Sybreed

interview Sybreed

Tel un cyborg s’extirpant des ruines encore fumantes d’une mégalopole détruite par le souffle atomique, Sybreed incarne à merveille la froideur et l’inhumanité du métal extrême allié à l’industriel. Ce groupe suisse vient de sortir un premier album tout simplement fracassant d’efficacité. En attendant sa diffusion à l’échelle hexagonale début 2005, le groupe a bien voulu répondre à cette interview au retour d’une tournée des Etats-Unis avec Lyzanxia. C’est donc Drop (guitariste et programmateur de machines) et Ben (chanteur) qui s’y sont collé fin octobre 2004.

 

>Salut, tout d\'abord, j\'aimerais savoir pourquoi vous avez abandonné le nom de Rain avec qui vous aviez sorti deux albums ? D\'autant qu\'il me semble que Sybreed compte plusieurs ex-membres de Rain en son sein. Comment Sybreed est-il né ?
D: Sybreed s’est formé en pendant l’été 2003. Sin, le chanteur de Rain a été remplacé par Ben et le deuxième guitariste Blast est parti rejoindre Zuul FX sur Paris. On a engagé Alex le batteur puis on a décidé de changer de nom car, du line-up original de Rain, il ne restait que moi-même. Le bassiste Burn qui nous avait rejoint dans Rain une année auparavant est resté dans nos rangs pour Sybreed. Juste petite rectification, nous avons sorti trois albums avec Rain : "Sephiroths" en 1999, "Natural Order" en 2000 et "Starlight Extinction" en 2001.



>Peux-tu nous parler du premier album "Slave Design" ? En quoi avez-vous voulu évoluer par rapport à rain ?

D: Et bien c’est tout simplement le premier album d’un nouveau groupe. L’évolution s’est faite naturellement : un nouveau chanteur et un batteur qui remplace la boîte à rythme avec laquelle on travaillait dans Rain. Davantage de possibilités grâce au chant clair. Même si c’est toujours moi qui m’occupe d’une grande partie de la composition, quand tu compares Rain à Sybreed tu entends deux formations bien distinctes.



>Où / avec qui l\'avez-vous enregistré cet album ? Satisfait du son obtenu ? Comment s\'est déroulé l\'expérience en studio ?

D: Nous avons enregistré le chant et la batterie au Taurus studio de Claude Lander à Genève. Les guitares, basse, synthés et samples ont été enregistrés dans mon home studio The Drone à Genève. Je me suis occupé du mix instruments et chant à la maison, et la batterie a été mixée au Taurus studio. J’ai également produit l’album. Je suis totalement satisfait su son obtenu, le seul "hic" est certainement un peu de manque de travail sur les morceaux, certains ont été composés en très peu de temps, et ça ne laisse pas le temps de peaufiner tout ça. Au moins, on a une marge de progression sûre pour le prochain album.



>On pourrait rapprocher Sybreed de groupes comme Mnemic ou Zeromancer et bien sûr Samael. Comment définiriez-vous votre style de métal hybride ? Certains musiciens rechignent à avouer leurs influences. Est-ce votre cas ?

D: Je suis d’accord, même si ce n’est pas les groupes dont je me sens le plus proche, j’adore ces formations ! Je n\'ai aucun mal à rechigner mes influences car sans elles je ne serai pas là aujourd’hui ! On aime tous beaucoup de styles différents dans Sybreed. Pour ma part j’écoute autant du métal que du rock alternatif, de la musique électronique, du reggae… En tant qu’influences pour le métal, je dirais Meshuggah, Fear Factory, Strapping Young Lad, In Flames…
B: Zeromancer, pas de problème, je suis un gros fan, et leur chanteur m\'a pas mal influencé. Pour Mnemic la comparaison vient, je pense, du fait que l\'on a des influences assez semblables, et que l\'on se trouve dans une niche stylistique assez proche, même si je pense que ce feeling "dark" cher au métal européen est plus prononcé chez nous. Quant à Samael, même si j\'aime beaucoup ce groupe, je ne l\'inclurais pas dans la liste de nos influences principales. Pour ce qui est du style de métal que l\'on pratique, c\'est un peu compliqué de définir de façon simple le son de Sybreed : en général, on dit faire du cyber-métal, par rapport aux ambiances que l\'on cherche à développer, et aussi parce que de cette manière, les gens ne sont pas plus avancé en ce qui nous concerne après (ahaha). D\'une certaine façon le mot hybride convient justement très bien, dans le sens que Sybreed résulte avant tout la fusion entre des éléments venant du métal extrême, mais aussi de l\'indus et du goth, de la new-wave, de l\'emo-rock et d\'autres choses encore.



>Y a t\'il un concept qui englobe les textes de "Slave Design", un fil conducteur ? De quoi parlez-vous ?

