding Fest #6 récemment. Tes impressions sur ce festival, les groupes que tu y as croisé ? Globalement cools, ou y avait aussi des sales cons ?
Tu trouves ? Bah pas assez à notre goût, on voudrait jouer beaucoup plus et surtout réussir à accrocher quelques festivals comme entre autre, le SGF que nous avons fait en février et où effectivement on a pris un pied immense ! En plus on a assuré comme il fallait et l'ambiance était terrible, ça a bougé sévère ! L'organisation est excellente, le cadre et les conditions optimum et les gars d'Inhumate qui sont derrière tout cela sont de putain de types, j'en profite pour les saluer et les remercier une fois encore pour leur soutien à Trepan'Dead et à la scène underground en générale ! On a retrouvé les Lillois de Whoretorn là-bas, rencontré des groupes comme Massive Charge et Herpes Crachat de Fillette, on était accompagné par les gars de Goryptic qui avaient fait le déplacement, bref, une bien belle brochette de groupes français qui balancent du brutal death ou du grindcore de très bonne facture. La France était bien représentée à ce festival. Ça a sué et éclusé grave ! Mais les autres groupes étaient aussi bien cool et ma foi, je n'ai pas eu l'impression de croiser des cons ce soir là, mais il y en avait sûrement eheheh !

Le processus de composition se déroule de quelle manière chez vous généralement ? Est-ce toujours le même musicien qui apporte les bases d'un nouveau morceau ?
C'est souvent, non… Toujours quasiment, Manu le guitariste qui arrive avec des riffs, ou plutôt qui les sent venir dès qu'on branche le matos, il fait tourner deux trois sons, Aleks et Gwen choppent le truc puis le processus ce met en place, le feeling de chacun finissant par construire l'ensemble, mais çà reste Manu qui contrôle l'évolution du morceau qui finit ou pas par devenir un titre... Nous autres aux chants, on intervient très tôt dans la composition, dès qu'il y a assez de place pour brailler, car le flot des lyrics influence également la façon dont le titre va évoluer, tourner, et puis aussi parce qu'on ne saurait pas passez une répète à les écouter sans rien faire, faut que cela chie dès que les amplis grondent !

Les projets du groupe à courts termes, c'est quoi ? Merci pour tes réponses. a+
Et bien de continuer la promotion de cet album, envoyer des skeuds un peu partout pour avoir un plus large impact, comme on s'occupe aussi nous-mêmes de la diffusion on va faire cela de façon posée, réfléchie, et on espère grâce à cela pouvoir enchaîner un maximum de concerts et avoir le plus souvent possible l'opportunité de casser du bois ! Et bien évidemment, continuer à bosser de nouveaux titres pour de futurs projets... Merci pour ton support, ton travail et ton investissement dans le milieu underground. Rage !




Trepan'Dead
20 rue JB Corot
59300 Valenciennes

www.trepandead.com

interview réalisée par DJ In Extremis

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