Satan Jokers

Comme tout le monde le sait, interviewer Renaud Hantson est toujours un grand moment où on ne sait jamais quelle direction prendra l’entretien.
Pour la sortie du dernier opus de sa trilogie sur les addictions, Satan Jokers propose avec « Sex Opera » un album dense, complexe, avec une multitudes d’invités et un brassage musical encore plus vaste qu’à l’accoutumé. Une raison supplémentaire de vouloir discuter avec l’âme de Satan Jokers, qui, une fois de plus, ne rate aucun sujet et m’a fait le privilège d’une très longue discussion (presque) entièrement retranscrite en ces lignes.
Profitez, ce n’est que du bonheur !
[Par Eternalis]

interview Satan Jokers1 – On commence l’interview pour la promo de « Sex Opera ». Comment ça se passe ?
C’est toujours un moment d’effervescence et d’excitation. On vient de faire 1h30 avec Rock Hard, ce qui est même trop long car on dérive toujours. J’ai une assurance sur l’album, les gens comprennent notre démarche et on échange sur nos avis, nos façons de voir et comprendre Satan Jokers et je trouve ça très intéressant. Une fois que l’album est fini, il est jeté en pâture et chacun en pense ce qu’il veut : tous les gouts et les couleurs sont dans la nature et ce n’est pas discutable. Certains restent sur les années 80, d’autres sur « Addictions », d’autres pensent que c’est l’album le plus abouti…c’est très excitant comme période mais très épuisant.

Je fais à côté beaucoup de conférences préventives avec Laurent Karila auprès des jeunes, j’écris un nouveau livre et je suis sur un spectacle musical qui retranscrira l’ascension d’un jeune dans le monde de la musique et qui s’appellera « Rock Star ». J’ai joué en plus hier soir avec Satan Jokers et j’étais en masterclass l’après-midi donc je suis sur les rotules…j’ai juste l’énergie d’Ozzy Osbourne (rires).



2 – Avant de parler de « Sex Opera », revenons sur les deux précédents qui ont été très bien accueillis par la presse et les fans. Quel bilan tires-tu de ces deux albums et en es-tu toujours aussi fier ?
Pour moi, « Addictions » est surement ma plus grande réussite car en plus de l’album musical, il a été validé par le gouvernement contre la lutte des drogues et des toxicomanies et est devenu un objet de prévention. C’est plus important que tous les top 50 ou les victoires de la musique de la planète car c’est une victoire contre moi-même, pour les autres et sur la bêtise humaine car je trouve extraordinaire qu’un groupe de hard rock français ait réussi son pari ; c’est un rêve.

Concernant « Psychiatric », il est toujours très hermétique et est surement le plus complexe de Satan Jokers mais c’est une belle aventure dans les expressions psychiatriques qu’a utilisé Laurent. C’est aussi la première fois de ma vie que je chante un album où je comprends environ six mots (rires). Je savais au moment de le faire que les réactions seraient très contrastées.



Quand Laurent Karila est rentré dans ma vie, je sentais que les choses seraient différentes. Je voulais mettre le groupe en stand by après « Addictions » et Laurent est arrivé avec le concept de « Psychiatric ». Je me disais alors qu’on avait réalisé deux albums de barge, que c’était bon, la boucle était bouclée mais il est arrivé en disant « On va terminer cette trilogie avec « Sex Opera » où on va aborder l’addiction et la perversion au sexe ». On parle d’un sujet proche de ce que j’ai vécu dans ma vie si ce n’est que je n’ai jamais eu le virus du Sida.

J’ai un amour pour ce line-up parce que je pense qu’on est très bons ensemble et je suis fier de cette reformation même si un groupe français, chantant en français, aura toujours moins de succès et sera moins suivi que certaines merdes anglo-saxonnes qui ne sortent même pas des albums mais des ramassis de médiocrité.



3 – Tu parlais de Laurent Karila qui est devenu indispensable à ce triptyque. Penses-tu que tu aurais été capable de faire ces albums sans lui ?
Je réaliserais des albums et ce serait pareil musicalement mais il m’a déchargé d’une partie conceptuelle qui a un rôle très important dans la musique. Je pourrais toujours chanter les dragons, les sorcières et les gros nibards mais ce ne serait pas le metal intelligent que l’on fait depuis trois albums.