B: On ne peut pas à proprement parler de concept album en ce qui concerne "Slave Design", mais il existe bel et bien un fil conducteur entre les chansons, dans le sens que j\'ai voulu aborder certains thèmes qui me tenaient à cœur, comme la coercition auquel chaque être humain doit faire face dans son

interview Sybreed existence, de façon endogène ou exogène, et aussi une vision plutôt apocalyptique de notre avenir, dûe dirons-nous au constat que l\'on peut faire de la capacité d\'auto-prédation aiguë dont fait souvent preuve l\'être humain. Cependant même si l\'album peut sembler dominé par un sentiment de colère, il reste toujours une petit étincelle d\'espoir derrière les lyrics, malgré leur coté très désabusé, comme pour dire "c\'est la merde, mais tout n\'est pas perdu".

 

>Vous travaillez énormément les refrains qui sont bien souvent mémorisables. Est-ce que vous visez le tube en composant ?
D: Non absolument pas, comme je te l’ai dis plus haut les morceaux de cet album ont été composés horriblement vite. On a pas eu le temps de peaufiner à fond, 80% des refrains n’étaient quasiment pas composés avant d’entrer en studio. C’est venu naturellement en enregistrant. Mais ça me fait plaisir que tu me dises ça !
B: Le tube ? Non je ne pense pas non plus ! Autrement on ferait du O-zone (héhé). Mais c\'est vrai que l\'on tient tout particulièrement à cet aspect de notre musique, le coté "refrain bien catchy" : c’est notre coté Beatles raté ça ! Non sérieusement je trouve que ce genre de parties aèrent notre musique et ça rend les morceaux beaucoup plus digestes. Et puis, ce coté ultra-mélodique nous permet également d\'explorer d\'autres voies que la pure agression métallique, que je trouve à mon goût trop limitée.

 

>Vous revenez d\'une tournée aux USA avec Lyzanxia. Comment cela s\'est-il passé ? Comment le public américain vous a perçu ?
D: Et bien tu sais quand tu pars faire une tournée d’un mois avec deux groupes qui sont autant inconnus que toi tu appréhendes un peu (hahaha). Mais au final, tout s’est très bien déroulé. On a eu quelques dates d’annulées et quelques problèmes techniques avec les tour-bus, mais il faut bien des événements qui pimentent ton quotidien, sinon c’est moins délire ! Le public nous a bien perçu, on a eu de très bons échos. Là on attend encore le feedback de l’album qui est sorti le 7 septembre là bas. Pour le moment on est 3ème des charts underground, alors y a pas de quoi se plaindre.



>L\'affluence était-elle au rendez-vous sur chacune des dates ?
D: Je pense qu\'en posant cette question tu dois te douter que la réponse est négative (hahahaha). Non plus sérieusement, il y a eu des dates assez remplies et d’autre un peu moins. Mais c’était suffisant pour tout arracher et prend un plaisir monstre à jouer ! De toute façon si tu as 20 personnes devant toi, il faut qu’elles se rappellent à vie de ton concert, c’est ce qu’on a essayé de faire.



>Etait-ce la première fois que tu allais aux Etats-Unis ? Qu\'en as-tu retenu ? As-tu en mémoire une anecdote à nous raconter concernant cette tournée ?
D: J’y étais allé deux fois auparavant mais pour les vacances. J’aime beaucoup ce pays, les gens sont un peu égocentriques mais ils ont un super beau pays et je me sens presque chez moi là bas. Pour les anecdotes il y en a beaucoup trop, mais un des très bons souvenirs est une date à Bellefontaine dans l’Ohio dans un petit club qui s’appelle le Blue Cat. La sono remplissait presque les 70% de la salle et les gens était fous ! On a passé une super soirée et, après le concert, on a jammé avec des mecs du club dans une salle de répète au sous-sol. D’ailleurs je me suis fait voler ma caméra digitale ce soir là (rire jaune).



>On dit souvent que le public américain est moins cloisonné qu\'en Europe, que les mêmes gens écoutent aussi bien du death-metal, du hardcore ou autre. Est-ce quelque chose que tu confirmes ?
D: Oui et non, c’est un peu comme partout. Simplement ils ont beaucoup plus de chance que nous car ils voient beaucoup plus de concerts, ce qui doit les ouvrir musicalement. Mais le public avait souvent le même look d’une ville à une autre. Ce n\'était pas si différent qu’en Europe. Maintenant il faut encore voir la comparaison entre deux grosses dates en Europe et aux States, c’est peut être à ce moment là que tu te rends compte si les gens sont ouverts ou pas.



>Je ne connaissais pas le label qui a sorti votre album. Peux-tu nous parler de Reality Entertainment, pourquoi eux ?
D: Et bien on préfère avoir un label moyennement connu qui s’occupe à fond de ses groupes, plutôt qu’un label super connu, où il y a des centaines de groupes, et où tu peux facilement passer aux oubliettes. Sinon tout a été très vite, ils ont écouté les mp3 sur le site, nous ont demandé un cd et quelques jours plus tard nous recevions le contrat.



