1 – Salut Ronny ! Comment vas-tu ? Ma première question va être un peu directe mais Trail of Tears est-il encore vivant aujourd’hui ? Nous avons pu voir sur Facebook différentes news expliquant que tu quittais ton propre groupe…et que les relations entre Cathrine Paulsen (chant) et toi semblaient très agressives.
Donc, pour les fans, peux-tu me dire ce qu’il en est actuellement ?

Ronny Thorsen (chant) : Hey, ça va très bien merci. Bon, tu fais bien d’être direct car cela ne rendra que plus simple ma manière de répondre à ta question. Effectivement, Trail of Tears n’existe plus et la sortie de « Oscillation » est notre cadeau d’adieu pour les fans. Ce que je pense et ce que je voulais dire est dans ma déclaration Facebook. Ceux qui ne l’ont pas lu devraient aller y jeter un œil et pour les autres, je suppose qu’ils ont compris que les relations entre Cathrine et moi ne pouvaient désormais plus durer. Le groupe ne pouvait continuer ainsi.

2 – Bien. « Oscillation », votre septième album, vient juste de sortir. Peux-tu me le décrire ? A mon sens, il est plus mélancolique et mélodique que « Existentia » et « Bloodstained Endurance » …
Certainement plus mélancolique oui, c’est assez simple d’être d’accord sur ce point. Je pense que nous n’avons jamais créé un disque aussi mélancolique avant cet album avec une atmosphère aussi froide et sombre. Concernant l’aspect mélodique, c’est sans doute vrai sur certaines parties ou compositions mais pour moi, ce n’est pas typiquement ce qu’on peut appeler un album mélodique.





3 – Le son est également vraiment différent. Il est plus propre et puissant, il montre le côté lumineux de Trail of Tears…es-tu d’accord ?
Je pense que cet album est très divers et qu’il contient une multitude d’éléments presque pop, plus lumineux mais avec des choses très lourdes, probablement le plus heavy que nous n’avons jamais écrit. Le challenge était de combiner tous ces éléments de façon à ce qu’ils se fondent de manière naturelle et je pense que nous avons réussi largement le pari.

4 – Je trouve que « Existentia » est l’une des plus belles pièces du metal gothique de ces dernières années…après avec « Bloostained Endurance », j’ai été déçu car vous retourniez à un style plus proche de « Free Fall Into Fear » mais sans la grande inspiration de ce disque. Et maintenant, avec « Oscillation », tout est complètement différent. C’est un album triste mais jamais réellement violent…que voulais-tu exprimer à travers lui ?
Et bien, c’est la beauté de la musique que tu décris ici. Chacun possède son opinion personne concernant les albums, personne n’a tort ou raison. Certains, comme toi, considèrent « Existentia » comme notre meilleur album et d’autres l’aiment moins. Pour moi, et les autres dans le groupe, chaque opus représente une certaine période de la vie de Trail of Tears et dans nos existences personnelles. La seule chose que je peux te dire est qu’ils ont tous été conçus avec une approche similaire, l’intention de faire le meilleur album possible, de composer la meilleure collection de titres que nous pouvions. Chaque album est le reflet de nos émotions à cet instant présent et certaines personnes peuvent se retrouver dans ces émotions, tandis que d’autres ne le peuvent pas. C’est souvent ce qui donne des préférences à un disque plutôt qu’un autre…son évocation.





5 – Tu es le principal compositeur du groupe…est-ce toujours vrai sur « Oscillation » ?
Disons que Trail of Tears a toujours été composé de plusieurs membres influents à l’écriture, de compositeurs différents donc je ne peux pas dire que j’ai toujours

été le principal compositeur mais je suis en tout cas l’unique parolier du groupe, ce qui se vérifie encore sur cet album.

J’ai plutôt toujours eu une vision forte de la façon dont le groupe devait sonner, l’orientation générale d’un album pour le son ou les compositions, même si je n’écrivais pas tout. Avec les années, cela a évolué mais je suis resté celui qui donne le cap et ce fut la même chose pour le nouvel album.



6 – Quel est le concept derrière les textes ?

Il n’y a pas de concept à proprement parler mais des mots clés dans les textes qui décrivent la solitude, la frustration, la perte ou la mélancolie. Il y a constamment une allusion à l’optimisme dans mes textes donc ce n’est pas forcément si pessimiste que cela. Cependant, il est évident que les paroles doivent aller de pair avec la musique donc si cette dernière est sombre, la nature des mots sera forcément plus « dark ».

7 – Cathrine chante beaucoup sur cet album et tu te fais plus discret…mais tes apparitions sont pleines de désespoir et de rage. Comment avez-vous séparé les parties vocales de l’album ?
Nous essayons de placer les voix là où elles semblent le plus naturel mais, avec le recul, je n’ai aucun problème à admettre que le meilleur choix n’a pas toujours été fait et que j’aurais préféré plus de chant extrême à certains endroits. C’est le principal inconvénient selon moi sur l’album si je devais faire des modifications aujourd’hui. Mais je suis globalement satisfait de « Oscillation » et très content de tes commentaires, puisque la rage et le désespoir furent mes principaux vecteurs pendant l’enregistrement et c’est exactement ce que je voulais faire ressortir dans mon interprétation [ndlr : je crois que j’ai tapé dans le mille sur ma chronique].