A l’inverse, Laurent admet qu’il ne pourrait faire la même chose avec un autre groupe. Cette symbiose existe entre lui et moi et ça ne pourrait marcher avec quelqu’un d’autre. Je l’aide à finaliser ses idées et il booste mon énergie. Il aime nous appeler « neurone miroir » car l’on se comprend parfaitement et nous savons où aller ensemble. J’ai tendance à penser que le marché du disque est mort et il est là pour constamment me pousser en avant. Il semblerait qu’il ait déjà des idées pour un prochain album donc je ne dirais plus jamais « jamais » même si j’aimerais que SJ s’arrête en héros et non en se cassant la gueule. Mais comme ses idées m’inspirent, je repars toujours en avant.



4 – « Sex Opera » a été créé comme un rock opera avec des personnages, une chronologie, un concept…et on trouve forcément des invités en pagaille avec Stéphane Buriez, Jo Amore, Virginie de Kells, Patrick Rondat, Christophe Godin…comment as-tu regroupé toutes ces personnes pour ton casting ?
Brièvement, le texte de « King Sodom » a été écrit pour Buriez et ça a été notre premier choix dans l’optique d’un opera rock. Je chante la barbe taillée, le crâne rasé, les tatouages sur les bras en pensant à Stéphane qui est un vrai pote et que je respecte beaucoup. J’ai rencontré Virginie à Lyon et j’ai été très impressionné par les clips de Kells pour les images et leur réalisation et j’ai pensé à Virginie pour la dominatrice car je pensais qu’elle était parfaite autant dans la douceur qu’elle peut transmettre que dans son aspect metal. Elle est capable de faire autant de la soul que du hard donc son spectre est très large.

Céline Lacroix de Sainte Ombre a été impressionnante aussi et je lui ai demandé plusieurs fois de durcir le ton pour arriver au résultat attendu. Initialement, c’est une nana qui a fait « The Voice » qui devait tenir le rôle mais la télé lui ai monté au crane alors qu’elle s’est fait éjectée en une semaine et je ne voulais pas d’un melon dans le studio. De plus, Céline est une très jolie fille donc c’était drôle de lui donner le rôle du transsexuel.



Après, les musiciens ont apporté un rôle de voyeur, notamment Christophe Godin ou Patrick Rondat, qui fut le premier à accepter, pour les intégrer au concept et ne pas simplement en faire des invités musicaux. Jo Amore de Nightmare est impressionnant sur « Royaume Décadence » de son côté avec Walther Gallay dans ce trio vocal. J’ai voulu qu’il y ait beaucoup d’intervenants sur l’album. Par exemple, sur « Charnel Déclic », j’entendais les gars (Olivier Del Valle, Fred le Tazz et Boban Milojevic) faire les chœurs et j’ai trouvé con qu’ils n’aient pas leur place dans le concept. Finalement, on se partage quelques lignes chacun et ça rend le titre plus fort car je le trouvais bancal. J’ai dû modifier mon approche et la mélodie vocale mais j’aime beaucoup le résultat final. La cerise sur le gâteau étant bien sur Brigitte Lahaie qui a accepté d’être la narratrice du « bordel », elle qui, on s’en souvient tous, fut une icône du X des années 80.



5 – Musicalement, vis-à-vis des précédents opus, l’album semble aux premières écoutes plus rock et accessible mais plus le temps passe et plus il semble complexe et travaillé, devenant par ce biais de moins en moins accessible et évident. Ce contraste était-il volontaire ?
C’est marrant cette continuité d’ambiguïté et de fascination que j’ai pour la presse rock parce qu’on s’imagine que je suis très désagréable et prétentieux avec les journalistes, ce qui est complètement faux car c’est un métier que j’ai failli faire.