>J\'ai également appris que "Slave Design" allait bientôt sortir en France chez Thundering records. Seriez-vous déçu par la collaboration Adipocere avec Rain ?
D: Non c’est faux, l&

interview Sybreed#8217;album ne sortira pas en France chez Thundering records. Reality Entertainement vont s’occuper des US et de l’Europe, la sortie en Europe dois se faire d’ici début 2005. Nous étions amplement satisfaits du travail d’Adipocère, mais cette fois on a essayé de voir plus grand. Et je pense que c’est une chance pour un groupe suisse d’avoir signé avec les US et encore plus d’avoir tourné là bas.



>La couverture de "Slave Design" est sublime. Qui en a eu l\'idée, qui s\'en est chargé ?

B: Et bien, c\'est un artiste français du nom d\' Eikasia qui à eu l\'idée, et réalisé la pochette de l\'album : on a découvert son boulot grâce à un article dans D-Side et on a été très impressionné par ses illustrations, et le coté sombre et sanguin qu\'il s\'en dégageait ; or, comme on voulait éviter de tomber dans le cliché matrixien verdâtre pour la pochette, on a pris contact avec lui, discuté un peu, puis on lui a envoyé deux-trois morceaux. Il nous a envoyé la pochette quelque temps plus tard, et on a été carrément soufflé par le résultat, d\'autant plus qu\'on lui avait laissé le champ libre, et qu\'on savait pas trop à quoi s\'attendre. En tout cas je pense que l\'on va re-collaborer ensemble pour le prochain album, mais faut encore que l\'on en discute avec lui. En tout cas je serais content que l\'on puisse lui confier la réalisation du booklet en entier cette fois.



>Le titre de votre album renvoie t\'il à une pratique sexuelle avec menottes et fouet ?
D: Euh pas du tout, c’est une pub pour une boîte russe de conception graphique : "Slave Design".
B: Je crois que mon cher guitariste prend des substances étranges ces temps, héhé… Non, la sexualité est vraiment le dernier des sujets que l\'on voudrait aborder avec Sybreed. Donc aucune allusion ici à des pratiques requérant la présence d\'une professionnelle vêtue de cuir… quoique, c\'est le genre de sujet qui pourrait être intéressant à développer, notamment pour montrer l\'incapacité de l\'être humain moyen à exister sans formes de contrainte physique ou mentale, voulu ou non d\'ailleurs, mais le cadre SM n\'a pas vraiment ça place dans l\'univers que l\'on veut développer. Par contre si je devais former un groupe de porn-indus-rock, genre "the Whip Masters", pourquoi pas hahaha !



>Est-ce que l\'enregistrement de reprises est quelque chose qui vous tient à cœur ? Quel type de groupes, de chansons reprendriez-vous plutôt ?
D: Ouais j’aime bien. Ça nous était arrivé avec Rain de reprendre "l’Aventurier" de Indochine. On a fait une reprise avec Sybreed aussi, pour un seul concert, on avait joué une remix de "Shout" de Tears For Fears. Je pense que c’est pas mal d’avoir une reprise à jouer en concert de temps en temps, pour le moment on n\'en a pas, mais je pense que ça va revenir d’ici peu.
B: En album, je vois ne pas trop l\'intérêt des reprises, considérant que je vois plutôt un cd comme une unité en soi, avec une ambiance et un déroulement bien précis. Cela peut sembler fun comme idée, mais j\'ai l\'impression que cela nuit à l\'homogénéité de l\'ensemble à chaque fois que j\'entends une reprise à la fin de disque. Par contre en live ça ne me dérange pas, puisque là le coté récréatif de la reprise prend toute son ampleur. Pour ce qui est des groupes de qui je ferais bien une reprise, j\'irais plutôt chercher du coté de la new-wave personnellement, même si la plupart des grands classiques ont été déjà largement revisitée dans le genre. Au rayon métal, une version industrielle de "Painkiller" de Judas Priest me ferait bien délirer dans le trip "morceau trituré à l\'extrême" ou bien reprendre un morceau de Strapping Young Lad, même si là ça relève plus du challenge vocal qu\'autre chose.



>Apparemment Sybreed n\'est pas votre seul terrain de jeu. Pouvez-vous nous éclairer sur vos projets annexes ?
D: Pour ma part j’ai un deuxième groupe qui s’appelle MXD. J’ai aussi mon home studio, où j’enregistre Sybreed mais aussi d’autres groupes, c’est mon gagne pain.
B: Disons que j\'ai entamé un projet goth-wave/métal il y a quelque temps, mais vu le temps que me prend Sybreed à l\'heure actuelle, ça reste en sommeil jusqu\'à nouvel ordre. Mais j\'ai bon espoir de faire quelque chose dans le courant 2005. Autrement je participe à un projet black-metal sur Annecy avec un guitariste très talentueux, mais là encore rien de vraiment définitif, Sybreed restant ma priorité.



>Vos projets à moyens termes, quels sont-ils ? Prévoyez-vous de venir nous voir en France prochainement ?

D: Mais bien sûr qu’on va venir vous botter le cul en France ;o) ! Pour le moment on compose pour le prochain album, qu’on devrait normalement enregistrer l’été prochain. On a quelques concerts en Suisse d’ici la fin de l’année, et d’autres en confirmation.

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interview réalisée par Dj In Extremis

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