8 – Vous êtes avec Tristania, Sirenia ou Theatre of Tragedy l’un des premiers groupe de metal gothique norvégien…mais comparé à eux, vous n’avez jamais eu le succès que vous méritiez. As-tu une explication ? Que changerais-tu si tu le pouvais ?
Je suppose que si je le savais j’aurais procédé autrement dès le début (rires). Il y a tellement de facteurs qui entrent en compte dans le succès d’un groupe qu’il est difficile de savoir par où commencer. Je pense honnêtement que nous avons fait le maximum de notre côté, et que le reste ne nous appartient pas complètement. Avec le recul, il n’y a pas forcément de rapport avec les autres groupes que tu cites et nous avons travaillé le plus dur possible avec les moyens qui étaient mis à notre disposition.

9 – Quelle est la signification de l’épave sur l’artwork ?
La pochette est là pour illustrer le contraste entre la musique et les textes de l’album.

Nous avons toujours voulu montrer différentes facettes de nous-même pour obtenir cette balance. Pour ceci, nous jouons beaucoup sur les opposés entre la lourdeur et la finesse, le contraste entre notre aspect lyrique contre la violence, la joie et la tristesse, la lumière et les ténèbres par exemple. C’est parfaitement illustré sur la cover car à la première impression, on voit un bateau endommagé, une épave détruite et rouillée mais si tu regardes dans le reflet de l’eau, tu pourras le voir lorsqu’il était éclatant de vie, dans ses jours de puissance et de gloire [ndlr : à l’instar du groupe étant aujourd’hui l’épave d’un combo qui a pourtant vécu des moments où ils furent au firmament].



10 – « Oscillation » comporte des titres comme « Waves of Existence », « Scream Out Loud » ou « Oscillation » qui sont taillés pour la scène. Une tournée est-elle quand même prévue ?
Non, je veux définitivement clore le chapitre de

Trail of Tears et notre cadeau d’adieu est bel et bien l’album. Il n’y aura pas de dernière tournée car c’est difficile de tourner avec un groupe qui n’existe pas (sourires). Le climat dans le groupe était simplement incompatible avec une tournée ou même un concert donc il faut mieux s’arrêter avant et finir sur un album digne de ce nom dans notre catalogue.

11 – Ta voix est belle dans la rage qu’elle exprime car jamais complètement sombre…je pense que ton growl est unique désormais. As-tu toujours des influences dans ton chant ?
Merci pour tes compliments, sincèrement, ça me touche. Je puise mes influences dans des éléments très différents aujourd’hui que lorsque j’ai commencé. Mes racines sont dans le death metal avec des vocalistes comme Dan Swanø ou David Vincent. Actuellement, je trouve qu’il y a très peu de chanteurs de death metal avec de la personnalité et la plupart utilise le même genre de chant. J’essaie autant que possible de chanter comme un chanteur mélodique lorsque je créé mes vocaux. Je pense que ma voix contient beaucoup de rage, de désespoir et de mélancolie et je les véhicule en death metal en m’imaginant avec une voix clean. Parfois, ce genre d’émotions est interprété par des chanteurs « normaux » comme Sivert Hoyem, Leonard Cohen ou Morten Harket et je m’inspire de la grande mélancolie de ces artistes même si ma voix ne ressemble pas du tout. Je trouve les points communs très intéressants.

12 – Quel est donc le future de Trail of Tears ?
No future ! Juste un glorieux passé.

13 – Quel est ton meilleur et ton pire souvenir avec le groupe ?

C’est impossible de tout se souvenir car tu dois te souvenir que le groupe existe depuis environ vingt ans et il y a eu évidemment de grandes expériences. Les bonnes choses furent évidemment de pouvoir traverser le monde, de voir des pays que nous n’avions jamais oser rêver arpenter, de jouer à des festivals depuis plus de 30 000 personnes, de rencontrer de jolies mexicaines dans la plus grande ville du monde pour y trouver ma femme depuis désormais neuf fans et bien d’autres choses encore.

Malheureusement, je regrette les trahisons dans le groupe et dans le business ainsi que les problèmes avec des ex-membres de Trail of Tears. Mais ce fut une fantastique épopée (rires).



14 – Tous vos albums depuis « Profoundemonium » sont sortis chez Napalm Records. « Oscillation » sort chez Massacre Records. Quelle différence entre eux ?
Et bien nous avons passé dix ans avec Napalm et je conserve de très bonnes relations avec eux. Massacre est un nouveau partenaire pour nous et il est encore trop tôt pour mener des conclusions. C’est un petit label certes mais ils font de leur mieux pour que l’album fonctionne comme il se doit.

15 – Qu’écoutes-tu aujourd’hui ? Es-tu intéressé par la nouvelle génération du metal ?


Quand il s’agit de metal, j’écoute plus souvent les groupes avec lesquels j’ai grandi et je pense que cela vaut mieux pour tout le monde. Quand tu écoutes ce avec quoi tu as grandis, cela te rappelle la dynamite que c’était quand tu as découvert même si, désormais, je suis quelqu’un de bien plus ouvert et diversifié concernant mes gouts. Je ne fais plus attention au style si quelque chose m’attire ou me fait « tilt », que ce soit du metal, de la pop ou de l’électronique…il y a finalement de bonnes choses dans tous les genres.

16 – Merci beaucoup Ronny ! Bon courage pour la suite et à bientôt j’espère…
Merci énormément pour toutes ces années de support. On se reverra bientôt avec mon nouveau groupe Viper Solfa qui sera lancé très prochainement !