Je suis constamment dans le boulot entre mes différents projets et tu ne peux pas savoir ce que ça me fait plaisir parce que je ne tombe que sur des gars comme toi avec des analyses super fines qui sont passionnés. Ca me touche, j’ai 50 piges, je me suis allumé la gueule pendant 20 ans, je suis fatigué et je n’ai jamais autant créé depuis 5 ans mais vos analyses sur mon travail et mes albums me poussent à me dire que je fais les bons choix. Vos avis sont très intéressants et très exacts
interview Satan Jokerssi bien que je pense qu’on est enfin compris et qu’on est enfin en paix avec la presse rock. On est arrivé trop tôt dans les années 80 et on s’est fait assassiné à l’époque.



Ce que tu dis est totalement vrai car, vu de l’extérieur, on peut penser à un album plus pop mais c’est faux, complètement, puisqu’on a jamais autant travaillé sur un disque. J’ai même fais appel à des « songwritters » extérieurs pour apporter une coloration différente et qui ont des genres très différentes. Ca renforce une différence et me rappelle ce qu’on fait des groupes comme Aerosmith ou Bon Jovi qui ont écrit certains de leurs tubes en collaboration avec des membres extérieurs au groupe. Tu as Stéphane Novak qui a un style très blues, Sébastien Bizeul qui a un esprit très metal et barré qui a donné vie au morceau « Promis » et Yannick Croze qui a un aspect très pop (« Préliminaires à l’Infini ») et aérien, un peu à la Thin Lizzy mais qui ne connait pas le groupe, ce qui est marrant (rires).



6 – Il y a justement des titres très forts, viscéraux et durs sur l’album. Je pense à « VIP HIV » qui est surement le titre le plus beau que tu ais chanté pour SJ …
Merci de le dire. Je pense que c’est la plus belle réussite de ma vie dans le hard que j’ai écrit. C’est la raison pour laquelle je me dis qu’on arrive au bout du chemin, idem pour le personnage qui sait que c’est la fin, la chimio n’y pourra rien et la mort arrive.

7 – Justement, dans « Addictions », sur le dernier titre, tu chantais, je cite « J’ai su briser les chaines de l’addiction » et le personnage s’en sortait. Ici, il est condamné. Etais-ce pour dire que le sexe, même s’il est sous-estimé, est une addiction réellement dangereuse et potentiellement mortelle ?
C’est à nouveau un album préventif où on refait un travail préventif, on boucle la boucle.

Les conférences que l’on donne vont dans ce sens et le sexe serait désormais ajouté à nos sujets abordés. Il faut savoir que ces manifestations ont été dangereuses pour moi car j’ai replongé lors des premières car ça faisait remonter en moi un tas de souvenirs, de risques et d’envies. J’y vais désormais mieux armés car ce que je donne aux autres, je parviens à n’en retirer que du positif. Ce n’est pas simple à gérer.

Effectivement, la jeune génération a l’habitude qu’on parle des préservatifs mais cela a créé une forme d’insouciance qui fait qu’on ne parle même plus du danger réel, qu’on a plus peur de ce qui peut arriver. Si tu veux, il faut rappeler aux jeunes que le sexe peut tuer et « VIP HIV » est un manifeste de cette évidence.



8 – Ce qui est drôle, si on peut dire ça ainsi, c’est qu’on a encore tout de même des personnes qui pensent que vous parlez bassement de « cul » et que vous restez toujours au-dessous de la ceinture sans évoluer.
Je vais te donner ma réponse la plus violente car tu définis parfaitement qu’il y aura toujours un dernier bastion d’imbéciles et de trolls sur Internet qui ne comprennent pas, ou font exprès, de ne pas comprendre. On pourra toujours les gifler, leur mettre des pains dans la gueule et faire les meilleurs albums qui ne soient jamais sorti qu’il restera toujours une dernière unité de dix connards, qui sont toujours les mêmes je précise, qui interviennent sur les réseaux sociaux avec des pseudos d’une connerie sans nom.

Ce qui est rigolo, c’est qu’ils n’ont plus aucun argument concret car ils sont injustes. Ce type de gens continuent de colporter que je suis un mégalo alors que c’est faux, que SJ est un groupe d’opportunistes en disant que nous sommes là pour faire du pognon alors que SJ ou Furious Zoo nous coute très chers. C’est avant tout une démarche artistique, on se fout du reste et il faudrait vraiment que certains comprennent.

Comme je l’ai dit, on peut critiquer et être objectif, je n’ai absolument rien contre ça. Je déteste simplement que ce soit purement et simplement gratuit. J’ai l’impression qu’ils sont de moins en moins nombreux car j’ai du mal à croire qu’on peut imaginer, au premier degré, que ce nouvel album ne parle « que » de sexe alors que ce n’est absolument pas le propos. C’est juste impossible d’être aussi con.



9 – Pour quelle raison avoir réenregistré « Professionnelle » avec Céline Lacroix ?
Le concept était divisé en chapitre et il arrive un moment où il découvre les relations par internet. Il tombe sur trois mecs qui l’embarquent dans des dérives et il tombe amoureux d’une transsexuel qui fait chauffer la carte et n’en veut qu’à son pognon. Dans ce titre, Laurent m’avait proposé un texte qui n’était pas plus intéressant que celui de « Professionnelle » présent dans « SJ2009 ». J’ai donc proposé un réarrangement du morceau pour qu’il soit plus puissant et metal et proposé qu’il forme un lien avec « Charnel Déclic ».

Cela rappelle également que dès 2009, on avait récréé des chansons qui étaient vraiment bonnes et qui méritent une seconde vie. Une bonne chanson reste une bonne chanson.



10 – Je trouve qu’il y a un vrai break dans l’album et que « Professionnelle » forme une sorte de coupure. Un début d’album plus accessible et lumineux puis les dérives de plus en plus perverse avec une musique plus lourde et sombre avec une dimension tragique avec « Milfs », « Promis » ou « Royaume Décadence » …
Un titre comme « Promis » fait référence à tout ce qui peut être addictif chez l’être humain. Je suis content que tu remarques ça car il a été conçu comme tel, comme un concept très costaud et j’ai fait un ordre de chanson pour que l’on sente, comme le dit Karila, qu’il s’agit d’un « suicide sexuel programmé ». Je voulais faire sortir cette évolution dans l’ordre des titres de l’album et si cela fonctionne sur toi, c’est que l’on a réussi. Je trouve également qu’il est plus oppressant sur la seconde partie …

11 – C’est justement pour cela qu’on a la sensation d’avoir un album au départ plus pop car on retient aux premières écoutes le début du disque puis on découvre progressivement la fin et on comprend qu’il est en fait bien plus sombre et agressif que prévu.
Je suis vraiment d’accord avec tout ça. Finir sur « VIP HIV » est en plus symbolique car nous n’avons jamais écrit de titre blues rock à la Led Zep comme celui-là alors qu’il s’agit de mes influences premières. C’est pour cela que, même musicalement, j’ai l’impression d’avoir bouclé une boucle et je pense comme toi qu’il s’agit d’une des plus belles réussites du groupe.



Je suis assez ravi du retour des gens qui ont écouté précisément l’album comme tu le fais car on s’est énormément investi et ça fait plaisir de remarquer que certains l’écoutent en creusant le bordel. On a passé neuf mois sur l’album et si ça peut paraitre court en comparaison de groupes qui bossent 3 ans en studio, c’est énorme pour un groupe comme nous.



12 – On avait évoqué la dernière fois la différence entre le vieux Satan Jokers et le nouveau, que certains continuaient de préférer « Les Fils du Metal » alors que si je prends mon exemple, j’ai beaucoup de mal à apprécier votre période 80s et je vous écoute exclusivement pour ce que vous êtes aujourd’hui. Qu’est-ce que cela te fait ?
Si ta question est « qu’est-ce que ça me fait ? », je te dis que j’en suis super fier car ma première cible depuis cette reformation, c’est toi et le public de jeunes d’aujourd’hui. C’est me prouver que je ne suis pas mort et que je fais de la musique actuelle. En revanche, je suis ravi de la fidélité de fans de mon époque et de mon âge qui me suivent depuis trente ans et qu
interview Satan Jokersi trouvent encore leur bonheur dans ma musique des années 2000.

13 – Tu parles beaucoup de tes démons dans tes albums, tes interviews, tes livres. Tu écris par exemple dans « Poudre aux Yeux », « Je sais pertinemment être une énigme pour le show-business puisque à 48 ans, je suis un éternel artiste en devenir, une vedette sans vrai tube ». Est-ce que tu as des regrets sur la manière dont c’est passé ta carrière et es-tu amer envers ces 17 années que tu évoques souvent comme « volées » par la drogue ?
Je ne suis pas amer envers ceux qui me voyait comme le nouveau Daniel Balavoine dans la pop music mais, comme je le disais à Philippe Lageat [ndlr : de Rock Hard], d’avoir coupé le cordon ombilical 20 ans avec le monde du rock. Ca je m’en veux énormément car ce sont des années que j’ai gaspillé vis-à-vis d’agents et de maisons de disque qui me voyaient comme un produit de consommation variété.

Je n’aurais pas dû écouter ces gens-là et je regrette de m’être autodétruit pour ne pas voir la douleur de ce relatif échec.

Je n’ai pas de regrets dans ma carrière pop de ne pas avoir le succès de De Palmas, de Calogero ou d’Obispo car je m’en fous puisque ma vraie culture est le rock n’roll.



Pour l’addiction, si j’avais su…enfin je savais sauf que j’étais prétentieux. On pense toujours qu’on va s’en sortir, qu’on n’est pas addict et j’ai continué mes conneries. La mort de certains proches auraient dû être des signaux d’alarmes mais on se croit plus fort alors que la drogue aura toujours le dessus sur toi, à chaque fois.



14 – Est-ce que tu te dis que c’est la musique qui t’a sauvé dans ce cas ?
Ouais mais, enfin, elle m’a aussi enfoncé. Mais il faut savoir que je ne suis pas sorti d’avance…on est tous en sursis et il faut surveiller le moindre moment de faiblesse.

J’ai lu la biographie de Mike Tison dernièrement et j’ai découvert qu’il jouait également toujours un rôle, comme moi dans SJ. Je suis un fan de ce type et j’ai adoré sa phrase « J’étais un artiste de la rechute » car ça me touche énormément.

Si tu veux, la musique m’a remis sur des rails autres que celles de coke mais c’est un circuit à risques. Pour ne plus avoir accès à ces envies, il faudrait que je change de métier et c’est un peu compliqué. Je ne recommande à personne ce que j’ai vécu car c’est cool d’être une rockstar mais il y a quand même des inconvénients. J’ai connu des extrêmes et je dirais que la musique m’a donné mes meilleurs instants mais c’est aussi elle qui m’a fait replonger à chaque fois.



15 – J’ai vu sur ton site que tu avais été approché par l’émission « The Voice » mais que ça t’avait gonflé car tu avais été traité comme un nouveau. Peux-tu m’en dire plus ?
Initialement, je pensais que c’était pour faire partie du coach ou du jury. Puis on m’a abordé pour me dire qu’on voulait que l’émission soit un match entre des chanteurs confirmés et des amateurs donc qu’on avait besoin de moi.

J’ai trouvé ça marrant et j’attendais à me retrouver avec d’autres professionnels du coup et pas des loosers comme ce fut le cas. Le contrat du gagnant est absolument impossible à signer pour un pro en plus puisque Universal a la mainmise total sur le gagnant, avec un pourcentage misérable sur les ventes, un contrôle de la musique, une exclusivité d’utilisation de la musique…bref, un truc que je ne peux pas aujourd’hui accepter.



Ça devient compliquer de gagner sa vie avec la musique et je n’ai pas de deuxième métier, je ne fais que ça. Ces gars-là veulent des citrons pour les presser au maximum et passer au suivant quand le premier est trop fatigué. Donc oui, j’ai tiré à boulets rouges sur « The Voice » car ils m’ont pris pour un con. Je me suis retrouvé face à des manges-merde qui sont décisionnaires d’un certain show-business. Ça ne m’intéresse pas et je suis trop rebelle pour ces mecs-là. En jury pourquoi pas, mais je pense que je dérangerais plus qu’autre chose. Je pense que je serais pourtant un bon client pour eux donc c’est une erreur de calcul (rires).



16 – Qu’est-ce que t’inspire toute cette nouvelle scène télé-réalité ? Il y a dix ans, chaque chaine avait plusieurs émissions et le phénomène s’étiole de plus en plus, sans jamais sortir quelqu’un qui y arrive réellement ?
La gerbe (rires).

C’est du réchauffé. Ca suffit de prendre les gens pour des cons. S’ils veulent un vrai jury alors qu’ils prennent des gens avec des couilles. S’ils veulent des vrais artistes alors qu’ils arrêtent de la fabriquer de A à Z en leur faisant chanter des albums misérables.

Pour le premier « The Voice », j’ai assisté à une conversation dont je n’aurais pas dû connaitre la couleur entre la direction et le gars d’Universal, ce qui est con pour un mec qui était chez eux en 2002. L’industrie du disque est son propre problème aujourd’hui.

Pas seulement car on pense que l’art doit être gratuit même si c’est un vrai problème aujourd’hui. C’est quelque chose de très cyclique. Malheureusement, je te confirme que le marché du disque est moribond et que même si ça repart un peu, l’âge d’or est bien derrière nous.

Le problème, c’est que les disques ne se vendent plus donc on propose des places de concerts hors de prix car l’argent est le nerf de la guerre. Ce n’est vraiment pas évident.



17 – Est-ce que tu joues encore de la batterie ou alors Aurel s’occupe-t-il de tout ?
Non il s’occupe de toute la batterie puisque, je te le dis en mille, quand tu as un type comme lui dans ton groupe, tu t’assoies et tu écoutes (rires).

Je joue encore pour mes albums solos et quelques titres de Furious Zoo derrière les futs et ça n’aurait aucun intérêt pour SJ car il pousse encore plus loin ce que je faisais dans les années 80. La filiation est évidente.



18 – Dernière question concernant l’artwork qui est plus recherché et fort que les deux précédents. Qui l’a réalisé ?

Tu vas faire plaisir à ce fameux mec qui est graphiste et fan de hard rock. Il nous a offert, un soir à Mike Zurita et moi, un tee-shirt créé par lui-même.

Quand je me suis séparé de notre précédente graphiste, j’ai eu la chance de croiser Thierry Guillot et je suis ravi que ta dernière question soit pour lui car ça me permet d’en parler et de faire sa promo car c’est un excellent mec et graphiste. Il a plein d’idées, très sympa, fait de la boxe et ai une sorte de superhéros des temps modernes (rires).



19 – Le mot de la fin est pour toi …
Je vais essayer de le faire plus personnel que d’habitude (rires). Je vais faire une allusion au hard en général et une pour tes questions en particulier car j’ai trouvé qu’on a passé un moment sympa ensemble.

Le premier message est que le hard rock est un genre et j’ai un peu peur car je ne vois pas de successeur naturel à AC/DC, à Iron Maiden, à Judas Priest ou Black Sabbath quand ces groupes auront définitivement arrêté. De groupes assez fédérateurs et acceptés par tous les courants du metal pour rassembler tous les fans et je suis inquiet de voir comment vont évoluer les 20 prochaines années.

La seconde chose ira pour toi car je suis impressionné qu’un gamin de 24 piges comme toi aborde autant le fond, la forme et le contexte d’un album comme « Sex Opera » me surprend et me fait plaisir concernant la nouvelle génération de fans. Je pensais honnêtement qu’on passerait rapido un quart d’heure ensemble et que j’allais me barrer et voilà plus d’une heure qu’on discute, j’ai pas vu le temps passé et ça m’a éclaté (rires)


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interview réalisée par Eternalis

8 Commentaires

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Eternalis - 20 Janvier 2015: Vous êtes gentils :) Ca fait plaisir en tout cas de savoir que l'interview est lue et qu'elle est appréciée !
LeMoustre - 04 Fevrier 2015: Bravo !
choahardoc - 24 Avril 2015: Excellente entrevue, et pour ça, il fallait être deux. Merci Eternalis.
Arthron - 04 Juin 2015: Vraiment une belle interview ! Merci
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